L’Union africaine (UA) et l’Organisation mondiale des douanes (OMD) ont décidé de travailler conjointement en vue de parvenir à une cartographie des risques et réduire le degré de corruption au sein des pays membres.
La lutte contre la corruption doit être l’affaire de tous, dans la mesure où certains estiment qu’elle constitue un obstacle au développement des Etats. En tout cas, l’Union africaine (UA) a décidé de se joindre à l’Organisation mondiale des douanes (OMD) pour trouver des solutions idoines à cette problématique. Selon le directeur des Douanes sénégalaises, Papa Ousmane Guèye, l’OMD est en train de fournir un ‘’effort colossal’’ pour apporter une assistance aux administrations douanières afin de contrer ce phénomène. Cependant, il soutient qu’elle doit fournir davantage des orientations et un appui aux administrations des douanes en vue de sécuriser et de faciliter les échanges licites et d’assurer le recouvrement des recettes en toute tranquillité.
D’après M. Guèye, il appartient donc aux différentes administrations des pays membres de l’Union africaine (UA) de promouvoir le recouvrement ‘’juste, efficace et effectif’’ car, soutient-il, les ressources des Etats africains demeurent encore ‘’fortement tributaires’’. ‘’Les faits de corruption ne cessent de saper les efforts consentis par les uns et les autres en vue de s’inscrire dans une logique de performance. Au-delà de la perception des recettes, dans le cadre du développement de la compétitivité de nos entreprises, la corruption crée des distorsions énormes, faussant les règles de concurrence en sus de renchérissement des coûts’’, a soutenu Papa Ousmane Guèye, au terme de l’ouverture de l’atelier conjoint des experts de l’UA et l’OMD sur la cartographie des risques en matière de corruption.
Toutefois, le patron des Douanes sénégalaises indique que les conséquences de la corruption pour les Etats africains sont plus que ‘’désastreuses’’ lorsqu’on est dans le domaine de la ‘’criminalité transnationale organisée et la lutte contre les trafics illicites’’. Ces dernières, révèle-t-il, peuvent entraîner ‘‘une fragilité des institutions et une ‘’destruction’’ de la société. ‘’Si les administrations douanières de l’Afrique veulent rester dans une perspective d’amélioration continue de leurs performances, il est nécessaire de lutter de manière efficace et déterminée contre cette pratique réductrice et dégradante. La mobilisation des recettes douanières et la sécurisation de la chaîne logistique internationale ne s’accommodent guère de l’enracinement de la corruption’’, a déclaré Papa Ousmane Guèye, tout en invitant tous les acteurs à un ‘’diagnostic sans complaisance’’ pour identifier les risques réels et potentiels de corruption afin de trouver des solutions ‘’d’endiguement’’ voire ‘’d’éradication’’.
Hausse des recettes
Par ailleurs, le représentant de l’Union africaine, Ali Moussa, a plaidé pour une facilitation des échanges commerciaux entre les pays membres. Selon lui, si la facilitation est correctement menée, elle peut être ‘’profitable’’ au secteur public car, dit-il, elle permet la mise en place des méthodes de contrôle ‘’plus efficaces’’. Il précise qu’elle peut favoriser une augmentation des recettes et améliorer le climat des investissements étrangers. En revanche, il estime que la lourdeur des procédures de dédouanement, conjuguée aux méfaits de la corruption et des pots-de-vin, ont fini par ‘’étouffer la compétitivité des économies africaines’’.
Il exhorte tout de même les autorités douanières à cultiver davantage l’intégrité au sein de l’UA, dans la mesure où les administrations douanières et fiscales engrangent chaque année plus de 700 milliards de dollars. Cette somme, informe-t-il, est directement amenée dans les services centraux des Etats. Il recommande à toutes les administrations douanières de ‘’conjuguer leurs efforts’’ pour que le continent soit un exemple en matière de lutte contre la corruption et appelle à un diagnostic de l’éthique au profit de la croissance. Pour sa part, le représentant de l’OMD soutient qu’il continuera à apporter son ‘’soutien constant’’ à toutes les administrations douanières de l’Afrique afin de les aider à éradiquer ce fléau qui, selon lui, continue à ‘’gangrener leurs économies’’.