Titulaire face à la Tunisie en défense centrale dimanche 15 janvier, Kalidou Koulibaly a vécu son premier match d’une phase finale de Coupe d’Afrique des nations avec une victoire (2-0). Après un parcours sinueux, le titulaire du Napoli et désormais pilier des Lions du Sénégal garde les pieds sur terre. Portrait.
«Les choses sérieuses commencent demain face à la Tunisie». Visage grave, voilà ce que disait KalidouKoulibaly juste avant cette première confrontation face à la Tunisie remportée 2-0, le 15 janvier dans le groupe B de la CAN 2017. Avant cette entrée en lice, il savait déjà que porter le maillot des Lions du Sénégal ne serait pas une mince affaire. Car contrairement à d’autres sélections, le Sénégal attend toujours un premier sacre continental, et ses joueurs ont souvent déçu lors des précédentes éditions.
Un parcours sinueux
Considéré comme l’un des meilleurs défenseurs centraux de Serie A, en Italie, le natif de Saint-Dié dans les Vosges (Est de la France) de parents émigrés en provenance du village de Ngano (25 km de Matam, Sénégal) a eu un parcours sinueux. Kalidou Koulibaly avait intégré à treize ans le centre de formation du FC Metz, mais jugé trop juste, il a dû repartir pour le club de ses débuts à Saint-Dié. De cette expérience douloureuse, il en a tiré une maturité précoce et cela a forgé son caractère. A force de travail, il finit par retrouver la formation du FC Metz avant d’y signer son premier contrat professionnel en 2010. En 2012, il rejoint Genk en Belgique, où il évolue durant deux saisons. En 2014, il franchit un cap en s’engageant à Naples, un club italien réputé. Sa présence physique (1,95 mètre pour 88 kilos) y fait merveille et il devient un titulaire indiscutable. «Parmi les gens que j’ai croisés dans ma carrière, beaucoup ne m’attendaient pas à ce niveau, c’est vrai», confiait-il récemment dans les colonnes de France Football.
Les pieds sur terre
Sélectionné en équipe de France des moins de vingt ans, Kalidou Koulibaly choisit finalement la sélection A du Sénégal au début de la saison 2015-16 pour devenir immédiatement un élément-clé dans le dispositif du sélectionneur Aliou Cissé. Au Gabon, il est désormais un atout de taille pour les Lions du Sénégal. A Franceville, le garçon reste les pieds sur terre et n’a pas du tout l’intention de se laisser griser par cette première victoire. Il prévient : «Le Zimbabwe (futur adversaire dans le groupe B, ndlr) a fait un parcours exceptionnel pour se qualifier et reste un adversaire à ne pas prendre à la légère. Certains ont peut-être pensé que ce serait facile, mais cette équipe a du talent et elle posera des problèmes à tout le monde ». Les Fennecs qui ont difficilement arraché un nul face au Zimbabwe (2-2) ne viendront pas le contredire.
Le coup de fil de Benitez
Perfectionniste, Kalidou Koulibaly a dû se battre pour s’imposer dans le monde du football professionnel. Lorsque qu’il a reçu cet appel de Rafael Benitez, entraîneur à Naples, il n’en croyait pas ses oreilles et pensait que c’était une blague. « Je lui ai raccroché deux ou trois fois au nez. Puis finalement, c’était vrai. Son coup de fil, ça a été un déclic. Mon transfert devait se faire durant l’hiver, ça a capoté, mais il ne m’a pas lâché. Six mois plus tard, il est revenu à la charge. C’était un signe fort », raconte-t-il toujours à France Football.
A l’époque, il jouait la JupilerLeague en Belgique et n’imaginait pas qu’un coach de Serie A face appel à ses services. Rafael Benítez a vu juste en lui passant ce coup de fil.
Victime d’insultes racistes sur le terrain de la Lazio Rome il y a presque une année, un groupe de supporteurs napolitains avait appelé les personnes du stade San Paolo à se munir d’un portrait de KalidouKoulibaly afin de lui témoigner son soutien. Que ce soit en Italie ou en sélection, Kalidou Koulibaly force le respect.
Maradona porte son maillot...
«Je suis novice et je suis heureux d’être là à l’écoute de tout le monde. Il ne faut pas jouer avec la pression, nous avons confiance », dit-il aujourd’hui au micro de RFI. La pression, il connaît. Evoluer à Naples où les tifosi sont souvent intransigeants est un atout important. Il admet que c’est même sous cette fameuse pression qu’il fait ses meilleurs matches !
Même le grand Diego Maradona ne tarit pas d’éloges à son sujet. Il a demandé son maillot et lui a même envoyé une photo avec… Didier Deschamps, le sélectionneur des Bleus avait annoncé le suivre alors que Koulibaly avait déjà choisi les Lions du Sénégal. Ce qui avait valu à l’ancien champion du monde une série de moqueries qui a «gêné» KalidouKoulibaly.
A chaque fois que des grands noms du football se sont intéressés à lui, le défenseur central ne l’a pas cru. Alors, n’allez pas lui dire qu’il pourrait être la révélation de cette CAN 2017 !
(Avec rfi.fr)