L’audience en appel du procès de l’ancien président tchadien Hissène, qui s’est ouverte lundi au palais de justice de Dakar, marque "la dernière étape de la procédure" dans cette affaire judiciaire, selon l’ONG Amnesty international.
"L’audience d’appel de l’ancien président tchadien Hissène Habré contre sa condamnation pour des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et de torture (…) marque la dernière étape de la procédure dans l’affaire (…)", indique-t-elle dans un communiqué reçu à l’APS.
L’ancien président tchadien a été condamné le 30 mai 2016 à la prison à vie pour crimes contre l’humanité par les Chambres africaines extraordinaires (CAE).
Les avocats commis d’office pour défendre Hissène Habré ont interjeté appel. Hissène Habré avait été également condamné fin juillet 2016 à indemniser ses victimes, jusqu’à 20 millions de francs CFA
La Chambre d’appel, qui sera dirigée par le magistrat malien Wafi Ougadèye, va valider ou condamner l’ancien président tchadien et mettre fin au long processus.
Les avocats de Hissène Habré ont fait appel du verdict sur la base de ce qu’ils considèrent comme plusieurs erreurs de fait et de droit.
Le tribunal entendra également un appel concernant les réparations accordées aux victimes le 29 Juillet 2016. Les parties civiles considèrent que des erreurs ont été commises lors de l’établissement des critères d’admissibilité et lors de la mise en place des mesures pour garantir que les réparations ont été mises en œuvre efficacement et équitablement.
"Si la décision de réparations est confirmée en appel, Amnesty International exhorte la CAE, l’Union africaine, le gouvernement du Tchad et de la communauté internationale de veiller à ce que des ressources suffisantes soient levées et affectées à un Fonds d’affectation spéciale dont les réparations peuvent être tirées rapidement et efficacement", plaide Amnesty international.
Le jugement en appel devrait être publié le 30 avril 2017 au plus tard, lorsque le mandat du CCE se termine.
Le procès, ouvert le 20 juillet 2015 devant les CAE, le tribunal créé au sein des juridictions sénégalaises pour assurer le jugement de l’ancien chef d’Etat, a duré 56 jours, et vu défiler 93 témoins. Il a connu beaucoup de rebondissements.
Jugé pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture, M. Habré a comparu de force devant les CAE, en refusant de répondre aux questions des juges et n’hésitant quelquefois pas à commettre des incidents d’audience.
Le tribunal spécial a auditionné des experts, des témoins et une personne citée à témoin par les avocats de la défense. Hissène Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990.
Ecarté du pouvoir par une rébellion dirigée par l’actuel président tchadien Idriss Déby Itno, il s’est réfugié au Sénégal. Après une bataille judiciaire menée durant plusieurs années par des plaignants et leurs avocats, l’ancien chef d’Etat est arrêté le 30 juin 2013, à son domicile, à Dakar.
Il est ensuite inculpé le 2 juillet 2013 par les CAE, une juridiction créée au Sénégal sous l’égide de l’Union africaine (UA) pour la tenue de son procès.