Au moment où l’opposition gambienne faisait face à une forte répression, Adama Barrow a affronté Yahya Jammeh. Son courage a triomphé.
Déclaré vainqueur à l'issue de l'élection présidentielle du 1er décembre, le candidat désigné de l'opposition, après l'arrestation du leader historique Ousainou Darboe, a su mettre un terme aux 22 ans de règne de Yahya Jammeh. Adama Barrow qui a prêté serment hier à l’ambassade de la République de Gambie au Sénégal est âgé de 51 ans. Il est né à Mankamang Kunda, un petit village situé à quelques kilomètres de Basse Santu, à l’extrême ouest de la Gambie. En 1996, il rejoint les rangs du Parti démocrate unifié (Udp). Au début des années 2000, il s’installe à Londres pour suivre une formation en immobilier. Après l’obtention de son diplôme, et de retour dans son pays natal, il crée sa propre agence immobilière en 2006, grâce à laquelle il fera fortune. Adama Barrow a promis de garantir l’indépendance du système judiciaire, dans un pays longtemps miné par la corruption. Il a également promis une plus grande liberté des médias et de la société civile. La désignation d’Adama Barrow en tant que candidat à la présidentielle relève pourtant d'un hasardeux concours de circonstances. En temps normal, Yahya Jammeh aurait dû faire face à Ousainu Darboe, son opposant le plus virulent qui a échoué à trois reprises à le battre par les urnes. Mais, l'opposant purgeait, depuis juillet dernier, avec d'autres camarades, une peine de 3 ans de prison pour avoir participé à une manifestation non autorisée, réclamant la dépouille Ebrima Solo Krummah, cadre de l'Udp, décédé dans les geôles gambiennes. En l'absence de ce leader charismatique, Adama Barrow, polygame, s'est porté candidat à la primaire de la coalition de l'opposition qui avait décidé d'organiser un congrès pour désigner un candidat unique pour la présidentielle de 2016.