Un collectionneur français ayant longtemps vécu au Sénégal a offert une grande partie de sa collection d’œuvres d’artistes sénégalais à Eiffage. Les œuvres ont été présentées au public avant-hier dans les locaux de l’entreprise.
‘’Cette donation est comme la mémoire de notre vécu historique restitué à la veille de l’ouverture du musée des civilisations noires’’. Ces propos sont du directeur de cabinet du ministre de la Culture et de la Communication. Rémy Sagna présidait avant-hier la cérémonie de présentation des œuvres offertes par le collectionneur Henry Barbier. Ce dernier a vécu 60 ans au Sénégal et est un spécialiste de l’art sénégalais des années 1980. ‘’Quand il est parti pour rejoindre la France, il avait décidé d’emmener avec lui toute sa collection.
Dix ans après, sa réflexion l’amène à penser que ses tableaux d’artistes sénégalais devraient revenir dans leur pays d’origine’’, se réjouit le directeur d’Eiffage Gérard Sénac. C’est ainsi que M. Barbier a gracieusement cédé 67 de ses tableaux qui viennent ainsi enrichir celle de la collection de l’entreprise suscitée. Laquelle compte désormais cent trente œuvres dont les murs de l’entreprise servent de cimaises. ‘’Nous sommes très fiers qu’un passionné ayant habité aussi longtemps au Sénégal comprenne notre action culturelle et sache reconnaître ceux qui partagent cet amour pour l’art’’, se félicite M. Sénac. Car, ce don n’est pas guidé par une amitié ou des liens affectifs. ‘’Nous ne connaissions pas Henry Barbier et nous ne lui avons fait aucune proposition à ce sujet’’, assure-t-il.
Avant-hier, les toiles de la donation de M. Barbier ont été présentées au public. Elles sont les œuvres de 10 artistes sénégalais de la période 1980-1995. Des créations très diverses qui vont de la peinture abstraite à travers des tableaux de Souleymane Ouologun, d’Iba Ndiaye ou encore de Noumoukou Camara, au figuratif avec Amadou Bâ. De la récupération, on en trouve aussi dans la collection grâce par exemple au travail de Serigne Ibrahima Dièye. Que de grands noms des arts plastiques qui, avec ces œuvres, ‘’démontrent leur talent et leur savoir-faire à la postérité’’, selon M. Sagna.
En outre, l’acte de M. Barbier ‘’s’inscrit dans une dynamique qu’il faut encourager. Ce qui marque un retour de nombreuses œuvres d’artistes sénégalais au pays. C’est extrêmement important. Un artiste me disait un jour que sa crainte est d’être obligé d’aller voir ses œuvres dans des musées étrangers. Cela le désolait. Aujourd’hui, on a le sentiment qu’il y a une prise de conscience et la nécessité d’un retour de ces œuvres-là qui viennent conforter l’effort d’acquisition de l’Etat’’, indique M. Sagna. Même s’il est d’avis que vendre des œuvres à des étrangers est aussi une action de promotion de la création des acteurs en sus d’être une loi du marché.