L’opposition ira au scrutin législatif de cette année avec un handicap certain. Car il ne fait aucun doute que les quinze nouveaux députés tomberont dans l’escarcelle du président de la République qui a toujours remporté le vote des Sénégalais de l’étranger depuis 2012.
Les élections législatives prévues, en principe, le 2 juillet prochain sont parties pour être déséquilibrées. Le président de la République et la mouvance présidentielle, Benno Bokk Yakaar, partent avec une avance très confortable de quinze parlementaires. Car il ne fait aucun doute que ces quinze nouveaux parlementaires tomberont dans l’escarcelle de la mouvance présidentielle.L’opposition incarnée par le Front Manko Wattu Sénégal et le pouvoir étaient en désaccord sur la provenance des députés de la diaspora. Manko voulait qu’ils proviennent des 150 députés pour ne pas augmenter leur nombre, alors que Benno Bokk Yakaar, qui a finalement obtenu gain de cause, souhaitait une augmentation des parlementaires.
Et, s’il tient absolument à l’élection de quinze députés de plus au profit de la diaspora, c’est parce que le chef de l’Alliance pour la République (Apr) et chef de l’Etat sait que ces Sénégalais de l’étranger, dans leur écrasante majorité, lui sont favorables. A preuve, depuis 2012, Macky Sall a largement remporté leurs suffrages. Lors de la présidentielle de 2012, la coalition Macky 2012 avait gagné haut la main la quasi-totalité des pays.
Lors du premier tour de février, dans un centre de vote de Paris qui compte 30 309 inscrits pour 51 bureaux de vote, Macky Sall a obtenu 39,91 % des voix, Wade 19 %, Niasse 17,37 %, Ibrahima Fall 9,10 %, Ousmane Tanor Dieng 7,22 %. (Source internet). Pendant le second tour de cette même présidentielle, la coalition Benno Bokk Yakaar incarnée par Macky Sall a également gagné ce même centre vote.
En outre, avant-hier, des députés de l’opposition ont voté contre cette loi parce qu’ils craignent une fraude à l’étranger de la part de la mouvance présidentielle. On se souvient que lors du référendum du 20 mars 2016, l’opposition avait accusé la mouvance présidentielle de «fraude massive», notamment à l’étranger. Sidy Fall, le coordonnateur du Front pour la défense de la République (Fpdr) France avait dénoncé «un bourrage massif» des urnes à Paris. Selon lui, le président de la Decena en personne, avait avoué, devant la presse, que de mémoire d’homme, il n’a jamais assisté à une élection aussi mal organisée, qui témoigne d’une impréparation totale. «De nombreux présidents de bureaux de vote et assesseurs, triés sur le volet, ne disposaient ni de carte nationale d’identité, ni de carte d’électeurs, en totale violation des dispositions du code électoral. Plus de 15 000 électeurs sénégalais inscrits sur les listes n’ont pas été autorisées à voter, faute de révision des listes électorales. Tous ces éléments attestent de la réalité d’une fraude massive, planifiée au plus haut niveau de l’état, aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger», dénonçait-il dans un communiqué.
Ici, au Sénégal, la coalition Gor sa wax ja avait elle-aussi dénoncé des fraudes à l’étranger. Le coordonnateur national de la coalition du «NON», «Gor Ca Wax Ja», Mamadou Diop Decroix, avait d’ailleurs saisi le président de la Commission électorale nationale autonome (Cena) d’une plainte datée du 21 avril 2016, où il dénonçait le nombre des bureaux de vote à l’étranger qui est passé de 653 (carte électorale 2012) à 1213 et l’existence de «votes hors bureaux originels». «Gor Ca Wax Ja conteste également le choix dans les centres de vote de représentants de la Cena parmi des militants et responsables avérés de l’Apr, la conservation pendant 9 jours par le Consul général du Sénégal à Pointe Noire, des 7 urnes contenant les votes non dépouillés et son refus catégorique de rendre inutilisable, à défaut de les détruire, les restes des bulletins et des enveloppes, etc», dénonçait-il encore, lors d’une conférence de presse. Mais le vin est tiré, la loi a été votée et l’opposition qui a été mise devant le fait accompli devra faire avec un tel handicap.