Nations unies (Etats-Unis), Le Conseil de sécurité de l’ONU va voter jeudi sur un texte de soutien à la Cédéao qui pourrait déployer des soldats en Gambie afin d’assurer la passation de pouvoir dans ce pays, contestée par le président sortant, selon des diplomates.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 pays) a demandé à maintes reprises au président gambien sortant Yahya Jammeh de respecter le résultat de l’élection du 1er décembre en quittant le poste qu’il occupe depuis 22 ans.
Mais M. Jammeh refuse toujours de reconnaître la victoire d’Adama Barrow, dont l’investiture est prévue jeudi.
Le Sénégal avait présenté mercredi un projet de résolution au Conseil de sécurité autorisant la Cédéao à prendre "toutes les mesures nécessaires" pour assurer la passation de pouvoirs.
Cette formule a été supprimée du nouveau texte, sur lequel un vote est prévu à 13H00 (18H00 GMT) et qui appelle le Conseil de sécurité à "apporter tout son soutien à la Cédéao dans son engagement à assurer le respect de la volonté du peuple".
Le projet de résolution est un soutien politique à la Cédéao mais pas une autorisation formelle d’intervenir militairement, car il n’invoque pas le chapitre 7 de l’ONU qui permet l’usage de la force.
Le projet de résolution presse M. Jammeh de "mener un processus de transition pacifique et ordonné, et de transmettre le pouvoir au président élu Barrow le 19 janvier".
Il exhorte "toutes les parties, à l’intérieur et à l’extérieur de la Gambie, à faire preuve de retenue, à respecter l’Etat de droit et à assurer un transfert pacifique du pouvoir".
Le Nigeria et le Ghana ont envoyé des soldats et des avions au Sénégal pour se joindre à une force régionale menée par Dakar qui se prépare à une
intervention militaire en Gambie.
L’armée nigérianne a procédé jeudi à des vols de reconnaissance de au-dessus de la capitale gambienne Banjul.
L’envoyé spécial de l’ONU en Afrique de l’Ouest Mohamed Ibn Chambas avait fait savoir la semaine dernière que la Cédéao était prête à réclamer le feu vert du Conseil pour déployer des troupes en Gambie.
On ne sait pas si la Russie, qui a un droit de veto, s’abstiendra. Les positions de deux autres pays membres du Conseil, l’Egypte et l’Ethiopie, sont aussi incertaines.
Pendant les négociations sur ce texte, l’Egypte notamment a exprimé des réserves au sujet d’une éventuelle intervention militaire, faisant valoir qu’il fallait d’abord explorer toutes les autres solutions, selon un diplomate.
M. Jammeh a proclamé mardi l’état d’urgence pour 90 jours dans le pays.
Le projet de résolution du Sénégal mercredi relevait que l’"instabilité en Gambie pourrait menacer la paix internationale et la sécurité de la région".
Le mois dernier, le Conseil avait réclamé à l’unanimité que M. Jammeh reconnaisse le résultat de l’élection présidentielle et qu’il cède le pouvoir à M. Barrow.
Ce vote est crucial au regard des échecs essuyés par des forces africaines en République démocratique du Congo (RDC) et au Burundi pour assurer la transition du pouvoir.
cml/are/sba