Entre les Thiantacounes et la population de Keur Samba Laobé, il s’en est fallu de peu samedi dernier qu’il y ait mort d’homme. Les deux parties se sont affrontées autour d’un terrain sur lequel Cheikh Béthio voulait ériger une construction.
Samedi dernier, vers les coups de 18 heures, une violente bagarre a ébranlé le quartier de Madinatou Salam, communément appelé Keur Samba Laobé. De violents heurts ont opposé des talibés thiantacounes aux populations. L’origine du conflit est relative au foncier. Sur les lieux, un mur que le propriétaire avait construit est démoli. Dans l’enceinte du terrain, un puits vient tout juste d’être creusé. Tout le matériau nécessaire est là pour permettre la reconstruction d’un autre. Les talibés de Cheikh Béthio s’attellent d’ailleurs à la tâche. Un neveu du propriétaire arrive sur les lieux et somme les talibés-ouvriers de cesser les travaux. Ce que ces derniers refusent.
C’est ainsi que Moussa Diamankha est allé prévenir les siens qui arrivent sur les lieux. Les protagonistes s’empoignent, s’insultent. Une violente bagarre s’ensuit. Moussa Diamankha est blessé à la tête à coups de bâtons. Le jeune homme s’affale, il reste inerte au sol durant des heures. Les thiantacounes profitent de l’effet de surprise et de panique pour s’enfuir. Deux escadrons de la gendarmerie sont dépêchés sur les lieux pour l’enquête d’usage. A 19 heures, un 4x4 arrive sur les lieux ; à l’intérieur de la voiture se trouve Khadim Thioune, le fils aîné du guide des thiantacounes. Il embarque Maodo Diamankha pour discuter avec lui et essayer d’arrondir les angles. A 19 heures 37 minutes, la brigade des sapeurs-pompiers arrive sur les lieux pour évacuer la victime. Après le transport de Moussa Diamankha à l’hôpital, les gendarmes invitent les parents de la victime à venir lundi au poste avec le certificat médical du blessé, avant de quitter les lieux.
Après le départ des hommes de loi, les jeunes s’engouffrent aussitôt dans des voitures et se rendent au ‘’pénc’’, la grande place publique du village qui fait face à la demeure de Cheikh Béthio Thioune. Devant la demeure du guide, des talibés sont assis ici et là en groupes. De prime abord, rien ne montre que le pire a été évité de justesse dans le village. Les talibés discutent et ne prêtent aucune attention aux voitures qui viennent d’arriver. Un calme plat y règne. Mais les populations ont les nerfs à fleur de peau
‘’Cheikh Béthio est tout sauf un guide religieux’’
Les populations ne décolèrent pas après ce qui s’est passé. Pour elles, Cheikh Béthio porte une lourde responsabilité dans la tournure des évènements. ‘’Il veut s’accaparer tous les terrains vides du village. Ses actions ne mènent qu’au chaos. Il pense qu’il peut tout se permettre. En engageant ces travaux, il s’oppose à la sommation de la Descos (Direction pour la surveillance et de contrôle des Sols). Son statut de Cheikh le pousse à faire ce qu’il veut’’, peste Seydou Dia. Il faut souligner que ce bras de fer, qui oppose Cheikh Béthio aux populations de Keur Samba Laobé, date d’il y a longtemps. En effet, la Descos avait sommé Cheikh Béthio et la population de ne point construire sur les sites qui font l’objet d’un litige dans le village, jusqu’à ce qu’une issue soit trouvée.
Cependant, le cheikh a fait fi de la recommandation en voulant entamer des constructions. Ce qui a soulevé l’ire du propriétaire Seydou Dia ainsi que celle de sa famille et de ses voisins. M. Dia, dit-on, a acheté le terrain du nommé Serigne Mor Faye. Selon certains, le guide veut construire une villa pour l’une de ses épouses. ‘’Nous sommes laissés à nous-mêmes. Ce n’est pas normal qu’au Sénégal on laisse des gens à la merci d’un homme qui ne respecte rien, ni personne. Nous avons une crise d’autorité dans notre village. On en a marre de l’impunité qui règne dans ce village. Cheikh Bethio est tout sauf un guide religieux’’, fulmine Seydou Dia, dans un accès de colère. Du côté des jeunes, on laisse éclater sa colère en insultes. Aux dernières nouvelles, Moussa Diamankha, le blessé, est rentré chez lui avec une incapacité temporaire de travail (Itt) d’une semaine. Une plainte sera déposée lundi (aujourd’hui).