«Khalifa Sall est la botte secrète de Wade» en perspective de la Présidentielle de 2019. La révélation est du Secrétaire général national des jeunesses socialistes. Dans une interview exclusive accordée à Sud Quotidien hier, dimanche 8 janvier, Bounama Sall, a fait feu de tout bois contre le maire de Dakar qu’il qualifie de «fainéant» mais aussi du «plus grand absentéiste par les membres du bureau politique et du secrétariat exécutif national». M. Sall ne demande pas plus que le retrait du titre de secrétaire en chargé de la vie politique du PS à Khalifa Sall qui selon lui, est «pris en otage par un cercle d’arrivistes, incultes, violents». Entretien…
Pourquoi avez vous jugé nécessaire de porter une affaire entre socialistes au niveau de la justice ?
Au regard de la stratégie que certains sont en train de dérouler, je voudrais rappeler le film des événements du 5 mars 2016. Je peux prendre tous les sénégalais à témoin de cette matinée malheureuse. Le PS avait convoqué les responsables du bureau politique pour statuer sur deux points : l’adoption des textes issus du dernier congrès et le second point portait sur le référendum. C’est durant les discussions que le bureau politique a été envahi par des personnes qui n’étaient pas membres et qui n’y étaient pas conviées.
Pourtant Khalifa Sall soutient que toutes les personnes arrêtées sont des socialistes qui ont toujours servi le parti.
Vous êtes journalistes et les faits sont importants dans votre profession. Ce que je vous dis là est vérifiable. C’est au moment où chaque responsable donné son point de vue qui était contraire aux vœux du camp de Khalifa Sall que ces personnes ont fait irruption dans la salle. Ils ont cassé, saccagé et violenté les gens. Les images sont encore là. C’est vérifiable à travers les vidéos et les télévisions.
Mais cette situation ne semble pas inédite dans la vie politique des partis au Sénégal.
De tels actes ne sont jamais produits au PS. Une instance aussi importante que le bureau politique soit agressée dans les locaux du PS ? Jamais !
Je me souviens encore que Khalifa Sall lui-même disait qu’il condamnait de tels actes et que justice doit être faite pour que les commanditaires et acteurs de ces actes barbares soient démasqués et punis. Sa nouvelle attitude découlerait du fait que l’enquête indexe ses plus proches collaborateurs.
Pourquoi vous parlez de nervis alors que ce sont des socialistes qui étaient là bas ?
Justement, il y a des commanditaires et des acteurs. Et les faits restent constants. Le PS a été agressé, ses biens saccagés. Nous avons reçu un affront et il se doit de tirer cette affaire au clair.
Mieux après les événements, nous sommes restés un mois sans ce que ceux qui étaient incriminés ne viennent s’amender.
Au contraire, ils ont préféré rester dans le sillage de profération d’insanités et de menaces, contre le secrétaire général du PS, Ousmane Tanor Dieng et des responsables socialistes. Cette plainte n’est pas celle de Ousmane Tanor Dieng. C’est le bureau politique qui a donné mandat au Secrétaire général à porter plainte contre X.
Maintenant, c’est à la justice et à ses démembrements d’établir l’implication des uns et des autres. Notre gendarmerie ne peut pas faire preuve de légèreté. Elle a eu à convoquer plus de 100 personnes pour les entendre avant d’en retenir cinq à six personnes. Je pense qu’il y a de quoi s’interroger.
Je trouve juste regrettable qu’une personnalité de la dimension de Khalifa Sall qui parle d’ADN socialiste, après tout ce que le PS a fait pour lui, se permet de se liguer contre ce parti pour ses intérêts crypto-personnels. Des personnalités comme le Pr Abdoulaye Elimane Kane, Pierre Sané, Mme Diagou Ndiaye ont souffert ce jour là.
