En séjour au Sénégal, l’ancien président de la République est entretenu aux frais du contribuable. Ce, malgré les 9,7 millions de francs Cfa qui lui sont alloués chaque mois en guise d’indemnités.
Une double dépense proscrite par les finances publiques.
Il n’y a pas que Yahya Jammeh qui bénéficie d’un traitement de faveur après la perte du pouvoir.
Au Sénégal, des privilèges exorbitants sont accordés à Abdou Diouf en sus des indemnités auxquelles il a droit. En séjour au Sénégal, l’ancien président de la République jouit d’un traitement particulier de la part de l’Etat. Il est logé avec son épouse à la résidence présidentielle des hôtes. Ce, alors que l’Etat lui verse mensuellement 9,7 millions de francs Cfa par mois depuis 2014, année où Macky Sall a revalorisé, sur une base légale encore méconnue des Sénégalais, leurs indemnités, comme le dénonçait d’ailleurs à l’époque, Mamadou Abdoulaye Sow, ancien ministre du Budget sous Wade.
Dans une vidéo postée sur le site de la présidence de la République, dimanche dernier, lors d’une visite du couple présidentiel à Diouf et son épouse, on peut voir le soutien logistique et matériel accordé à Diouf qui montre comment l’ex-président, qui ne disposerait pas de maison au Sénégal, est bien traité en terme de fonctionnement, personnel ou encore protection.
Avec cette grande considération envers Diouf qui n’a pas manqué de lui faire part de «sa déférente gratitude», Macky Sall fait deux poids deux mesures. En effet, l’actuel chef de l’Etat ne respecte pas le parallélisme des formes dans le traitement des anciens présidents de la République. Car, Diouf profite mieux des largesses et de la reconnaissance de la République que son successeur à la tête du pays. En dehors, des salaires et autres avantages perçus mensuellement, il est logé et traité comme un prince par le régime de Macky Sall, contrairement à Abdoulaye Wade obligé de loger chez l’habitant lorsqu’il séjourne dans le pays. Pourtant malgré «l’adversité politique», Wade ne cracherait pas sur de tels honneurs, puisqu’on ne lui a encore rien proposé.
Léopold Sédar Senghor, qui a transmis le pouvoir à Diouf, après 20 ans de règne, ne bénéficiait pas d’une telle sollicitude de la part de l’Etat. Il ne logeait jamais dans un palais national. Il habitait plutôt aux «Dents de la mer», un «chez lui» qui n’offre aucun luxe proportionnel à son statut.
Le Président Diouf, qui reçoit tout de ce régime, n’a pourtant pas fait autant pour l’actuel tenant du pouvoir que Wade qui l’a nommé à toutes les stations stratégiques de l’Etat avant leur clash en 2008.
De plus, le plus intrigant dans cela, c’est que Diouf ne semble pas s’attacher trop au Sénégal pour y avoir un domicile alors que l’Etat lui a tout donné, car pris en charge, de l’internat scolaire à sa retraite dorée de chef d’Etat. En France où il vit, Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing ou encore Nicolas Sarkozy, tous anciens chefs d’Etat encore vivants, ne sont pas logés dans des palais de la République. Ils ont droit à des indemnités que l’actuel chef de l’Etat, François Hollande, a même rabotées, en octobre dernier. Ce, même s’il sera un des leurs dans quelques mois puisqu’il a renoncé à briguer un second mandat. Il a, en effet, restreint les avantages logistiques et matériels accordés aux ex-présidents.
Seyni DIOP