Après plus de deux mois sans salaires, les enseignants des corps émergents se disent prêts à faire face au gouvernement. Ils déplorent aussi l’absence de solidarité et de soutien des organisations. Le ministère de l’Education exprime sa désolation et interpelle le ministre des Finances.
Les enseignants des corps émergents (vacataires et professeurs contractuels) continuent de réclamer leurs salaires. A la fin du mois de décembre, ils seront à trois mois d’arriérés. Face à cette situation, ils menacent d’aller en grève si le problème n’est pas résolu. Contacté hier par EnQuête, le porte-parole des contractuels du lycée de Yoff, Ngesso Kâ, dévoile leur stratégie. ‘’Nous sommes en train de nous réunir pour voir comment faire pour que l’Etat règle cette situation. Nous allons voir d’ici demain (aujourd’hui). Si rien n’est fait, nous allons prendre notre destin en main et nous n’écartons pas d’aller en grève’’, prévient-il.
Déjà, selon lui, certains professeurs dans son lycée ont déserté les salles de classe, faute de moyens. Il trouve cela inadmissible et condamne cet acte du gouvernement. Il déplore aussi l’attitude des organisations syndicales qui tardent à réagir. ‘’Nous ne savons pas pourquoi ils ne réagissent pas jusqu’à présent. S’ils ne le font pas, partout le désordre va régner, des mouvements de grève vont se déclencher dans les établissements. Les enseignants vont se lever et entamer un bras de fer contre l’Etat’’, prévient-il.
Le directeur de la Formation et de la Communication du ministère de l’Education nationale avoue presque l’impuissance de la tutelle. Mamadou Moustapha Diagne explique que la mise en place d’un logiciel au ministère de l’Economie et des Finances a impacté sur le traitement salarial des contractuels. ‘’Un dysfonctionnement a été enregistré à ce niveau lors du test de ce logiciel pour le traitement des opérations financières’’, explique-t-il.
Ministère : ‘’Nous ne pouvons pas défendre le non-paiement des salaires’’
‘’Nous engageons les salaires, mais le Trésor les met à la disposition des banques. Ce sont elles qui payent. Il faudrait que cette bancarisation serve à quelque chose. Je crois qu’elles doivent anticiper sur certains risques’’, s’offusque-t-il. M. Diagne rappelle que l’obtention du salaire à temps est un droit le plus absolu chez le travailleur. Il exhorte ainsi le ministre de l’Economie et des Finances à trouver des solutions immédiates pour mettre fin à cette anomalie. ‘’Nous ne pouvons pas défendre le non-paiement des salaires. C’est sacré pour le travailleur qui a consacré tout son temps à son lieu de travail. Il faut nécessairement et dans le meilleur délai trouver des pistes de solutions.’’
En outre, M. Diagne s’inquiète des conséquences d’une telle situation sur le déroulement de l’année. Il prévient que ce dysfonctionnement ne doit pas perturber le système. Le souhait exprimé samedi dernier par l’inspecteur d’académie de Dakar, Ngary Faye, de nouer un partenariat avec Ecobank pour le paiement à temps des salaires des enseignants, rencontre son adhésion. Cependant, il estime que les banques devraient aider l’Etat dans ce sens. ‘’Il faut qu’elles assistent l’Etat à surmonter certaines difficultés’’, suggère le chargé de la formation et de la communication du ministère de l’Education nationale.