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Imminence de l’intervention militaire en Gambie: Des flux de déplacés trouvent refuge en Casamance
Publié le vendredi 20 janvier 2017  |  Sud Quotidien
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© Autre presse
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A quelques heures de l’expiration du mandat constitutionnel de Yaya Jammeh, le désormais ex président de la Gambie, l’imminence des hostilités pour le chasser de force du pouvoir se précise. Redoutant les feux des combats, des milliers de populations civiles regagnent les collectivités voisines de la Casamance. Le rythme s’est considérablement accentué ces dernières heures notamment dans l’extrême nord de Sédhiou. Diabang, Kandion Mangana, Djinany, entre autres, sont devenus des camps de réfugiés, mais sans assistance sociale. Les provisions de nourritures se raréfient et l’inquiétude s’empare des foyers d’accueil.

L’imminence de l’intervention militaire des forces armées de la CEDEAO pour chasser Yaya Jammeh du pouvoir se précise. Le mouvement des troupes au sol de part et d’autre, les rumeurs et la confusion ont fini d’installer la peur au sein de la population civile. Celle-ci opte pour le chemin de l’exil pendant qu’il est encore temps. Toute la bande frontalière avec la Casamance reçoit des flux de réfugiés. Hier, mercredi, dernier jour du deadline, le rythme s’est beaucoup densifié. A Diabang, point de passage habituel avec la Gambie, subitement devenu un camp de réfugiés, près de deux cent personnes, tous âges confondus, y ont débarqué. Mamadou Ly Dieng, un citoyen du village explique que «depuis une semaine, c’est un flux croissant de personnes venant de la Gambie qui nous envahit. C’est une situation terriblement inquiétante que nous n’avons jamais connue ici »

Rama elle, ne connait personne ici : «je n’ai pas de choix car les rumeurs font état de violents combats au cas où Yaya Jammeh refuserait de partir. Je vais faire avec les moyens de bord car au Sénégal c’est l’hospitalité, la téranga ». D’autres, outrés et vexés par la fuite, refusent de parler. De nombreux enfants sont dans le lot, parmi eux, Bineta, âgée de 15 ans. Elle dit ignorer sa présence ici : « on m’a juste demandé de venir avec les mamans. J’ai quitté les classes pour les rejoindre » dit-elle.

SAUVER LES ENFANTS AU PLUS VITE !

Ramatoulaye Sané porte sur elle un nouveau-né et accompagnée de quelques enfants. Il faut faire vite et mettre à l’abri les tout-petits, dit la dame : «en cas de guerre, nous adultes pouvons tenter de nous enfuir mais ce n’est pas possible pour les enfants. C’est pourquoi nous trouvons urgent de les extirper de l’étau ». A Taslima près de Bounkiling, Fanta s’y est aussi terrée avec ses sept petits invoquant les mêmes raisons que Ramatoulaye.

Au camp de fortune de Diabang, l’on se débrouille comme on peut pour donner à manger aux déplacés. Youssouph Bory Sané témoigne que «des cotisations sont faites pour trouver de la nourriture aux réfugiés mais cela ne saurait continuer et il faut que l’Etat nous vienne en aide sinon ce sera l’irréparable » prévient-il avec force.

LA ZONE DE FRONTIERE DEBORDEE CRIE A L’URGENTE DE L’AIDE
Dans l’extrême nord sur la lisière de la frontière, les réfugiés se comptent par centaines. Pathé Diao, le maire de Kandion Mangana débordé : « hier, nous étions à 700 réfugiés dans l’espace de notre commune. Nous faisons de notre mieux, mais c’est difficile. Présentement j’ai payé du riz pour leur donner à manger, mais c’est juste un palliatif en attendant le soutien de l’Etat. La croix rouge est venue les rencontrer, mais aucune aide ne nous est encore parvenue. On craint pour les prochains jours » Tout près de là, à Djinany, le maire Moussa Fadéra annonce une présence d’environ un millier de déplacés dans sa collectivité locale.

A Sinthiou Alaji, dans le département de Birkama, en Gambie, l’on implore les soldats à se désolidariser de Jammeh pour sauver le peuple. Fatou Jallow est de ceux-là : «nous sommes pour le verdict des urnes. Le président Yaya est battu, il ne doit pas mettre le pays à feu et à sang. L’armée ne doit plus obéir à ses injonctions et ce sera la pire des erreurs que les soldats ouvrent le feu sur leurs propres frères » prévient-elle, l’air déconcertée. Par contre, Ramatoulaye Tamba dit s’enfuir malgré elle, compte tenu de son affection à Yaya Jammeh qu’elle adore tant. A la gare routière de Madina Wandifa, c’est également la fuite en provenance de la Gambie, nous dit Baye Fall Dème, le président de la gare routière.

Nous avons joint les services de la croix rouge de Bounkiling pour disposer des statistiques sur le nombre de déplacés, mais interdiction leur est faite de communiquer les chiffres, nous confirme une source proche du service.
Qui peut vraiment présager de ce que demain sera, personne, le mystère persiste, Yaya Jammeh et la CEDEAO aussi. C’est à croire alors que la confrontation est imminente. L’absence manifeste d’aide des pouvoirs publics et des ONGs aux déplacés risque de compromettre leur séjour et plonger les villages d’accueil dans une précarité sans précédent.
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