Le président français, François Hollande, a annoncé, lors du sommet Afrique-France à Bamako, samedi dernier 14 janvier que l’Aide au développement de la France pour le continent Africain qui était de 20 milliards d’euros sur cinq ans, sera revue à la hausse de 15% pour atteindre désormais 23 milliards d’euros pour les cinq prochaines années. Il s’est aussi engagé, dans le processus de recherche de paix, à former 25.000 soldats africains. Quand au chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keita, il a souligné qu’un partenariat robuste, ambitieux et innovant avec la France favorisera aussi l’émergence économique véritable du continent.
Le 27e sommet Afrique-France a pris fin, samedi 14 janvier 2016, dans la capitale malienne où 35 chefs d’Etats se sont donné rendez-vous pour réfléchir sur le sort du continent et du partenariat avec la France. Une coopération de longue durée qui a abouti à la révision de la hausse de l’Aide française au développement de l’Afrique, via l’Agence française de développement (Afd) de 15%. Selon le président François Hollande, pour les cinq prochaines années à venir, l’aide va passer de 20 à 23 milliards d’euros. Les investissements se feront dans la formation des Forces spéciales pour assurer la sécurité, le déminage, mais aussi dans le secteur de l’éducation, entre autres.
Pour le président malien Ibrahim Boubacar Keita, «un partenariat robuste, ambitieux et innovant avec la France favorisera, nous en sommes certains, l’émergence économique véritable de notre continent». A cet effet, il a proposé que le partenariat prenne en compte la reconstruction et le renforcement indispensable des capacités nationales de chaque Etat africain.
PAIX ET EMERGENCE DE L’AFRIQUE
Les chefs d’Etat présents au sommet de Bamako sont tous convaincus que le développement de l’Afrique ne peut pas se faire sans sécurité et stabilité. Pour le président Idriss Déby du Tchad, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine (Ua), le continent est secoué par des zones d’instabilité en Libye, dans le Sahel, la corne de l’Afrique, le Soudan du Sud et certains pays de la région des Grands Lacs et d’Afrique centrale. Ainsi, soutiendra-il, «tout cela nous rappelle, sans cesse, l’ampleur des défis à relever. A ce tableau sombre s’ajoute le terrorisme, la criminalité, le trafic d’être humain... Tous ces vecteurs de la mort et de la désolation appellent à une solidarité forte et confiante».
Et le président malien Ibrahim Boubacar Keita de renchérir: «pour sauvegarder l’émergence du continent noir, il est de notre devoir d’enrayer ensemble une gangrène qui menace de large portions de nos territoires». Et de poursuivre que dans la conjoncture actuelle, les trois exigences que son Partenariat, Paix et Emergence s’impliquent en effet les unes dans les autres. «L’Afrique et la France ont la possibilité de les prendre en charge, s’appuyant sur leur longue tradition de coopération et sur leur volonté éprouvée de cheminer ensemble. Il nous est cependant urgent d’optimiser ces atouts à l’heure où les enjeux multiples et des défis communs nous imposent un partenariat constant».
Pour sa part, la France restera toujours aux cotés de l’Afrique pour l’aider à recouvrer sa stabilité totale dans l’ensemble de son territoire. D’ailleurs, François Hollande a promis de revenir en Afrique, avant de parler d’un «goût d’inachevé». «Je n’oublierai jamais les liens que nous avons tissés», a-t-il dit.
DEFIS SECURITAIRES EN AFRIQUE
Le président François Hollande a annoncé au cours dudit sommet que la France s’engage aussi à faire passer de 20.000 à 25.000 le nombre de soldats africains formés par la France. «Nous avions pris la décision de former 20.000 soldats africains, nous avons tenu cette promesse puisse qu’on a dépassé ce chiffre. Aujourd’hui encore, nous nous engageons à relever le défis car, nous le savons tous, il ne peut y avoir de sécurité sans progrès politiques».
Ibrahim Boubacar Keita a souligné l’urgence à renforcer les capacités opérationnelles de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (Minusma) en traduisant dans les faits les innovations qu’apporte la résolution 2295 du Conseil de sécurité des Nations unies du 29 juin 2016, renouvelant le mandat de la Minusma et l’autorisant, entre autres, à adopter une posture plus robuste face aux attaques asymétriques.
