L’après président Yahya Jammeh se précise davantage en Gambie. Le nouvel homme fort de Banjul, Adama Barrow a nommé Fatoumatta C.M. Jallow Tambajang comme nouvelle vice-présidente. A peine désigné, l’experte en développement décline ses priorités «pour un développement participatif, inclusif et harmonieux» de son pays dans un entretien exclusif accordé à Sud Fm Sen Radio.
«Je suis contente (de ma nomination) parce que je vais continuer à contribuer à bâtir mon pays, mais également contente pour le choix porté sur une femme comme deuxième personnalité du pays. Et cela peut encourager les autres femmes à travailler pour occuper des postes d’influences». C’est la nouvelle Vice-présidente de la Gambie Fatoumatta C.M. Jallow Tambajang, qui réagit ainsi par rapport au choix porté sur elle comme deuxième personnalité du pays par le président Adama Barrow.
A travers les ondes de Sud Fm Sen Radio, à qui elle a accordé sa première sortie médiatique en tant que numéro 2 du nouveau régime qui commence à prendre ses marques en Gambie, Mme FatoumattaJallow décline ses priorités. «Mon premier défi, c’est de voir les stratégies qui sont en place de façon à engager des réformes, si nécessaires, pour bâtir de bonnes politiques sur la gouvernance. Mais aussi promouvoir les droits de l’homme en synergie avec la communauté (la jeunesse). En ce sens que les jeunes, ils sont les leaders du futur. Bref, il faut impliquer tout le monde pour un développement participatif, inclusif et harmonieux. Et cela nécessite des moyens conséquents pour leur permettre de prendre leur destin en mains».
Interrogée par Baye Omar Guèye, le Directeur générale de la radio sur le départ de l’ancien président gambien, elle déclare: «nous sommes satisfaits des conditions du départ de Yahya Jammeh en paix. Nous apprécions tout le soutien de la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), notamment des personnalités comme la présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf, et Macky Sall, président de la République du Sénégal, ainsi que Muhammadu Buhari, entre autres».
Au chapitre de l’état des lieux, elle dira: «à l’heure actuelle, rien ne peut être avancé. Certes, nous avons pris les affaires, mais nous n’avions pas encore commencé à travailler. Il faut attendre d’avoir fait l’état des lieux pour apporter toute la lumière sur la gestion de YahyaJammeh. Parce que la dignité et l’intégrité de nôtre gouvernement nous oblige à être crédibles. C’est seulement à la suite de l’inventaire que nous donneront toute l’information au peuple gambien, qui en est le dépositaire. Après cet inventaire, nous allons dérouler nôtre stratégie pour développer ce pays qui nous est cher. Pour ce faire, nous allons coopérer avec tout le monde. Car, aucun pays, pris isolément, ne peut se développer. Une option qui pourra redynamiser la sous-région en termes de sécurité et d’intégration économique. Notre responsabilité, c’est de donner la voix au peuple. Et nous allons nous y atteler. Nous espérons qu’il y aura la paix et la stabilité dans la sous région», conclut-elle.
Connaissance de Fatoumatta C.M. Jallow Tambajang
Fatoumatta C.M. Jallow Tambajang n’est pas une novice en politique. Si vous demandez à cette ancienne conseillère politique du président Dawda K. Jawara, déposé par Yaya Jammeh en 1994, de se présenter, elle répond: «je suis une experte en développement. J’ai travaillé pendant 20 ans aux Nations Unies notamment au Programme des nations unies pour le développement (Pnud). De 1980 à ce jour, je travaille avec le Forum civil. Mais également une politicienne, par nécessité, pour … qui connait mon pays. Ce qui fait de moi une philanthrope». Mme Jallow était la cheville ouvrière de la manifestation qui avait valu au chef de l’UDP, Ousainu Darboe, une arrestation et une condamnation à trois ans fermes. Manifestation durant laquelle, l’opposition gambienne réclamait le corps d’Ebrima Solo Sandeng, l’un des responsables du parti d’Ousainu Darboe, mort en détention après avoir été torturé.
Elle avait très tôt appelé l’opposition à l’unité pour vaincre l’ex-homme fort de Banjul qui a régné pendant 22 ans sans paratge en Gambie. «L’environnement politique qui prévaut actuellement dans le pays indique clairement qu’aucun parti politique ne peut, à lui seul, vaincre le président Yahya Jammeh», avait-elle lancé. Elle avait alors réussi à rallier 8 partis d’opposition à cette cause.