Désormais, il n’est plus question d’exercer n’importe comment la médecine. L’ordre national des Médecins du Sénégal a décidé de sévir pour assainir sa profession.
La médecine est de plus en plus confrontée à des exercices illégaux. Du charlatanisme aux erreurs médicales en passant par la surfacturation et le mauvais traitement, rien ne rebute ces mauvais pratiquants. A cela, l’Ordre National des Médecins du Sénégal (Onms) veut mettre le holà. En conférence de presse hier, ces professionnels de la santé (dont également l’ordre des pharmaciens et l’ordre des médecins vétérinaires) sont montés au créneau pour dénoncer les pratiques illégales de la profession. Selon le président de l’Onms, Docteur Alpha Boubacar Sy, l’Ordre des médecins est garant du maintien de la compétence du corps médical. Il lui appartient d’établir un tableau auquel ne peut être inscrit que les docteurs en médecine qui remplissent les conditions de la médecine. Une inscription obligatoire pour quiconque veut exercer le métier hormis les médecins de l’armée.
L’article 1er de la loi N°66-069 du 4 juillet 1966 instituant l’ordre édicte les trois conditions que doit remplir le prétendant à l’exercice de la médecine. Celle de technicité qui dit que nul ne peut exercer la médecine s’il n’est titulaire du diplôme sénégalais de docteur en médecine ou d’un diplôme étranger reconnu équivalent. La deuxième est qu’il faut être de nationalité sénégalaise, ou être de la nationalité d’un pays qui a passé avec le Sénégal une convention impliquant le droit d’établissement au Sénégal des médecins nationaux dudit pays. La troisième est l’inscription obligatoire au tableau de la ou des sections de l’Ordre des médecins correspondant au mode d’exercice de la médecine qu’il pratique. ‘’L’absence d’un de ces trois critères place automatiquement le praticien dans l’exercice illégal de la médecine qui est un délit pénal’’, explique le vice-président/secrétaire général de l’Onms, Joseph Mendy.
Seuls 1 007 médecins inscrits à l’Onms
Selon toute vraisemblance, ils sont nombreux les médecins sénégalais exerçant dans l’illégalité. Car actuellement, seuls 1 007 sont en règle. C’est-à-dire sont inscrits à l’Onms. Le vice-président d’expliquer, qu’avant les années 2006, les médecins inscrits à l’Ordre étaient de l’ordre de 150 à 200. A partir de 2006, il y a eu une prise de conscience des médecins par rapport à la nécessité de protéger la profession. Ainsi, l’inscription est passée de 200 en 2006 à 500 et 600 médecins pendant une dizaine d’années. ‘’Ce ne sont pas tous les médecins qui exercent au Sénégal qui sont inscrits. Il reste beaucoup de médecins non inscrits. La non-inscription ouvre au non-respect des pratiques de santé, du point de vue de l’accès aux soins, des mauvais diagnostics, des mauvais traitements délivrés aux patients jusqu’à la prise en charge financière, avec des surfacturations que la population ne saurait supporter’’, a-t-il soutenu.
L’ordre est scindé en deux groupes. Le premier, qu’on appelle la section A, regroupe tous les médecins qui exercent dans le secteur public (l’hôpital, le district etc.). La section B regroupe les autres qui exercent dans le secteur privé (cabinet, clinique, ONG). ‘’Nous avons 660 médecins inscrits dans le tableau A, et 347 inscrits dans le tableau B. Ce qui représente en valeur absolue 60% des médecins inscrits qui sont en règle. C’est-à-dire 1 007 inscrits’’.
Fermeture des cabinets qui ne sont pas dans les normes
L’autre conséquence de la non-inscription à l’ordre, c’est la montée en puissance du charlatanisme. Ce qui est plus grave, a souligné Dr Mendy, est qu’on voit des personnes qui viennent d’Outre-mer s’installer au Sénégal. ‘’On a des dizaines de bilan déposées à l’Ordre par des médecins. On ne sait pas qui fait quoi dans ces cabinets. Cette pratique ne concerne pas que ces personnes. Elle concerne parfois nos collaborateurs mêmes. On se rend compte de la prolifération des cabinets. Il y aura des mesures bientôt, des campagnes de vérification, de contrôle. Les cabinets qui ne sont pas dans les normes seront fermés.’’
Le médecin qui exerce illégalement, non seulement peut être poursuivi par une Cour pénale, a précisé Dr Mendy, mais il y a des sanctions disciplinaires par des instances présidées par des magistrats qui ont valeur de tribunal de première instance. Ces commissions disciplinaires peuvent prononcer un avertissement. Elles peuvent prendre une sanction de radiation temporaire, comme elles peuvent décider d’une radiation définitive. ‘’Ce qui veut dire que vous êtes déchu de votre titre de docteur traitant en médecine. Du point de vue pénal, il peut y avoir une condamnation de trois mois avec sursis, ou une amende allant jusqu’à 200 000 francs. Ou alors une condamnation ferme de 2 à 3 mois de prison.