Les chiffres officiels sur la production nationale de céréales fournis au peuple sénégalais par le président Macky Sall lors de sa dernière adresse à la nation seraient «gonflés». C’est l’observation faite, le 23 janvier dernier, par le président d’honneur du Comité interprofessionnel de la filière riz, Saliou Sarr. Pour lui, « le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, ces dernières années effectivement, ne donne pas la réalité des chiffres ». Il était l’invité du 20 h de Mamoudou Ibra Kane sur la Télé Futurs Médias (TFM).
Lors de sa dernière adresse la nation, le président de la République, Macky Sall, a avancé des chiffres sur la production agricole durant l’année 2016. Saliou Sarr, administrateur au Conseil national de concertation des ruraux (CNCR), invité du 20 h, lundi passé, sur la Télé Futurs Médias (TFM), a botté en touche ces chiffres officiels du gouvernement du Sénégal qui font état de «plus de 2.247.000 tonnes de céréales produites en 2016». «Je pense que les chiffres des organisations paysannes sont différents, en ce sens que le profil de l’hivernage n’a pas été très bon. Il y a eu une forte baisse de production au niveau du riz, du mil et du maïs», a signalé, de prime abord, le président d’honneur du comité interprofessionnel de la filière riz. «Nous en sommes autour de 1.600.000 pour toutes les céréales. Vous savez, depuis deux à trois ans, on est maintenant habitué au gonflement des chiffres de la production agricole. Donc, le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, ces dernières années effectivement, ne donne pas la réalité des chiffres», a déclaré Saliou Sarr.
Selon lui, «on sera autour de 550.000 tonnes, pour 300.000 tonnes au niveau de l’irrigué et à peu près 200.000 tonnes au niveau du pluvial», alors que «cette année, le gouvernement parle de 900.000 tonnes de riz au moins». Et de poursuivre: «en contre-saison, on a fait à peu près 40.000 hectares et en hivernage 20.000 hectares. C’est à peu près 60.000 hectares. Avec un rendement de 5 tonnes, c’est à peu près 300.000 tonnes. Au niveau du pluvial, c’est à peu près autour de 140.000 hectares. Avec un rendement de 1,5 tonne, c’est à peu près 200.000 tonnes. Donc, c’est autour de 500.000 tonnes».
Le technicien agricole prend bien le soin d’argumenter: «c’est pourquoi on ne comprend pas qu’on veuille, coûte que coûte, donner des chiffres de plus de 900.000 tonnes de paddy et les importations disent le contraire parce que 800.000 tonnes d’importation pour une consommation nationale de 1.000.000 au plus 100.000; c’est 300.000 tonnes de riz blanc convertis en paddy, c’est autour de 500.000 tonnes de paddy. Et cela confirme ces chiffres des organisations paysannes». Saliou Sarr est convaincu que «ce n’est pas possible, on ne peut pas faire plus de 900.000 tonnes de paddy». Ce qui veut dire, à ses yeux, que «le Sénégal a inversé le système des importations, pour dire que la production dépasse maintenant en termes de satisfaction des besoins, la consommation nationale». Suffisant pour qu’il réitère que l’objectif d’autosuffisance en riz décrété par le gouvernement pour 2017 ne sera pas atteint. «Non je n’y crois pas, les organisations paysannes non plus. Je l’ai dit il y a plus de six mois. Et j’ai appelé le ministère de l’Agriculture, le gouvernement à une concertation avec les organisations professionnelles et les acteurs», a-t-il soutenu.