OPERATION «SERVAL» - LES HOMMAGES DU MALI A LA France : «Le destin du Mali tenait à une décision résolue et rapide que vous avez prise sans hésitation»
Ibrahim Boubacar Keita a rendu un hommage à François Hollande qui prend ainsi part à son dernier sommet Afrique-France. «De tous les chefs d’Etat français, c’est celui qui a eu les relations les plus sincères et loyales avec le continent». Revenant sur la position de la France par rapport à la crise malienne, le président malien a rappelé ceci: «le 11 janvier 2013, vous avez répondu positivement à une demande du Mali et de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), autorisant le déploiement de l’opération «Serval». Ce jour-là, le destin du Mali tenait à une décision résolue et rapide de votre part. Et, cette décision, vous l’avez prise sans hésitation. Aujourd’hui, je tiens à vous redire que le peuple malien n’oubliera jamais ce qu’il vous doit. Et hommage à vous et à la France ainsi qu’au peuple ami de France, vous revient de droit».
REGARD DE HOLLANDE SUR LE MALI
Le président Hollande a déclaré, à l’endroit du peuple malien, que «la France restera toujours au côté du Mali, jusqu’à l’aboutissement du processus de paix. C’est pour la France la preuve de sa solidarité pour un peuple ami et l’accomplissement de son devoir». Et de relever: «il y a quatre ans, presque jour pour jour, les Forces maliennes, françaises, africaines étaient engagées pour reconquérir le Nord-Mali, alors que la ville de Bamako était sous la menace d’une offensive terroriste de grande ampleur, tandis que le peuple malien tremblait».
Pour le président Français, «l’Europe regardait parfois avec distance ce qui se passait au Mali, ne saisissant pas toujours l’enjeu. Mais à présent, les terroristes ne contrôlent plus aucun territoire, la démocratie a repris son cours, les élections ont eu lieu [...], l’économie repart et la réconciliation, avec les accords d’Alger, est en cours», s’est-il félicité. Avant de dire au Mali que «c’est une leçon que vous adressez à la communauté internationale, mais aussi un message pour les peuples martyrs de Syrie, d’Irak ou de Libye car, il y a de l’espoir, regardez vers le Mali !»
LA GAMBIE S’INVITE AU SOMMET : Adama Barrow, l’attraction de ses pairs
Le nouveau président élu gambien, Adama Barrow, a assisté au sommet Afrique-France, même s’il n’était pas dans les sièges officiels réservés aux chefs d’Etats. Sa présence a marqué ses homologues qui ont profité de l’occasion pour peaufiner une stratégie pour faire partir le président sortant, Yahya Jammeh, qui s’agrippe toujours au pouvoir. Pour le ministre des Affaires étrangères nigérian, Geoffrey Onyeama, l’ensemble des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) présents à Bamako, la capitale du Mali, avaient demandé à rencontrer le président Barrow.
En attendant le rapport des médiateurs sur les entretiens qu’ils ont eu à Banjul, avec plusieurs personnalités, les chefs d’Etat Africains ont demandé à Yahya Jammeh de céder la place à son tombeur, à l’issue de la présidentielle du 1er décembre dernier, Adama Barrow. «La démocratie doit vaincre. S’il se dit musulman, avec le chapelet et le coran en main, il doit quitter le pouvoir. J’espère qu’il le fera car le peuple de Gambie ne mérite pas et n’a pas besoin d’une autre crise», a déclaré Ibrahim Boubacar Keita, président du Mali et hôte du 27e sommet Afrique-France.
Et François Hollande de renchérir: «nous espérons tous que le 19 janvier, Adama Barrow sera officiellement installé et le président sortant va céder». Dans le cadre du sommet, le président du Sénégal, Macky Sall, a aussi attiré le plus l’attention. Au niveau de l’accueil, il a passé plus de temps à discuter avec les présidents Hollande et Ibrahim Boubacar Keita. Certainement, le problème de la Gambie était au cœur de ce débat éclair en attendant l’ouverture du sommet.