Notre camarade Mamadou Wane (secrétaire général adjoint chargé de la vie politique, Ndlr), qui est un père de famille, qui a des parents et des amis, qui a répondu à l’appel du bureau politique de son parti, a été malmené devant les télévisions, devant son fils, son épouse, ses parents. Si le PS ne répare ça, je ne vois pas quoi comment demain, il va oser convoquer ses responsables et militants à la maison du parti.
Ce n’est pas sérieux, que Khalifa Sall qui était dans la salle, se permette aujourd’hui de revenir pour battre en brèche tous actes, parce que tout simplement, il est l’otage d’un cercle d’arrivistes, incultes, violents, très mal éduqués et mus exclusivement par leurs intérêts personnels. S’il n’a pas le courage de défendre le parti, je pense qu’il ne mérite plus la responsabilité qu’il a aujourd’hui.
Pourquoi vous parlez d’intérêts crypto-personnels ?
Mais il (Khalifa Sall, Ndlr) l’a dit dans sa sortie d’avant-hier (émission ça me dit mag, sur la 2STV, Ndlr). Il a dit qu’il sera candidat à la Présidentielle.
Non, il n’a pas dit ça. Il a plutôt dit que le PS aura un candidat à la Présidentielle de 2019.
Le militantisme socialiste ne se décrète pas. Ce n’est pas sur les plateaux de télévision, qu’on manifeste ou qu’on étale son militantisme. Tout se passe sur le terrain. Or, Khalifa Sall n’a participé à aucune manifestation de défense pour la survie du PS.
Ah bon ?
Tout le monde sait qu’il s’était exilé en France. Lui qui devait être le premier défenseur du PS pour tout ce que le PS a fait pour lui. Il n’a rien eu dans ce monde de par ses propres frais. Il a été député, ministre et maire grâce au PS. Il devait être le premier à défendre le PS quand Abdoulaye Wade a voulu le rayer de l’échiquier politique du pays.
Vous voulez dire qu’il n’a pas défendu le PS à cette époque ?
Pas du tout ! Tout au contraire ! Pendant tout ce temps, il continuait à diner au palais avec Wade pour affiner des deals contre le PS.
Ce n’est pas un problème. Dans l’histoire du Sénégal, il était fréquent que le Chef de l’Etat rencontre le maire de Dakar ? Khalifa Sall parle même de rencontres mensuelles.
Dans ce cas, pourquoi, ne le fait-il pas avec le Président Macky Sall avec qui, il est dans la même coalition.
Vous êtes sûr qu’il le refuse ?
Il le refuse. Je prends les sénégalais en témoin. Combien de fois le président Ousmane Tanor Dieng l’a interpellé sur la nécessité de rencontrer le Président Sall, en tant qu’institution, maire de la Capitale, comme ça se fait partout dans les pays sérieux.
Pourtant Khalifa Sall soutient que le blocage est à chercher ailleurs ?
Khalifa Sall est plutôt dans une logique de remise en cause de tout ce qu’il disait. Il est l’otage d’un groupe d’opportunistes qui l’ont pris par le collet. Ces derniers le mèneront droit au mur.
Je vous réaffirme encore une fois, ses accointances avec Abdoulaye Wade. Vous vous rappelez du fameux article de Cheikh Yérim Seck, qui disait qu’il était la botte secrète d’Abdoulaye Wade.
Vous croyez toujours que Khalifa Sall est la botte secrète d’Abdoulaye Wade ?
Les propos et les actes d’aujourd’hui le confirment. Mieux, des membres de son cabinet ont été même à Versailles pour voir Wade. Vous ne vous étonnez pas non plus des sorties fréquentes du porte-parole de Babacar Gaye, porte-parole du PDS qui ne rate aucune occasion pour magnifier ou défendre Khalifa Sall. Sans occulter le soutien du PDS dont il a bénéficié lors de l’élection du HCCT.
Autre fait révélateur, les avocats qui défendaient Karim Wade, sont les mêmes qui défendent Bamba Fall et Cie. Le fait que Khalifa Sall soit la botte secrète de Wade ne date pas d’aujourd’hui. Il a même été le bras armé d’Abdoulaye Wade contre le PS.
