Les producteurs de riz de local sont présents en masse à l'édition 2014 de la Foire internationale de l'agriculture et des ressources animales (FIARA) de Dakar, une belle vitrine pour la promotion et la commercialisation des produits sénégalais en général.
A l'entrée du Centre international du commerce extérieur du Sénégal du Sénégal (CICES) où se déroule la FIARA, le visiteur est surtout frappé par le nombre important de sacs de riz exposés sur un stand visible à mille lieux.
Disposés sur un périmètre de 100 mètres à la ronde, ces sacs bien rangés attirent de nombreux curieux, à la dimension de l'importance acquise par le riz dans l'alimentation quotidienne des Sénégalais.
Debout devant la pile de sacs, un homme, la trentaine, fait l'objet de moult sollicitations. Saër Diop, casquette bien vissée sur la tête, sert de guide de prestige aux visiteurs.
"C'est le riz de la vallée. Il y en a deux types : le riz entier et le riz parfumé", lance Diop, très à l'aise dans son rôle d'agent commercial qui ne dit pas son nom, de préférence employé dans une grande firme internationale.
"Le riz de la vallée (du fleuve Sénégal) est de la bonne qualité", vante ce riziculteur encadré par le Programme croissance accéléré de l'USAID, l'Agence des Etats-Unis pour le développement international.
"Il (le riz de la vallée) n'est pas vieux, contrairement à celui importé dont on ne connait même pas la date de production. C'est un riz facile à cuisiner et ne contient pas beaucoup de sucre. C'est bon pour les diabétiques", soutient Saër Diop.
Selon lui, le riz de la vallée et des autres zones rizicoles du Sénégal se trouve curieusement délaissé par les consommateurs sénégalais cultivant le complexe du riz importé.
Dans l'espoir de convaincre son interlocuteur, ce cultivateur venu de Dagana, un département de la région de Saint-Louis (nord), se met à indexer pèle-mêle les prix des sacs de riz exposés, qui varient entre 7.500 et 22.000 francs CFA.
Se disant confiant quant à l'avenir de la filière locale, Saër Diop assure que les riziculteurs sénégalais ont les capacités de permettre au pays d'atteindre l'autosuffisance en riz à l'horizon 2018.
Comme Saër Diop, Khady Diallo et Ndath Dièye, toutes deux également originaires du département de Dagana, se disent confiantes s'agissant des capacités du Sénégal à atteindre son autosuffisance en riz, grâce à la production locale.
"On peut satisfaire la demande locale avec la production de riz dans la vallée", déclare Ndath Dièye, assise au milieu de son stand et sollicitée par des acheteurs.
"Nous avons un problème de rentabilité. Nous dépensons trop dans la production, ce qui nous pousse à vendre un peu cher", affirme toutefois Ndath, selon qui le riz local pêche surtout dans le cadre de la commercialisation.
Elle pointe également l'accès insuffisant à la terre et aux intrants, un manquement représentant un goulot d'étranglement pour les acteurs de cette filière.
Sur la même lancée, Khady Diallo demande une augmentation de la subvention aux riziculteurs et la mise à disposition à temps des intrants agricoles.
Elle suggère aussi une protection de l'Etat face à l'arrivée de plus en plus massive de grands groupes industriels dans la vallée. "Nous sommes très inquiets, les groupes industriels sont partout. Or, ils connaissent l'importance et les enjeux de la culture du riz", fait-elle valoir.
