Rails, routes, aéroports, ports, autoroutes et nouveaux chemins de fer, le tout sur un fond d’énergies plus maîtrisées qu’avant, voici les nouvelles marques de cette Afrique qui bouge et qui a décidé de tourner le dos à ces mirages du passé pour vivre concrètement, un développement plus humain et plus durable. Le temps presse pour tout le monde. Les années passent vite et avec elles, des challenges et des objectifs jamais ou rarement atteints. Il semble venu dans toutes les cours présidentielles, royales ou les palais, de vaincre le sort, et de tenter le «diable» à tout prix et à tous les coûts.
Pour montrer la voie, quelques pays donnent le ton. Ils ont noms : Ethiopie, Kenya, Gabon, Guinée Equatoriale, mais encore le Maroc qui semble être un peu plus en avant que les autres. Au pas de course, ce pays montre la voie à tous. Avec près de 1800 km d’autoroutes, quelques centaines de kilomètres de trains à grande vitesse, le pays est en avance sur nombre d’autres territoires du continent, à la grande satisfaction d’une population qui accompagne, dans les idées comme dans l’action, le travail du Roi Mohamed VI et des gouvernements qui se sont succédé ces dernières années.
Un monde qui bouge : l’Afrique. 2016 finit tranquillement et 2017 pointe déjà. Et dans tout ce continent, du nord au sud et d’est en ouest, le débat de fond qui prend forme avec les projets, porte principalement sur l’avenir, c'est-à-dire, demain et les villes durables. Au Sénégal, le Président Macky Sall avance à grands renforts de publicité autour du Ter en direction de l’aéroport de Diass. D’autres esquisses existent sur l’axe Dakar-Tambacounda-Ziguinchor. Un pays qui change de direction également en matière de développement et de modernisation des infrastructures, tout en cherchant à innover dans tout avec l’émergence de cité dite numérique, mais également la réalisation grâce à la magie des sources d’énergies nouvelles et renouvelables, de villes plus vertes pour ne pas dire, plus durables.
Un pays qui se veut sur la voie de l’émergence, le Sénégal change. Mais dans le genre, il y en a d’autres qui ont donné le ton depuis des années, en particulier, le Maroc qui vient de terminer les Medays 2016 autour de thèmes aussi variés et intéressants, que la mobilité urbaine, les transports, les infrastructures ; mais encore, à propos de l’électrification totale du continent d’ici 2030, les questions énergétique et «l’illumination» du continent à tous les coups pour sortir des ombres et entrer dans le temps des lumières. Un véritable défi à venir, tout le monde se met aujourd’hui à l’heure des grands chantiers et infrastructures ; choses que les mesures de l’ajustement structurel avaient contribué à sortir du vocabulaire des hommes et femmes politiques, mais encore, dans l’imaginaire de la génération des dirigeants qui ont vécu également la sortie des années d’indépendance.
Emergence, le Maroc, au-delà de tout discours, semble sur la voie. Un simple regard sur l’axe Casablanca-Tanger en donne un aperçu. Le pays, sur 300 kilomètres, a terminé depuis quelques années une des meilleures réalisations autoroutières du continent. Casablanca-Tanger, c’est presque qui dirait, un Dakar-Ziguinchor, en autoroute avec des raccourcis à partir de Kaolack. Une route sans butte, plate et bien organisée pour l’ambiance à travers ses aires de repos, de restauration, et de prières. Le réseau des autoroutes marocaines est long de 1 792 km, c'est le plus dense réseau autoroutier en Afrique du Nord1.
L'autoroute Casablanca - Rabat A 3 fut la première autoroute à être lancée au Maroc avec la conception de la première tranche (33 km) Casablanca-Oued Cherrat, ouverte dès 1978, la même autoroute a été complétée jusqu'à Rabat en 1987 puis mise sous péage en 1991. Le dernier tronçon autoroutier ouvert à la circulation est le tronçon El Jadida-Safi qui fait partie de l’autoroute A 5 et qui a été inauguré le 4 août 2016. Ce tronçon de 143 km de long permet de prolonger l'autoroute côtière atlantique de Tanger jusqu'à Safi sur une longueur de 605 km.
