Ce n’est pas comme si le temps s’était arrêté dans les rues de New-York où nous avons mis les pieds hier, vendredi 20 janvier, alors que Donald Trump prêtait serment à Washington, devenant officiellement le 45ème Président des Etats-Unis. Dans ce reportage, vous irez à la rencontre de Sally, du nom de cette New-Yorkaise qui dit avoir préféré ne pas suivre la cérémonie à la télé, une façon pour elle de protester. Jewles, qui fait partie de ces Américains qui se sont retrouvés face au petit écran, attend le Président sur un certain nombre de questions : la santé, la sécurité, le terrorisme etc. Entre les deux, vous en trouverez pour vous dire que tout le monde, y compris Donald Trump, mériterait une «seconde chance», ou que les médias ont contribué à une certaine «désinformation».
La même impitoyable cadence sur le sol, les mêmes messieurs et dames pressés par le temps, la même impatience aux feux tricolores, les mêmes manteaux, ce petit froid glacial qui flotte dans l’air, la météo annonce qu’il pleuvra, les parapluies chauves-souris seront de sortie…On aurait pu croire, naïvement peut-être, que Times Square et ses alentours, qui accueillent plusieurs dizaines de personnes, New-Yorkais et autres touristes de passage, pour le décompte de la Saint-Sylvestre, auraient comme qui dirait fait peau neuve, ne serait-ce que pour la solennité de l’instant. Car pendant ce temps-là, à Washington, Donald Trump, 45ème Président des Etats-Unis, juste après Barack Obama, était officiellement installé dans ses fonctions.
Sur les écrans de Times Square, pas de retransmission en live, juste de la très prévisible publicité, de quoi vous donner l’envie d’aller au cinéma la semaine prochaine. Mais passons…Donald Trump se sera tout de même introduit dans certains cafés, par la lucarne d’un écran. Si entre deux bouchées certains ne perdront pas une miette de ses premiers mots, lors de cette cérémonie qui a commencé hier, vendredi 20 janvier à 12 heures, heure locale (17h à Dakar), les autres ne s’en formaliseront que très peu.
C’est dans un de ces cafés sans télé que nous avons rencontré Sally, Caroline et…leurs cheveux blonds, en nous excusant tout de même d’avoir un peu interrompu leur déjeuner…Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, nos petites questions, dans un anglais de francophone, n’ont pas eu l’air de les ennuyer. Spontanément, Sally nous avouera d’ailleurs qu’elle se sentait «un peu triste» que ce soit lui, Donald Trump, le Président, mais un peu résignée tout de même: «Nous sommes en démocratie, ce sont les règles du jeu, c’est la majorité qui l’emporte, mais je ne suis pas heureuse». Et quand on lui demande si elle a suivi ne serait-ce qu’un morceau du discours de Trump, elle coupe court : «No, no, no», et puis, quelques secondes plus tard : «Parce que c’est peut-être ma façon à moi de protester».
« SECONDE CHANCE »
Caroline, qui se sentait plutôt «confuse», laissera entendre que les choses étaient ce qu’elles étaient, qu’elle n’attendait pas grand-chose, finalement, de Donald Trump, mais qu’elle espérait tout de même que le 45ème Président des Etats-Unis garderait à l’esprit que les gens avaient des «droits». Caroline n’a pas vraiment «peur» de quoi que ce soit, mais disons qu’elle ne se sent pas «en sécurité». Pas pour elle en particulier, mais pour tous les autres…
Tary, du nom de cette jeune femme afro-américaine que nous avons trouvée derrière la caisse d’un magasin, nous confiera qu’elle non plus n’attendait pas grand-chose de la part de Donald Trump. Mais que, malgré le discours du candidat républicain sur «les minorités», Trump, «comme tout le monde, (méritait) une seconde chance»…Peut-être parce que, comme dirait quelqu’un comme David, «il se passe tellement de choses, il se dit tellement de choses que la population moyenne a du mal à se faire sa propre idée, ses propres arguments, sa propre opinion. Je ne peux même pas dire, dit le jeune homme, s’il y a du vrai dans ce que les médias disent de Donald Trump, il y en a sans doute (…), mais il y a tellement de désinformation…»
Jewles, un Afro-Américain en dreadlocks, fait partie de ceux qui ont regardé la télé hier, et la cérémonie mériterait selon lui un «Assez bien». Mais Donald Trump va sans doute devoir faire mieux que cela, parce que Jewles l’attend sur un certain nombre de domaines-clés : «l’économie, la santé et la sécurité, le terrorisme, le droit à l’avortement, le logement et l’emploi ».
Quant à Sally, elle espère surtout que le 45ème Président sera bien entouré, et que «les autres républicains autour de lui auront assez de bon sens pour le rendre un peu plus raisonnable, et pas seulement pour les Etats-Unis, mais pour le monde en général ».
Hier, derrière sa caisse, Tary disait ne pas se sentir très «fière», et peut-être même un peu «choquée», mais certainement pas au point de s’interdire de philosopher : «Attendons…Le temps nous dira…»