La Chambre criminelle d’appel de Dakar a infirmé hier le jugement de première instance rendu contre Abdoul Aziz Diop, le fils de l’ex-magistrat Taïfour Diop et ses co-accusés Joachim A. Monteiro et Mass Sakho. Ainsi, au lieu de 10 ans de travaux forcés, Abdoul Aziz Diop et Monteiro vont finalement purger cinq ans de travaux forcés tandis que Mass Sakho a été acquitté.
Abdoul Aziz Diop, le fils du magistrat à la retraite Taïfour Diop et ses co-accusés ont vraiment de la baraka. En plus d’être jugés en appel, 9 mois après leur jugement en première instance par la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar, hier, la décision prononcée contre eux a été infirmée. De ce fait, au lieu de 10 ans de travaux forcés, Abdoul Aziz Diop et Monteiro vont finalement purger cinq ans de travaux forcés pour vol en réunion commis la nuit avec effraction, usage d’arme, de violence et de véhicule. Plus chanceux, leur co-accusé Mass Sakho a été acquitté.
Les accusés ont été appréhendés suite au cambriolage de la maison de François Mathieu, un ressortissant français Directeur général d’une société à Dakar. Les faits se sont déroulés durant la nuit du samedi 14 au dimanche 15 juillet 2012, vers 3h du matin. Le gang composé d’Abdou A. Diop, Charles Rinaldo (26 ans), Joachim Monteiron (25 ans), Admilson R. Borges (30 ans), et Patrick Sémédo plus connu sous le nom d’Alex, avait fait irruption dans la maison de François Mathieu sise aux Maristes. Pour réussir leur coup, les cambrioleurs avaient pris le soin d’assommer le vigile d’un coup de crosse sur la nuque avant de défoncer la porte. Une fois à l’intérieur de la maison, ils ont tenu en respect François Mathieu qui avait été réveillé par le bruit. Sous la menace d’armes, ils l’ont obligé à composer le code secret de son coffre-fort.
Le Français s’est exécuté et les jeunes ont emporté les 3 millions de F CFA qu’il contenait, deux ordinateurs portables, autant de téléphones portables, ainsi qu’une chaîne et une bague en or. Manque de pot, au moment où ils s’apprêtaient à quitter les lieux, le vigile avait déjà repris connaissance et a alerté le voisinage. Si ses complices ont pu s’échapper, Abdou A. Diop a été appréhendé, après une course-poursuite de quelques minutes. Il a passé un sale quart d’heure entre les mains des voisins réveillés par le tohu-bohu. Acheminé à l’hôpital, il n’a été entendu que deux mois après par les éléments de la gendarmerie de Hann.
Auparavant, les gendarmes avaient mis la main sur Charles Rinaldo qui est passé aux aveux et a accepté de collaborer. Ainsi, il a contacté au téléphone ses acolytes et ses compatriotes en leur donnant rendez-vous au terrain Sacré-Cœur 3 pour le partage du butin. Le même jour, à 11 heures, Joachim Antonio Monteiro, Admilson Ribeiro Borges et Patrick Semedo, alias Alex, se sont présentés au lieu de rendez-vous et sont tombés dans le piège des pandores mais Semedo a réussi à s’échapper. Lors de leurs auditions, ils ont révélé que l’idée de faire le cambriolage a jailli lors d’une conversation entre Masse Sakho et Abdoul A. Diop. Le premier nommé avait dit au second qu’il connaissait des gens qui volaient facilement à leur père. Il avait donné l’exemple du fils de M. Mathieu que connaissait également A. A. Diop.
Au cours du procès en première instance, ce dernier a voulu faire croire à la chambre criminelle qu’il a été contraint par Joachim à défoncer la porte de l’appartement. Celui-ci, disait-il, avait pointé un couteau sur sa nuque. Il a laissé entendre qu’il ne voulait pas participer à ce cambriolage. Les autres ont également essayé de se dédouaner. Admilson, qui finalement a été acquitté, a expliqué qu’il a vu Abdou Aziz Diop, pour la première fois, à la gendarmerie. Il n’a pas participé au cambriolage. Il est resté dans le véhicule. Charles Rinaldo a lui dit qu’il devait recevoir la somme de 5 millions une fois le travail terminé. Masse Sakho a souligné lui, qu’il n’était pas sur les lieux, le jour des faits puisqu’il faisait la fête dans une boîte de nuit.
Entre aveux, dénégations et amendements
Hier, l’ex-étudiant en master 3 en droit des affaires et inscrit à l’université de Liverpool a servi la même version en écartant toute entente en vue de commettre un crime. Sakho a soutenu qu’il s’agissait d’une simple discussion entre amis où chacun racontait ses ‘’conneries’’. Joachim Monteiro a soutenu pour sa part avoir été trompé par ses co-accusés du fait qu’il ne comprenait ni français ni wolof. ‘’C’est après qu’on a cambriolé la maison que j’ai su qu’il s’agissait d’un vol et je suis sorti. Alex m’avait parlé d’une soirée dansante. Lorsque nous sommes arrivés à hauteur de la maison, ils m’ont dit qu’ils vont prendre de l’argent chez l’oncle d’Aziz. Je croyais que c’est la maison de son parent’’, s’est défendu le jeune Cap-verdien. Aziz Diop l’a conforté en déclarant que Monteiro n’était pas au courant de ce qu’ils allaient faire aux Maristes. Tout en plaidant coupable, il a écarté l’usage de l’arme et la participation de Sakho à la commission des faits.
Aziz Diop a aussi désigné Charles comme le commanditaire tout en précisant qu’ils étaient ivres. Cependant, après leur déposition, les accusés se sont amendés en soutenant que la prison leur a fait du bien. Compte tenu de cette attitude, Me Abdou Dialy Kane a sollicité la clémence de la Cour non sans demander une peine correctionnelle après la disqualification des faits. ‘’ Nous ne devons pas faire moins que cette partie civile qui a pardonné et il n’y a plus de trouble à l’ordre public’’, a soutenu la robe noire. Le conseil de Monteiro a abondé dans le même sens en sollicitant la bienveillance de la loi, arguant que son client qui a été berné s’est beaucoup amendé puisqu’il est devenu musulman en prison. Assurant la défense de Mass Sakho, Me Baboucar Cissé et Borso Pouye ont plaidé l’acquittement. Mais le parquet général a requis la confirmation et a demandé aux juges de tenir compte de l’individualisation des peines.
Après délibéré, seul Sakho recouvre la liberté. Monteiro et Aziz Diop restent en prison. Le premier doit sortir en 2017. Le second bien après puisque Aziz Diop était en liberté provisoire après un an de détention préventive. C’est lors de leur procès en mars dernier qu’il a fait l’objet d’une prise de corps.
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