Le réseau autoroutier marocain est exploité par la Société nationale des autoroutes du Maroc (Adm) qui est membre de l’Asecap. La vitesse maximale autorisée sur l'ensemble du réseau est de 120 km/h. En 2011, les autoroutes marocaines drainent plus de 20% de l'ensemble de la circulation avec un chiffre d'affaires dépassant les 2 milliards de MAD4. Le réseau de l'ADM est certifié ISO 9001 version 2008 avec toutes les normes de sécurité, d'assistance et ses 59 aires de repos et services5.
En plus des 1 792 km d'autoroutes à péage, le Maroc dispose également d'un réseau de 770 km6 de voies express gratuites qui est censé atteindre 1 600 km à fin 2016. Aujourd'hui 60% de la population marocaine est directement reliée par une autoroute et toutes les villes de plus de 300 000 habitants sont rattachées au réseau autoroutier7. Voilà ce que le Maroc donne comme leçon aux autres avec des limitations de vitesses qui empêchent certains accidents.
L’ENERGIE, NOUVEAU CREDO DU DEVELOPPEMENT DURABLE
Gérer les territoires et les terroirs en fonction de leurs richesses et de leurs potentialités, voilà qui inspire les dirigeants actuels en Afrique. Pour le Gabon, c’est le bois. Pour le Maroc, les énergies solaires et éoliennes. Les générations de présidents et de rois changent, les territoires du continent aussi avec eux. L’on s’est beaucoup émerveillé du train-métro d’Addis Abéba en Afrique de l’est mais quand on calcule tout le temps qu’on a mis pour le réaliser, l’on comprend que les dirigeants manquaient de génie et de courage pour s’engager sur ces voies alors qu’il s’agissait seulement, d’y penser et d’y aller avec nos moyens.
Concevoir des projets ambitieux pour des générations de Marocains, voilà le but de tous ces efforts au niveau des infrastructures. Et c’est dans ce contexte que le pays s’est lancé d’autres projets toujours plus ambitieux. C’est ainsi que le Maroc compte construire quatre nouveaux axes autoroutiers. Le comité directeur présidé par Aziz Rebbah, ministre de l’Equipement et du Transport et de la logistique "a validé les couloirs proposés qui feront l’objet des phases suivantes des études", annonce le département de tutelle. Le budget de réalisation des nouveaux axes autoroutiers, qui constitueront le socle de la nouvelle feuille de route prévue pour début 2017, est estimé entre 31,5 et 44,5 milliards de dirhams.
Les futurs axes autoroutiers relieront : - Agadir-Guelmim, au sud du Maroc, Fès-Meknès à Tanger-Tétouan (centre-nord), Safi à Marrakech et Béni Mellal (sud) et Rabat à l’aéroport Mohammed V (centre-ouest). Le Maroc change depuis une vingtaine d’années ; elle va poursuivre son ascension du moment qu’aujourd’hui, le véritable débat n’est plus de savoir si on peut, mais quand on a envie de le faire. Vendre le label Maroc est même devenu un sujet qui fascine, que l’on parle des succès de la Royal Air Maroc et des aéroports de Marrakech, de Tanger, de Rabat ou de Casablanca. Et pendant les Medays, tenu du 7 au 10 décembre dans la belle ville de Tanger, ce sujet a été consacré à tout un panel ; histoire de vendre ce que le Maroc a de beau, dans ses infrastructures, sa culture, sa nourriture ; cela dans le but simple de donner un coup de pouce au secteur touristique. Mais, encore, autres sujets, c’est le développement urbain fulgurant que connaît ce pays au niveau de toutes ces villes dotées chacune des infrastructures qui n’ont rien parfois à envier aux pays développés en termes de trafic portuaire, de système de transports, de fret maritime ou aérien, mais encore en termes d’agriculture durable et d’élevage. Un pays qui fascine. Et comme modèle, le Sénégal a de qui tenir un bel exemple et avancer.
