DAKAR - Les forces de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), engagées en Gambie, ont arrêté leur progression dans la nuit de jeudi pour donner une chance à la dernière tentative de médiation du président guinéen Alpha Condé vendredi, a-t-on appris d’une source officielle dans la nuit de jeudi à vendredi.
"Les forces ont avancé sans problème, il y a eu quelques tirs de sommation, mais il n’y a pas eu de pertes, ni matérielles, ni humaines. Alors, l’ordre a été donné à ces troupes d’arrêter leur avancée, ce qu’elles ont fait, parce que la CEDEAO privilégie le dialogue et la diplomatie", a déclaré Marcel Alain de Souza, président de la commission de la CEDEAO.
L’armée sénégalaise, appuyée par des soldats ouest-africains, est entrée jeudi après-midi en Gambie, dans le cadre d’une opération militaire destinée à contraindre Yahya Jammeh à remettre le pouvoir à Adama Barrow, investi ce jeudi à Dakar comme président de la Gambie.
Selon le représentant de la CEDEAO, sur terre, en mer et dans les airs, la Gambie est cernée. "Au total, 7.000 hommes seront mobilisés pour cette mission d’installation et de la réhabilitation de la démocratie en Gambie", a-t-il ajouté.
Le serment de M. Barrow comme troisième chef d’Etat gambien, après Dawda Jawara (1970-1994) et Yahya Jammeh, au pouvoir depuis le 22 juillet 1994, a été reçu par Shérif Tambedou, président de l’Ordre des avocats de la Gambie.
Dans son discours, M. Barrow a appelé à l’unité nationale, ajoutant que grâce aux citoyens gambiens, c’est la première fois que le pays change de gouvernement par les urnes. Il a également appelé le président sortant à respecter la Constitution, soulignant qu’il allait bientôt former son gouvernement et "retourner en Gambie".
"Nous voulons la paix, et nous invitons tout le monde à cultiver la paix", a affirmé M. Barrow.
La cérémonie s’est déroulée en présence des ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU au Sénégal, et des pays membres de la CEDEAO. Le Sénégal y a été représenté par le Premier ministre Mahammed Dionne.
Candidat de la coalition de sept partis d’opposition, M. Barrow, accueilli à Dakar depuis samedi, a été déclaré vainqueur de la présidentielle du 1er décembre dernier par une Commission électorale indépendante.
Toutefois, il n’a pas pu prêter serment à Banjul parce que son élection a été contestée par le président Yahya Jammeh, qui refuse de céder le pouvoir en dépit des démarches des chefs d’Etat de la CEDEAO.
Depuis, M. Jammeh est resté sourd aux différents appels de la communauté internationale visant à lui faire entendre raison.
Mercredi, quelques heures avant la fin de son mandat, l’Assemblée nationale de la Gambie a adopté une résolution visant à prolonger son mandat de trois mois. M. Jammeh a déclaré l’état d’urgence dans le pays le 17 janvier.