Le Sénégal, plus que tous les autres pays africains, observe de très près ce qui se passe en Gambie.Pour de très nombreuses raisons, les deux pays partagent un destin commun.Tout ce qui se passe en Gambie impacte directement sur son voisin sénégalais qui ne peut l’observer brûler sans en ressentir les effets. Seulement, si les deux peuples entretiennent des relations étroites, on ne peut pas en dire autant pour les gouvernants des deux pays. Face à un Yahya Jammeh aussi versatile que belliqueux et capable de tous les coups de butoir, les dirigeants sénégalais ont toujours opté pour la méprise quitte à laisser l’homme fort de Banjul « couper » en deux le territoire sénégalais. Durant presque tout le premier semestre de l’année 2016, les deux pays se sont livrés une «guerre froide», avec le blocus de la transgambienne. Avec cette crise post-électorale, le régime de Macky SALL, malgré sa position de force, joue la carte de la prudence en soufflant le chaud et le froid.
«Nous demandons au président Jammeh de respecter le verdict des urnes, d’assurer la protection du président BARROW démocratiquement élu par le peuple gambien. Nous lui demandons incessamment de créer les conditions d’un transfert pacifique du pouvoir le mois prochain conformément aux dispositions de la Constitution gambienne. Et nous le mettons en garde très solennellement et très sérieusement contre toute tentative de porter atteinte aux intérêts du peuple du Sénégal et à la sécurité de ses ressortissants qui vivent et qui travaillent en Gambie. Nous avons des informations alarmantes de ce point de vue. Nous ne l’accepterons pas, Nous ne l’accepterons pas», martelait, sous le ton de la menace, le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Mankeur NDIAYE donnait ainsi un écho officiel aux appels aux armes des organisations des droits de l’homme. Un discours va-t’en guerre adoucit par le président Macky SALL qui à travers son compte twitter ouvre la porte du dialogue. «En Gambie j‘en appelle au respect du choix du peuple ami et souverain, dans la paix et le dialogue», écrit le chef de l’Etat. Une position soutenue par Moustapha Cissé LO, président du parlement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui accuse les organisations de défense des droits de l’homme d’attiser le feu. Appelant les responsables de celles-ci à se taire, le député renseigne travailler à trouver une porte de sortie à Yahya Jammeh. «Nous travaillons à ce qu’on puisse respecter la présomption d’innocence pour le gouvernement sortant, mais aussi travailler à ce que le vainqueur puisse prendre le pouvoir et exercer les prérogatives que le peuple gambien lui a conférées », déclare Cissé LO.
Comme lors du blocus de la Transgambienne qui avait vu les autorités sénégalaises s’abriter derrière les transporteurs pour faire capituler Yahya Jammeh, le Sénégal qui a ameuté la communauté internationale est en phase de rééditer le coup. Pour ne pas compromettre le processus de paix en Casamance, le grand prétexte, le Sénégal multiplie les manœuvres en sourdine en soufflant le chaud tout en entretenant le froid.