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Éventualité d’une grâce présidentielle à Habré: Me Werner met en garde le Sénégal
Publié le samedi 14 janvier 2017  |  Enquête Plus
Ouverture
© AFP par SEYLLOU
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




Après quatre jours d’audience, le procès en appel de Hissein Habré a pris fin hier, par les répliques entre avocats de la défense et ceux des parties civiles. A cet effet, l’avocat belge Me Alain Werner a mis en garde le Sénégal contre une éventuelle grâce présidentielle en faveur de l’ex-Chef d’Etat tchadien.

Hier, c’était la dernière journée du procès en appel de Hissein Habré. En attendant le verdict qui sera rendu le 27 avril prochain, les avocats des parties civiles et ceux de la défense ont livré leur dernier combat. Avec force arguments, le premier groupe a plaidé pour un maintien de l’ex-dictateur en prison, tandis que le second a cherché à l’y extirper. Qu’à cela ne tienne pour Alain Werner, un des conseils des parties civiles. L’avocat belge s’est montré très outré par le fait que le parquet général soit favorable à une réduction de peine. Dans ses observations faites mercredi, le Procureur général Mbacké Fall a non seulement laissé entendre que l’ex-Président, malgré les actes inhumains qu’il avait commis, était habité par le regret, mais aussi évoqué la vieillesse ainsi que l’état de santé fragile de Habré, avant de dire qu’il s’en remettait à la sagesse de la Chambre. ‘’Le rôle de la Chambre d’appel n’est pas d’être sage ou non, mais d’appliquer les standards internationaux d’appel’’, a répliqué le conseil. Qui n’est pas du tout convaincu que M. Habré regrette ses actes.

‘’Je ne sais pas comment le Parquet peut savoir ce qui se passe dans la tête de Hissein Habré pour y voir des remords’’, s’est désolée la robe noire. ‘’Si Hissein Habré ne mérite pas une peine à perpétuité, je ne sais pas qui la mérite’’, a-t-il martelé. C’est pourquoi, le conseil ne digère toujours pas la sortie du Garde des Sceaux, Me Sidiki Kaba, annonçant la possibilité d’une grâce présidentielle en faveur de l’ex-Président condamné à la perpétuité. ‘’Nous avons été choqués par les propos du ministre de la Justice parlant d’une possible grâce de Hissein Habré, un jour après le verdict’’, a fustigé la robe noire, avant de mettre en garde le Sénégal. ‘’L’octroi d’une grâce violerait l’accord signé avec l’Union africaine. Les crimes retenus contre Hissein Habré sont d’une gravité ultime. Si une telle chose se passe, ce serait un cataclysme’’, a martelé Me Werner. Ajoutant que les statuts des CAE ne l’autorisent même pas, car les peines doivent être exécutées conformément aux standards internationaux. ‘’Selon l'article 26-3, l'Etat qui exécute la peine est lié par la durée de la peine", a-t-il argué. Ses confrères, Mes Assane Dioma Ndiaye, Yaré Fall et Phillipe Houssine ont, eux, loué la procédure qu’ils jugent régulière à tous les stades.

‘’N’Djamena a refusé de livrer ses co-accusés’’

Mais les avocats de la défense sont persuadés plus que jamais de l’innocence de leur client, jugé sans équité, puisque ce sont les statuts des Chambres eux-mêmes qui ne garantissent pas un procès juste et équitable. Me Abdou Gningne ne comprend toujours pas que seul Habré soit jugé. ‘’N’Djamena a refusé de livrer ses co-accusés. C’est une violation grave des droits de Habré pour un procès équitable’’, a fustigé le conseil. Qui s’est désolé qu’aucune autorité du Sénégal n’ait osé interpeller les dirigeants commanditaires du procès sur la question. Son confrère Me Mbaye Sène de renchérir : ‘’Vous reprochez à Habré d’avoir violé la loi de la guerre et vous violez la loi pour le juger. Mais, notre conviction est qu’il ne doit pas être condamné dans cette affaire.’’

Clôturant les débats, Me Mounir Balal a lancé aux juges : ‘’Nous ne demandons pas l'aumône, mais la justice. Nous ne sommes ni mendiants ni criminels. La Chambre d’instance a surévalué certains témoignages, mais nous sommes là pour le rayonnement de la justice afin que demain l'Afrique soit fière de ses fils.’’
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