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Reculade du Sénégal face à la Turquie à propos des écoles Yavuz Selim: La loi du plus fort…
Publié le jeudi 15 decembre 2016  |  Enquête Plus
Séance
© Présidence par DR
Séance de travail entre les présidents sénégalais et turc
Dakar, le 09 Février 2016 - Les présidents turc et sénégalais ont eu une séance de travail de quelques heures à l`aéroport Léopold Sédar Senghor.




Entre le Sénégal et la Turquie, la loi du plus fort (économiquement) a été la meilleure. Aibd, Sénégal air Sa, Diamniadio, sans compter les relations commerciales, Ankara a une présence dans le pays qui explique facilement sa capacité à tordre le bras au Sénégal. Pour lui imposer sa volonté.

Après avoir résisté quelques petites semaines face au Président turc qui voulait la fermeture des écoles du Groupe Yavuz Selim, l’Etat du Sénégal a très vite capitulé. Le régime de Macky Sall, par le biais d’un arrêté du ministre de l’Intérieur, a retiré la gestion des écoles sous l’autorité de Bench Quent, pour la confier à la Fondation publique turque Maarif. Une structure mise en place par Récep Téyip Erdogan après le putsch manqué en Turquie afin de récupérer les établissements créés sous l’influence de Fethullah Gülen. Par ce geste, le Sénégal s’invite non seulement dans un conflit interne, mais il confisque le bien d’autrui pour l’octroyer à un autre.

Les raisons de cette décision, le ministre de l’Education ne veut pas les dévoiler. ‘’Un Etat a des relations avec d’autres Etats, une politique diplomatique étrangère. Compte tenu d’éléments qui ne peuvent pas être divulgués sur la place publique, l’Etat du Sénégal peut dire que telle association n’opère plus dans son pays. C’est la décision que l’Etat du Sénégal a eu à prendre’’, a laissé entendre Serigne Mbaye Thiam. Pourtant, il n’est pas difficile de comprendre la raison d’Etat. En effet, le poids économique de la Turquie au Sénégal n’est plus à démontrer. Situé aux confins de l’Asie et de l’Europe, la Turquie forme, avec la France et le Maroc, le trio le plus visible en termes d’investissements au Sénégal.

Quand il fallait construire un centre pour accueillir le 15ème sommet de la francophonie, qui devait coïncider avec la fin du mandat d’Abdou Diouf à qui Macky Sall voulait rendre hommage sur ses terres d’origine, le chef de l’Etat a fait appel aux entreprises turques. En 11 mois, ce qui était un néant devint un édifice qui a eu à abriter le sommet qui porte désormais le nom de l’ancien président. D’où l’appellation Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad). Seulement, cette infrastructure élue ‘’parmi les merveilles culturelles de 2015’’ (Erdogan dans Le Soleil du 6 février 2016) souffre d’une pathologie qui s’appelle solitude. Elle est trop éloignée des zones de résidences et des réceptifs hôteliers. Alors pour corriger l’erreur, il a été décidé de construire à côté un hôtel 5 étoiles. Par qui ? L’entreprise turque Summa.

L’atterrissage à l’Aibd

Mais ce n’est pas la seule fois que le Président Macky Sall a fait appel aux Turcs dans des conditions d’urgence. Aujourd’hui, toutes les voies qui mènent vers Diass sont déjà construites et même inaugurées. Et pourtant, l’aéroport refuse toujours de s’ouvrir aux avions. Ainsi, face aux nombreux délais et avenants de Saoudi Bin Laden Group, l’Etat du Sénégal a décidé de retirer le projet aux entreprises saoudiennes. Les héritiers du projet ? Summa et Limak deux entreprises turques ! La décision a été prise en février 2016 au salon d’honneur de l’aéroport Léopold Sédar Senghor entre les deux chefs d’Etat, lors d’une escale de quelques heures à Dakar de Recep Tayyip Erdogan. Il était aussi prévu que ces deux sociétés participent à la gestion du bijou sénégalais.

Or, ce qui est sûr, c’est que le chef de l’Etat tient à cette infrastructure stratégique qui est presque devenue le point de convergence de toutes les voies de communication, terrestres comme ferroviaires. Surtout que dans le même ordre d’idées, il a été prévu un partenariat entre la compagnie aérienne turque et celle que les autorités en place depuis 2012 veulent créer, Sénégal air Sa. ‘’Si nous signons cet accord, l’aéroport de Dakar sera un point d’escale très important avec les nouveaux locaux qu’il présentera. Turkish Airlines dessert les plus grands points à travers le monde. Elle a une flotte très impressionnante. Je pense que cela va contribuer à la promotion et à la puissance du Sénégal’’, déclarait le Président turc.

Alors que l’on pensait que le Sénégal s’était tourné du côté du Maroc pour sa compagnie, l’on découvre que le pays compte plus que jamais sur cette puissance émergente située entre l’Orient et l’Occident. Parmi les infrastructures attendues, il y a aussi le stadium multifonctions de 15 000 places, un marché d’intérêt national et un parc d’exposition à Diamniadio. Avant tous ces projets, il y a eu la construction d’une industrie de farine sur la route de Rufisque, l’usine FKS, considérée à l’époque comme le plus grand investissement.

‘’25 hommes d’affaires turcs à Dakar’’

Depuis lors, surtout avec l’avènement du Président Sall, les relations se sont accélérées. On les retrouve aussi dans le domaine de la santé, avec le centre ophtalmologique turc à Sacré-Cœur. Dans un entretien à EnQuête en janvier 2014, le conseiller commercial de l’ambassade de Turquie au Sénégal, Koray Yozgalti, avait révélé qu’il y a “à peu près plus de 25 hommes d’affaires turcs qui sont installés à Dakar, en plus des autres qui font des va-et-vient entre la capitale sénégalaise et Istanbul’’.

Sur le plan commercial, les choses bougent plutôt en faveur de la Turquie. En 2013, le Président turc soulignait en personne que le volume commercial entre les deux pays était de 122 millions de dollars. ‘’Nous devons le renforcer, parce qu’en 2013, nous avons fixé l’objectif d’atteindre un volume de 250 millions de dollars. Nous avons un écart par rapport à cet objectif.

Nous allons réaliser cet objectif et aller au de-là’’, promettait-il. Une année plus tard, c’est-à-dire en janvier 2014, présidant une rencontre avec les hommes d’affaires turcs, Augustin Faye, directeur de cabinet du ministre du Commerce, révélait que les importations du Sénégal en provenance de la Turquie sont passées de 28 milliards en 2008 à 95 milliards en 2012, alors que les exportations du Sénégal vers la Turquie se chiffrent à 2,4 milliards de F CFA.

Sur un autre registre, les deux pays ont renforcé leurs relations diplomatiques. Ainsi, en 4 ans, il n’y a pas eu moins de 5 déplacements des deux chefs d’Etat. Au moins trois pour le Président Macky Sall et deux pour Erdogan (2013 et 2016). De plus, il y a eu la signature d’un accord d’échange de terrains devant abriter les ambassades respectifs des deux pays. ‘’Le président avait insisté pour avoir un terrain à Dakar, parce que la Turquie a fait le pari d’être présent en Afrique et Dakar doit être la tête de pont de cette présence africaine’’, admettait le Président Macky Sall.

Il reste juste à comprendre que c’est parce que “le Sénégal a aujourd’hui l’expérience de la Turquie des années 1980-1990” (Yozgalti) que celle-ci se permet de lui tordre le bras, quitte à lui imposer l’illégalité et l’ingérence.
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