Le maire de Médina Bamba Fall et ses huit autres compagnons, déférés au parquet dans le cadre de l’affaire du saccage à la maison du Parti socialiste, lors du bureau politique du 05 mars dernier, vont passer ce week-end au commissariat central de Dakar après avoir bénéficié d’un troisième retour de parquet. Leur confrontation avec le doyen des juges hier, vendredi 6 janvier s’est terminée en queue de poisson après que leurs avocats ont décidé de bouder l’audience, suite à un différend sur la question des procédures.
Le calvaire continue pour le maire de Médina Bamba Fall et ses huit autres compagnons déférés au parquet dans le cadre de l’affaire du saccage à la maison du Parti socialiste, lors du bureau politique du 05 mars dernier. Après un deuxième retour de parquet dans le cadre de la plainte déposée par la direction de leur parti, ces militants et responsables socialistes ont été confrontés hier, vendredi 6 janvier, à un troisième retour de parquet.
L’audience de confrontation entre les neuf militants socialistes déférés dans le cadre de cette affaire et leurs avocats avec le doyen des juges s’est terminée en queue de poisson. La pomme de discorde entre les deux parties, selon les avocats des militants socialistes, subsiste dans le refus du doyen des juges de se plier aux dispositions de l’article 5 du règlement 5 de l’Union économique et monétaire des États d’Afrique de l’Ouest (Uemoa), relative à la présence de l’avocat dès les premières heures de l’interpellation des personnes.
«Le doyen des juges a dit qu’il ne donne pas la parole aux avocats pour poser des actes et demander la liberté provisoire pour leurs clients. Cela constitue une violation grave des droits de nos clients. C’est la raison pour laquelle, nous nous sommes concertés, nous les avocats de la défense de Bamba Fall et autres pour boycotter l’interrogatoire de nos clients et quitter le bureau du doyen du juge pour lui signifier que nous ne sommes pas des meubles en son cabinet. Mais que nous entendons exercer pleinement nos prérogatives de conseils et que si les droits de nos clients sont violés, nous nous retirons et c’est ce que nous avons fait», a expliqué Me Abdoulaye Diouf qui a rejoint le pool des avocats de la défense.
Selon lui, c’est ce boycott des avocats de la défense qui a obligé le doyen des juges d’instruction à prendre la décision de servir un troisième retour au parquet pour leurs clients puisqu’étant dans l’impossibilité de continuer à les entendre. Abondant dans le même sens, un autre avocat de la défense qui a demandé à garder l’anonymat déclarera : «La loi communautaire dit que l’avocat assiste et défend son client dès la première comparution. L’assistance d’un avocat est obligatoire en matière criminelle. Et comme le doyen des juges refuse que les avocats se prononcent sur les mesures de détention, nous avons décidé de quitter».
Et d’ajouter dans la foulée : «Dans la justice, il y’a pas de relations d’hiérarchie ou de subordination entre les avocats et les juges. Les avocats sont des acteurs qui concourent à la distribution de la justice avec des rôles. Maintenant, si on ne nous fait pas jouer le rôle que nous donne la loi, nous refusons de participer à telle procédure parce que c’est une violation des droits de la défense. Comme le juge a décidé de violer la loi, nous avons décidé de nous retirer. C’est ce qui fait qu’il est bloqué et il ne peut rien faire sinon de faire retourner les déférés à la police. Tant les droits de nos clients ne sont pas respectés, aucun avocat ne mettra les pieds dans le bureau du juge».