Ce que vous dites est grave quand même.
Je le confirme.
Qu’est ce qui vous le fait dire ?
Son attitude aujourd’hui, confirme tout ce que les gens disaient tout bas. Rappelez vous des dernières élections. Au moment où le PS se battait pour avoir le candidat de Benno Siggil Sénégal, Khalifa Sall a poignardé le PS et son candidat Ousmane Tanor Dieng dans le dos en soutenant publiquement qu’il «n’y a pas de candidat naturel au PS».
Durant la campagne, à Colobane, derrière Tanor Dieng, il menaçait les marchands ambulants de déguerpissement. Il leur disait : «que vous votez pour mon candidat ou pas, vous allez déguerpir». Or, tout le monde sait quand même qu’en communication politique qu’on gagne à taire ce qu’on n’est pas obligé de dire.
Tout cela relève d’une stratégie sournoise savamment orchestrée pour mettre les bâtons dans les roues du candidat du PS.
En vérité, Khalifa Sall ne s’est jamais investi pour le PS. D’ailleurs, nous sommes mêmes très surpris de voir disparaître, le nom de Abdou Diouf dans son lexique. Pendant ce temps, il convoque Djibo Kâ en maître. Comme on dit, Khalifa Sall n’a jamais été viande ou poisson et il ne sera jamais.
Mais ça, ce sont les sénégalais qui le diront quand même. La souveraineté leur appartient.
Certes ! Mais nul ne le connaît mieux que nous (Socialistes).
C’est quand même paradoxal que vous sachiez tout ça et en même vous confiez à Khalifa Sall le poste de chargé de la vie politique du PS ?
C’est pourquoi, je demande à ce qu’on lui retire cette responsabilité, parce qu’il ne le mérite pas de par des actes qu’il a posés dans le passé. Il ne le mérite pas non plus de par ces actes de défiance contre le PS. Il n’a jamais convoqué une réunion du Secrétariat politique du PS pour impulser ou mettre en place une stratégie de massification et d’animation du parti. Il est le plus absentéiste parmi les membres du bureau politique et du secrétariat exécutif national.
C’est quand même contradictoire de rester 14 ans secrétaire général chargé de la vie politique sans bouger de Dakar et en une semaine, vouloir soudainement initier des tournées dans le pays. C’est dire qu’il ne travaillait que pour son propre compte et non pour le PS. C’est un fainéant, un calculateur. Il n’a jamais été au front.
Est ce que le PS va présenter une liste aux Législatives ? Le parti aurait-il un candidat aussi à la Présidentielle de 2019 ?
Le débat ne se pose plus pour les Législatives parce que parti est déjà tranché. Ce sont les militants qui se sont exprimés d’une manière libre et démocratique dans les coordinations départementales, à l’exception de Dakar et certaines coordinations qui ont manifesté empêcher la tenue de ses élections. Or, le Sénégal ne se limite pas à Dakar. Il y a même des responsables de Dakar qui ont demandé au parti de prendre ses responsabilités. La démarche de Khalifa Sall est fractionniste.
Quid de la Présidentielle ?
Nous n’avons jamais renoncé à la reconquête du pouvoir. Mais elle dépend du contexte, des moyens et des opportunités. Abdoulaye Wade a fait 25 ans dans l’opposition. Le PS est national. C’est le deuxième parti en termes de gestion des collectivités locales derrière l’APR. C’est l’œuvre des militants. Pourquoi maintenant, au nom d’un carriérisme de quelqu’un, vouloir envoyer le parti dans des aventures.
Le fait de désigner Khalifa Sall comme candidat du PS serait une aventure politique ?
Khalifa Sall n’est pas le candidat du PS. C’est un militant comme les 400.000 autres militants. Au nom de quoi, il devrait décider à la place des autres. Faites une comparaison rigoureuse de toutes les ressources humaines du PS, vous verrez qu’il est de loin le candidat idéal pour le parti.