LE RAIL OU LA VOIE DE LA MODERNISATION REELLE
Au même moment, le pays pose des rails électriques sur le même chemin avec comme ambition, de lancer sur ces lignes, le prochain Train à grande vitesse (Tgv). Au Maroc, l'Oncf a lancé les premiers essais dynamiques en conditions réelles de circulation du Tgv qui doit relier Tanger à Casablanca l'an prochain. Longue à terme de 400 km en double voie, la ligne dont le coût se chiffre à plus de 1,8 milliard d'euros permettra de relier Tanger à Casablanca en 2h10mn à une vitesse maximale de 320 km/h. Un premier tronçon Lgv de 200 km reliera Tanger et Kenitra, ville de la côte atlantique qui va accueillir la future usine Psa en 2019.
Ce projet a pris du retard dû à des difficultés d'expropriation du foncier sur le tracé Tanger - Kenitra. Prévue pour 2015, la mise en service devrait intervenir à l'automne 2017. Outre Alstom, de nombreuses entreprises françaises (Colas, Egis, Thales...) participent à ce projet né d'un contrat d'Etat franco-marocain en 2010. La Sncdf est aussi impliquée au premier chef. Les premiers conducteurs du Tgv marocain ont débuté leur formation en France. Pour rappel, l'Oncf et la Sncf ont créé une société conjointe pour la maintenance des Tgv avec un contrat de 175 millions d'euros sur 15 ans. Le 19 septembre dernier, le roi du Maroc et François Hollande avaient ensemble inauguré l'atelier de maintenance des Tgv à Tanger. La ligne à grande vitesse (Lgv au Maroc devrait connaître ses premiers voyages commerciaux avant juin 2018, a indiqué Mohamed Rabie Khlie, Directeur général de l'Office national des chemins de fer (Oncf). Quinze départs quotidiens dans chaque sens seront programmés. Ça se précise.
LIGNE TANGER - CASA DU TGV AU MAROC : Le pari fou d’un pays émergent
La Lgv Tanger - Kénitra est une ligne à grande vitesse marocaine en construction, mesurant 200 kilomètres. Elle entrera en service en 2018.Cette ligne à grande vitesse est le premier maillon du projet marocain de Lgv visant à doter le pays à horizon 2030 de 1 500 km2 de lignes ferroviaires à grande vitesse. Ce projet de nouvelles lignes comprend deux axes : Casablanca-Oujda en 3 heures (ligne maghrébine, 600 km) et Tanger-Casablanca-Agadir en 4 heures (ligne Atlantique, 900 km). La liaison Tanger-Kenitra (200 km) 4 est la première étape de ce projet Lgv Atlantique marocain. D'autre part, les études préliminaires à la réalisation du tunnel de Gibraltar en cours permettent d'envisager une liaison ferroviaire Afrique-Europe rendant possible une liaison Lgv Rabat-Madrid en quatre heures et Rabat-Paris en huit heures. À priori le tracé privilégié côté espagnol correspondrait à l'axe Tanger-Algésiras-Antequera-Madrid6 dont il reste environ 150 km de Lgv à accomplir au lieu de se servir de la Lgv Cadix-Séville située à 50 km des côtes marocaines et qui est en cours de finalisation, puis d'emprunter la première Lgv espagnole Lgv Madrid-v0Séville édifiée en 1992 à l'occasion de l'exposition universelle. Cette ligne s'inscrit donc aussi dans la continuité des projets ferroviaires à grande vitesse européens sous le nom de la Lgv Transversale (ou Scandinavie-Maroc) dont les extrémités sont Stockholm et Casablanca qui traverse sept pays en seize heures, selon le tracé suivant : Stockholm-Copenhague-Cologne-Bruxelles-Paris-Madrid-Tanger-Casablanca. La majeure partie de cet itinéraire ferroviaire à grande vitesse est dorénavant achevé sur 3 000 km environ allant de Hambourg à l'encablure de la pointe sud espagnole. Au-delà de l’Allemagne vers la Scandinavie et en dessous de la pointe sud ibérique, les projets de tunnels respectivement des détroits de Fehman et de Gibraltar sont constamment évoqués et repoussés au-delà de 2020.
