Les quotidiens Enquête et Sud Quotidien reçus ce mercredi à l’APS passent à la loupe la manière du président Macky Sall de faire de la politique.
Le chef de l’Etat, leader de l’Alliance pour la République (APR), est en train de dérouler une "gouvernance politique unilatérale", affirme Sud Quotidien.
De la manière dont Macky Sall mène la lutte contre la "délinquance financière", de son "putsch sur les réformes institutionnelles", de sa "modification ‘tendancieuse’ du règlement intérieur de l’Assemblée nationale", parmi d’autres angles d’analyse, le même journal conclut que "tel un ouragan, il balaie tout sur son passage".
"Ce n’est donc pas étonnant que Macky Sall soit le premier président de la République à gouverner le Sénégal sans pour autant avoir une majorité à l’Assemblée nationale, où les députés de l’APR sont au nombre de 62 sur 150", analyse Sud Quotidien.
Enquête se base sur le référendum constitutionnel de mars 2016, le "dialogue national" lancé l’an dernier et la récente augmentation du nombre des députés passé de 150 à 165 pour considérer le leader de l’APR comme un spécialiste de "l’art du bluff".
"Le président de l’Alliance pour la République déroule tranquillement [sa politique] devant une opposition qui semble atomisée par les tours de passe-passe d’un Macky Sall en mode prestidigitateur", écrit le même journal.
Mais "Macky Sall gagnerait à ne dormir que d’un seul œil", car "la masse silencieuse (le peuple, Ndlr) ne dort jamais, elle observe et décide le moment venu", avertit Sud Quotidien.
Le docteur en sciences politiques Maurice Soudieck Dionne dit la même chose en d’autres termes : "Aujourd’hui, le peuple sénégalais est difficilement manipulable au plan politique".
Ces analyses découlent de l’augmentation de 15 députés sur l’effectif total actuel (150) de l’Assemblée nationale, une décision votée lundi par la chambre parlementaire. Une décision derrière laquelle une bonne partie de la presse sénégalaise voit la main du chef de l’Etat, Macky Sall.
Le Quotidien aussi voit dans cette mesure "des pièges" tendus à l’opposition par le leader de l’APR. "Au-delà du débat sur l’opportunité ou non de l’augmentation du nombre des députés, Macky Sall glisse là un traquenard sur lequel l’opposition risque de tomber", écrit le même journal.
Les 15 députés de plus que comptera l’Assemblée nationale lors de la prochaine législature "vont coûter six milliards de francs CFA par an". WalfQuotidien, qui tient cette comptabilité, se désole que ces "nouveaux types d’élus", les 15 députés chargés de représenter les Sénégalais vivant à l’étranger, "risquent d’être des touristes politiques de luxe, dont les billets d’avion [et] les frais de séjour (…) seront payés par l’Assemblée nationale".
Les manœuvres politiques du chef de l’Etat ont peut-être coûté cher au Parti démocratique sénégalais (PDS), qu’il a défait à l’élection présidentielle de février-mars 2012.
"Décadence et défaut d’animation", titre L’Observateur, qui fait l’état des lieux de l’ex-parti au pouvoir aujourd’hui "plongé dans une léthargie et noyé dans des coalitions".