L'Assemblée nationale sénégalaise a voté une loi permettant l'élection de 15 parlementaires pour la diaspora, portant à 165 le nombre total de députés élus, ont annoncé mardi des élus de la majorité et de
l'opposition.
Le projet de loi, qui fait suite à la révision constitutionnelle validée par référendum le 20 mars 2016, a été adopté lundi à main levée. "On n'a pas compté le nombre de voix", a indiqué une source à l'Assemblée nationale.
Le texte a été validé "à une écrasante majorité" des députés présents, a déclaré Moustapha Diakhaté, député et président d'un groupe parlementaire de la majorité. Il "va permettre à la diaspora d'élire des députés issus" de son
sein, "c'est une avancée pour la démocratie".
Des députés de l'opposition ont voté contre ou se sont abstenus, estimant qu'il n'était pas nécessaire d'augmenter le nombre de députés car cela entraînera des rémunérations supplémentaires qui pourraient être consacrées à d'autres besoins du pays de 13 millions d'habitants.
La création des 15 nouveaux sièges entraîne celle de huit nouveaux départements électoraux à l'étranger, selon le ministre de l'Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo.
D'après le ministre, la diaspora contribue pour plus de 900 milliards de francs CFA (près de 1,38 milliard d'euros) par an à l'économie nationale", soit "près du tiers du budget" de l'Etat pour 2017.
"Les Sénégalais résidant à l'étranger n'ont jamais fait l'objet de recensement", a indiqué la direction des Sénégalais de l'Extérieur, qui dépend du ministère des Affaires étrangères. "Cependant, les immatriculations et les
recensements généraux de la population nous permettent de faire des projections comprises entre 2,5 et 3 millions de Sénégalais établis à travers le monde".
Thierno Bocoum, député du parti d'opposition Rewmi, a "voté contre le texte", considérant qu'augmenter le nombre de députés "est une décision inopportune et qui ignore totalement les priorités du pays". Lors de discussions préalables, l'opposition avait estimé "qu'il fallait insérer les 10 députés prévus dans les 150 sièges déjà existants en procédant à un aménagement" des textes.
Le Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), formation de l'ex-président Abdoulaye Wade, envisage "d'attaquer ce projet de loi devant le Conseil constitutionnel", a indiqué un de ses députés, Oumar Sarr.
Selon Moustapha Diakhaté, membre de la majorité, le texte voté doit être transmis au Conseil constitutionnel "pour (en) vérifier la constitutionnalité".
L'Assemblée nationale a par ailleurs adopté lundi, à l'unanimité, un projet de loi sur la refonte des listes électorales. Les modifications permettent aux candidats indépendants de se présenter aux élections locales.
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