LIGNES D’HORIZONS : Aller au-delà des vieux complexes
Voilà bien un titre qui symbolise aujourd’hui ce que pourrait être les relations entre le nord et le sud de la planète. Sur un continent de plus de 30 millions de kilomètres carrés, plus grand que l’Europe et les Amériques réunies, il semble que les avatars du passé et de la colonisation ont longtemps bloqué toutes les formes de tentatives des Africains à aller de l’avant. Cela au détriment de leur système d’éducation, de la conception d’un leadership réel parce que plus intelligent ; mais encore au prix de l’émancipation de leur peuple dans la propension à devenir et à être de véritables acteurs du développement et de vrais inventeurs.
L’architecte et inventeur MBacké Niang, lors d’une conférence que nous animions ensemble dans un des amphithéâtres de l’Université de Dakar, affirmait que «le colon avait réussi, de faire de nous, un peuple de peureux devant l’innovation, en limitant comme des animaux qui n’avaient ni tête encore moins des bras pour inventer le moindre produit industriel…) sous le signe de la rigolade, on en avait ri, mais que n’avait-il pas raison quand on voit que depuis la fin de la colonisation, les rares véhicules conçus par des Africains dont, un au Ghana, avait pour nom «Tortue ». La peur de l’imagination créative. Et pendant cinquante ans, les véritables batailles entre hommes et quelques femmes d’Etat fut de savoir qui parviendra à arriver au sommet de l’Etat, cela dans son seul unique intérêt ou encore de ses partisans soi-disant…
Nos premiers hommes d’Etat, s’ils refusaient d’être des valets des colons étaient simplement vomis des cadres d’épanouissement des colons. Un homme comme le professeur Cheikh Anta Diop, en a fait les frais. Le savant qu’il est devenu avant sa mort, n’a jamais pu se passer de cette méprise, pour un homme, chercheur, et grand polémiste sur la protohistoire et l’histoire du continent qui a toujours mis en avant ses convictions pour défendre l’idée d’une autre Afrique que celle présentée dans les livres d’histoire. Lui écrivait d’autres ouvrages plus fins, plus élaborés que nombre d’historiens blancs ou occidentaux. Dans son rêve, il a été premier à nous «vendre» l’idée de véhicules électriques ou qui fonctionnent à l’hydrogène.
Changeons de monde, tout en maintenant les acquis du passé ; voilà ce qui a été le credo depuis 2015. Mais cheikh avait déjà pris de l’avance lui. L’histoire de Cheikh que le dernier documentaire d’Ousmane William Mbaye, étonnant documentariste, (après celui consacré au Président Mamadou Dia) a voulu remettre dans l’ordre normal des choses, la vie et l’œuvre d’un homme de valeur avec les éclairages de son épouse, mais encore d’un lumineux guide comme Boubacar Boris Diop. Le regard de l’universitaire et du romancier était nul doute beaucoup plus lucide que ceux qu’ont voulu nous laisser les colons, leurs suivants et leurs valets africains.
Lire «Le dessous des cartes », pour paraphraser notre cher confrère Jean Christophe Victor, décédé ce vendredi (hommage à ce géographe de talent salué pour son expertise par le Président François Hollande) était devenu une impérieuse nécessité pour nos hommes et femmes d’Etat. La centralité ici dans cette lecture étant articulée dans cette approche autour du territoire ou des territoires. L’Afrique en compte énormément, du nord au sud, d’est en ouest, pour bâtir des infrastructures impressionnantes mais utiles, avec comme seule mission qu’il s’agisse du chemin de fer, des autoroutes ou des grandes voies de passages, ou encore des aéroports et aérodromes modernes, «de rendre le beau plus fonctionnel et le fonctionnel plus beau. »
Pour dire simplement que tout le folklore et le tintamarre qui ont précédé et accompagné la dernière visite du Président Sall en France et dans les ateliers d’Asltom, pourraient être passés sous silence, si le résultat aboutit à cette formule qui consiste à bâtir définitivement et durablement des territoires solides et économiquement plus viables. Sur le chemin des infrastructures, une autoroute entre Dakar-Tambacounda et Ziguinchor, ne serait-elle pas la véritable porte de l’émergence, comme les Marocains l’ont réussi entre Casablanca et Tanger sur 300 km. Les dessous de cartes, malgré le départ de Jean Christophe Victor, pour le repos éternel, d’un homme de science, seront là pour servir de guide. A bon entendeur…