Afin que Saint-Louis ne passe pas de la liste du patrimoine mondial classé par l’Unesco à celle du patrimoine en péril, l’Etat du Sénégal est prêt à tout. Après une menace de l’institution suscitée de déclasser la vieille ville, un conseil interministériel s’est tenu au secrétariat général du gouvernement sur la question.
‘’Je vais convoquer une autre réunion en fin février en comité restreint. On verra où en est la matérialisation des résolutions prises aujourd’hui. Donc, si en juillet 2017 nous sommes déclassés, nous n’en voudrons qu’à nous-mêmes’’. Ainsi, a prévenu le premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne hier au cours d’un conseil interministériel consacré à la sauvegarde de Saint-Louis, site du patrimoine mondial. Une réunion consécutive à la volonté de l’Unesco de déclasser la vieille ville. Une décision prise en juin dernier au cours d’une rencontre sur le patrimoine et au cours de laquelle a été notifiée au Sénégal l’urgence de mieux jouer son rôle d’Etat partie afin de sauver Saint-Louis qui, depuis 2007, risque d’être déclassé de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
L’ancienne capitale du Sénégal serait désormais sur celle du patrimoine en péril. Cela inquiète même les gouvernants. ‘’Ce serait extrêmement grave’’, juge M. Dionne. D’autant plus que cette situation découle d’un ‘’défaut d’entretien’’. Mais le Sénégal est bien décidé à changer les choses. L’une des résolutions phares, déjà en exécution d’ailleurs, est l’interdiction formelle des démolitions. Car, parmi les griefs soulevés par l’institution des Nations unies figurent une absence de plan de conservation ainsi que celui d’un projet urbain, un désordre environnemental et le manque d’entretien de nombreux sites. L’une des conséquences de toute cette anarchie est la destruction de la maison portugaise construite au 17e siècle. C’est cet acte même qui aurait fait réagir l’Unesco, selon le ministre de la Culture et de la Communication.
A en croire Mbagnick Ndiaye, certains sites vont être rénovés à l’instar de la grande mosquée de Saint-Louis située sur l’île et qui menaçait ruine. Ce qui entre dans le cadre du programme d’urgence de réhabilitation du patrimoine matériel de la première capitale sénégalaise. Aussi, un comité de gestion des sites va-t-il être mis en place pour mieux prendre en charge certaines préoccupations. Dans la même veine sera effectué un recensement du patrimoine privé et public. Le premier cité est le plus difficile à gérer, selon ceux qui ont pris part au conseil interministériel, et il concerne entre 180 et 200 sites. Il est aussi prévu de revoir avec l’Agence française de développement comment va être répartie l’enveloppe allouée à l’Etat du Sénégal dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine de Saint-Louis.
Le ministère de la Culture et de la Communication essaiera aussi de négocier une rallonge du programme le liant à l’AFD et qui prend fin dans les normes en 2018. Une restructuration du Fonds d’appui à la rénovation du patrimoine avec une identification des actions urgentes à mener figure sur le tableau des résolutions prises.
Par ailleurs, un rapport de tout cela doit être envoyé à l’Unesco avant le 1er février 2017. Et en mars ou en avril, une commission de ladite institution sera envoyée à Saint-Louis afin de voir le niveau de mise en œuvre des résolutions suscités. Le verdict final tombera en juin prochain. L’Unesco dira alors si Saint-Louis reste sur la liste du patrimoine mondial ou s’il va passer sur celle de la liste du patrimoine en péril.
Un Fonds d’appui au patrimoine créé
Natif de Saint-Louis, l’entrepreneur Amadou Diaw, propriétaire de l’institut supérieur de management (ISM), veut sauver le patrimoine de sa ville. C’est ainsi qu’il a élaboré un programme de sauvegarde du patrimoine qu’il a soumis à l’appréciation du gouvernement. Non pas pour être financé puisqu’il a décidé de le faire lui-même. En effet, il a accepté de mettre sur la table un milliard de F Cfa.
‘’Quand Amadou Diaw a décidé de sortir un milliard, le Chef de l’Etat a dit que si le privé réagit ainsi, l’Etat ne peut être en reste et a décidé de mettre à son tour un autre milliard. La mairie de Saint-Louis a tenu aussi à participer. N’étant pas très riche, elle a promis de donner 250 millions. On se retrouve avec un fonds doté de deux milliards et quelques millions’’, s’est félicité le premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne. Aussi, il a proposé que le projet de ce Fonds soit étalé sur trois ans et qu’un comité de gestion soit mis en place. Il revient, sur la demande du Pm, au maire de Saint-Louis Mansour Faye de piloter ce travail.