Dakar (AFP) - La justice sénégalaise a donné son feu vert à l’extradition du militaire guinéen Aboubakar Sidiki Diakité, dit Toumba Diakité, arrêté le 16 décembre à Dakar et recherché pour le massacre d’opposants en 2009 à Conakry, a affirmé mardi à l’AFP son avocat.
La chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar "a émis un favorable pour l’extradition" de M. Diakité, a déclaré Me Baba Diop.
"Nous attendons maintenant le décret d’extradition du président de la République pour l’attaquer en excès de pouvoir devant la Cour suprême", a ajouté Me Diop. Au Sénégal, le dernier mot revient au chef de l’Etat dans une procédure d’extradition.
Selon l’avocat, la chambre a par ailleurs rejeté sa requête en annulation de la procédure initiée contre M. Diakité.
Me Diop avait le 29 décembre déclaré que son client ne souhaitait pas extradé dans son pays "pour des raisons de sécurité".
M. Diakité se trouvait mardi au palais de justice de Dakar, habillé d’un blouson rouge, a constaté un journaliste de l’AFP.
Toumba Diakité, un médecin militaire ayant le grade de commandant, a été arrêté le 16 décembre par des gendarmes dans la capitale sénégalaise où il vivait sous "une identité d’emprunt" et ayant subi plusieurs changements d’apparence, selon la gendarmerie sénégalaise.
Il est recherché pour son implication présumée dans le massacre perpétré le 28 septembre 2009 par des militaires dans un stade de Conakry où étaient rassemblés des milliers d’opposants à la candidature à l’élection présidentielle de Moussa Dadis Camara, chef de la junte militaire ayant dirigé la Guinée de 2008 à fin 2009.
Au moins 157 personnes avaient été tuées et 109 femmes violées dans le stade et ses environs, selon la commission internationale d’enquête de l’ONU.
Toumba Diakité a tenté, le 3 décembre 2009, d’assassiner M. Camara, dont il était l’aide de camp, lui reprochant de vouloir lui faire porter l’entière responsabilité du massacre.
Selon la gendarmerie sénégalaise citée par l’APS le 20 décembre, Toumba Diakité "était caché au Sénégal depuis cinq ans", ayant "complètement changé de physionomie" et s’identifiant dans son quartier comme "Aboubacar Barry".
De même source, "la recherche et la surveillance ont duré un certain moment" pour s’assurer qu’il s’agit bien de lui, en raison de ses "changements physionomiques" et "de l’utilisation d’une identité d’emprunt".
mrb/cs/ms