Décédé le jeudi 5 janvier dernier à Paris, Aboubacry Mbodj, secrétaire général de la Raddho, repose en paix au cimetière de son village, Ndormboss, dans le département de Podor dans la commune de Ndioum où il a été inhumé hier, mercredi 11 Janvier. La levée du corps de ce militant engagé des droits de l’homme, a été une occasion pour les représentants de l’Etat et de ses collègues de saluer un homme digne et engagé.
Une grande foule d’hommes politiques, de militants de la société civile, d’universitaires et de journalistes, a assisté, hier, à la levée du corps d’Aboubacry MBODJ, le secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), à l’hôpital Principal de Dakar. Des collègues, amis, proches et parents ont rendu un dernier hommage au défunt secrétaire général de la Raddho qui a consacré toute sa vie à la défense des droits humains. Et tous ont insisté sur son engagement pour la cause des droits humains. Les témoignages ont peint un homme digne et désintéressé, qui a toujours répondu présent aux préoccupations des autres. Occasion pour le représentant de l’Etat, Maître Sidiki Kaba, ministre de la justice de témoigner qu’Aboubacry Mbodj «était un homme sérieux, un citoyen du monde qui se conjuguait à l’universel».
Et d’ajouter : « A aucun moment, il ne s’est départi de sa capacité d’indignation face aux malheurs des autres, à la menace des libertés des autres, à la souffrance des autres. Il a dédié sa vie aux autres, il a été altruiste», déclare le ministre de la justice. Seydi Gassama, d’Amnesty de déclarer à son tour : «Aboubacry Mbodj a mené beaucoup de combats dont ses derniers ont été la défense des victimes politiques du Sénégal et la cause des talibés qu’il a gagnée. Il est tombé au combat les armes à la main, car même sur son lit d’hôpital, il était préoccupé par la situation en Gambie » Et d’ajouter : «c’était un grand homme qui nous a quittés, il était grand dans la vie, dans son combat mais, dans la maladie ».
Parmi les personnalités présentes, l’on peut citer, entre autres, Safwat Ibraghith, ambassadeur de la Palestine à Dakar, Thièrno Madani Tall, Serigne Abdou Khoudouss Mbacké, Maîtres Assane Djoma Ndiaye, Madické Niang et El Hadj Diouf, le professeur Amadou Ly et les membres de la société civile.
Reactions
SEYDI GASSAMA (AMNESTY) : «Il n’avait pas peur de dire la vérité»
«Aboubacry, c’était un ami, lui et moi avaient partagé les responsabilités à Amnesty et à la Raddho et nous avons joué ce rôle avec beaucoup de courage et sérénité. Aboubacry était un homme engagé, intrépide qui n’avait pas peur de dire la vérité. Il n’avait pas peur de dénoncer à chaque fois qu’il pensait avoir l’obligation de le faire. Il ne se souciait pas de la réaction des autres lorsqu’il fallait dire la vérité et défendre la cause des autres. Et il a passé toute sa vie à défendre des causes justes et il a passé toute sa vie à défendre ces causes avec beaucoup de sacrifices»
MAITRE ASSANE DJOMA NDIAYE, AVOCAT : «Que l’homme soit le remède de l’homme»
«Nous sentons le poids du sable se dérober sous nos pieds. Quand vous êtes sur le champ de bataille avec un combattant et que brusquement vous ne le voyez plus, évidement, vous n’avez plus le courage de continuer. Mais, nous allons le faire, nous allons persévérer, nous allons perpétuer son œuvre et nous allons faire de sorte que son nom soit immortalisé dans le panthéon des grands hommes comme ses qualités qu’il a toujours perpétuées : qualités de générosité, de désintéressement, de don de soi. Il n’a jamais voulu autre chose que la préservation de l’homme, que l’homme soit égale à lui-même, soit le remède de l’homme. Et quelqu’un qui vie une vie pleine comme ça et qui part évidement, on peut avoir des regrets, mais aussi on peut être satisfait au vu de la mobilisation de toute la nation. Des prières qui ont été dites aujourd’hui, peuvent nous laisser penser que Dieu l’accueillera dans son paradis le plus céleste.»
FATOU DIAGNE SENGHOR, DIRECTRICE ARTICLE 19 : «Il est parti sur la pointe des pieds»
« Il a vécu dignement parce qu’il a défendu les droits humains, il est parti, il nous a tous surpris parce qu’on était à Banjul il n’y a pas longtemps. Sur le terrain, on ne pouvait pas savoir qu’il était malade et là, il est parti sur la pointe des pieds comme il a vécu. Donc, c’est la dignité qu’il a tant défendue qu’il a protégée, il est parti dignement et ca c’est un réconfort pour nous»
SAFWAT IBRAGHITH, AMBASSADEUR DE LA PALESTINE A DAKAR : «Le combat sera encore porté jusqu’au bout»
«Nous sommes conscients que le combat sera encore porté jusqu’au bout et c’est comme ça qu’on peut rendre hommage à ce combattant de droits de l’homme »