L’artiste-peintre Ibou Diouf a déclaré que "Du sommeil au rêve", l’exposition de ses peintures qui s’ouvre mercredi à 18 heures à la Galerie nationale, est un hommage à "tous les pionniers qui ont contribué à asseoir la réputation du Sénégal comme pays de culture".
"L’idée est de remercier le pays sur le plan de la culture, de rendre hommage à toutes les personnes qui ont contribué à cette démarche, les pionniers, les personnes qui ont continué à aimer, à soutenir la culture dans ce pays", a-t-il indiqué dans un entretien accordé à l’Agence de Presse sénégalaise.
Diouf a évoqué, entre autres, la mémoire de ses "deux académiciens", Léopold Sédar Senghor (1906-2001) et Ousmane Sow (1935-2016), de Papa Ibra Tall (1935-2015) ainsi que d’autres artistes ayant fréquenté, comme lui, la section "Recherches Arts plastiques nègres" de l’Ecole des Arts de Dakar.
"Evidemment, il y a des absents, c’est-à-dire tous ces amis que j’ai connus et qui ont vécu le Festival mondial des Arts nègres, en 1966", a-t-il ajouté, relevant que le contenu de l’exposition "tourne autour du cosmique, des croyances, des religions et surtout des doutes de ce pays".
Pour lui, "c’est confus, aujourd’hui au Sénégal, parce que c’est voulu"’. "Ce qui est important, c’est d’utiliser la mémoire, humainement et honnêtement", a-t-il ajouté.
"Je fais un clin d’œil à des amis, mais j’essaie en même temps de rappeler mes préoccupations d’artiste. Le cosmique que j’essaie de mettre en lumière, c’est nous. Ce sens-là est résumé par l’intitulé de l’exposition" a-t-il fait savoir.
Cette exposition est organisée pour "rendre hommage à toutes les personnes qui ont fait que ce pays compte culturellement", a insisté Ibou Diouf, 75 ans, estimant que les Sénégalais, en général, ont tendance à "vite oublier les pionniers qui ont posé les premiers jalons".
Sur l’idée de l’exposition, l’artiste a dit qu’il s’agit de "repenser le cinquantenaire du Festival mondial des Arts nègres de 1966", dont il est l’auteur de l’affiche. Il a ajouté : "c’est ce qui a déclenché cela. Mais je n’avais pas une idée d’exposition en vue, parce qu’il se passe en moyenne quatre ans entre mes expositions" (la dernière, intitulée "Rétroviseur", remonte 2014).
"Il fallait nécessairement faire quelque chose dans le cadre de ce cinquantenaire (du Festival mondial des Arts nègres), mais à ma façon", a souligné Ibou Diouf. Il ajoute qu’"il s’agit de créer un cadre de lecture et de compréhension de cet événement, et de remerciement pour des personnes avec qui j’ai travaillé".
Ibou Diouf a dit qu’il fallait "mettre quelque chose en place" et en discuté avec un ami avant que Demba Ndiaye, commissaire de cette rétrospective, accepte de soutenir cette idée et de la mettre en œuvre. C’est une sorte d’analyse de ce festival, entre le théâtre, peinture, tapisseries, etc.
L’exposition est aussi une lecture de la trajectoire personnelle d’Ibou Diouf, artiste né en 1941 à Tivaouane. Il fréquente, de 1962 à 1966, la section "Recherches Arts plastiques nègres" de l’Ecole des Arts de Dakar.
En 1966, il remporte le premier prix du concours d’affiches du premier Festival mondial des Arts nègres et le Grand Prix des tapisseries récompensant le meilleur carton.
Peintre, décorateur, illustrateur, Ibou Diouf – affecté à sa sortie de l’école comme chef décorateur au Théâtre national Daniel Sorano – est l’auteur de plusieurs décors et costumes de pièces de théâtre et de films, dont "Mossane" de Safi Faye ( ) et "Hyènes" de Djibril Diop Mambety (1992).
Il a exposé à Montréal (1967), Paris (1967, 1974), Alger (1969), Mexico (1968), Sao Paolo (1969), avant d’effectuer, à partir de 1973, une dizaine d’années de recherche sur la matière plastique, en Suisse.
En 1991, il réalise, en collaboration avec d’autres artistes, une œuvre monumentale de 400 mètres carrés, au Palais de Chaillot (Paris), dans le cadre du Sommet de la Francophonie. Sa dernière exposition en date, intitulée "Rétroviseur", s’est tenue du 27 novembre au 10 décembre 2014, à Dakar.