Samedi dernier, les députés ont adopté le projet de loi n°24/2016 portant loi de finances pour l’année 2017. Lors de cette session ordinaire unique 2016-2017, la dernière pour la douzième législature, Amadou Ba, ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, a été interpelé sur le taux d’endettement du Sénégal, jugé élevé par rapport aux pays de la sous-région. En réponse, il a soutenu qu’il n’y pas lieu de s’émouvoir. «Nous nous engageons pour financer nos projets et programmes structurants, consignés dans le Plan Sénégal Emergent (Pse) tout en veillant à la maîtrise du seuil d’endettement avec des taux de maturités de plus en plus longues, et des taux d’intérêt tendanciellement à la baisse», a-t-il déclaré.
«Dans tous les pays du monde, le débat sur l’endettement est chose permanente. Ce qui est tout à fait naturel en économie. Un pays a besoin de s’endetter pour pouvoir améliorer nos performances. Toutefois, il est formellement défendu de faire des endettements non viables (mauvais emprunt), consistant à créditer pour honorer des dépenses de fonctionnement (salaires, bourses, pensions…). De tout cela, il n’en est rien. Aujourd’hui, nous nous endettons pour financer notre programme politique, rentabiliser nos investissements. Et les résultats sont là», a servi Amadou Ba, ministre de l’Economie des Finances et du Plan, en réponse à l’interpellation des députés, après le Fonds monétaire internationale (Fmi) et la Banque mondiale (Bm), sur le taux d’endettement du Sénégal qui ne cesse d’évoluer. C’était samedi dernier lors du vote du projet de loi n°24/2016 portant loi de finances pour l’année 2017.
Face à cette préoccupation, parmi tant d’autres, l’argentier dira avec assurance: «Ce qui serait grave pour le Sénégal, c’est de s’endetter pour ne pas avoir de croissance. Et, tant qu’on maintient la dynamique de croissance, il n’y a pas péril en la demeure». Dans une logique pour logique et non de cohérence pour cohérence, il contre explique: «en 2011, les dettes à court terme représentaient 66%, contre 12% en 2016, selon nos dernières évaluations. C’est dire que nous jouons à la prudence.
Donc, nous travaillons beaucoup sur le reprofilage avec des taux de maturités de plus en plus longues, et des taux d’intérêt tendanciellement à la baisse. Et cela montre la qualité de la signature du pays. Aujourd’hui, les ressources que nous mobilisons servent principalement à financer des investissements avec des instruments nouveaux, notamment le Sukuk et les Accords de partenariat économiques (Ape), qui sont des instruments performants et efficaces en terme de rentabilité», a-t-il relevé.
Stoïque, Amadou Ba, ajoutera: «pour ce qui est du rang actuel du Sénégal, il n’y a pas de risque et les analyses de la viabilité de la dette rassurent sur les trois prochaines années, si le cap est gardé. Ce qui entrainera, inéluctablement, la baisse du service de la dette à compter de 2017», a-t-il dit.
Aussi a-t-il fait valoir la nécessité de mobiliser des ressources conséquentes pour impulser le Plan Sénégal Emergent (Pse). «Nous sommes à 2 ans seulement du lancement du Pse». Par conséquent, a-t-il justifié, «il va falloir mobiliser des ressources internes mais aussi des ressources externes pour amorcer la rampe dudit Plan. Et, si nous maintenons les prévisions de croissance actuelles, avec 6,8 en 2017 et 7% à partir de 2019, le risque d’endettement sera faible», argumente Amadou Ba.
Toutefois, comme la relevé à plusieurs occasions la Banque mondiale et le Fonds monétaire internationale, «certes le Sénégal est crédité (solvable) à l’international pour avoir une bonne santé financière, au point d’être couru par des bailleurs. Tout de même, il doit être conséquent par rapport à la dette (maîtrise)». Ces observations confirmées par le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, à travers la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), renseigne que le taux d’endettement public du Sénégal était de 50,6% du Produit intérieur brute (Pib) en 2014, soit une augmentation de plus de 3% par rapport à 2013. Dans ledit rapport, l’encours de la dette publique totale est projeté à 5530,1 milliards F Cfa en fin 2017, soit «un accroissement de 6,7%, comparativement à 2016. Il devrait représenter 58,3% du Pib en 2017 contre 59% en 2016, soit en-dessous de la norme de 70% retenue dans le cadre du pacte de convergence de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa)», a reconnu Pierre Ndiaye, Dg de la Dpee dans ledit rapport.
Pire, «le Fmi projette à 60% en fin 2016», avait indiqué son représentant résident Boileau Loko. Suffisant pour que face à l’inflation largement dubitable au prix du baril de pétrole, le projet de démonétisation du franc Cfa, la sécurité sous régionale entre autres facteurs ils en appellent à la prudence. Avec un taux d’endettement de 57%, le niveau d’endettement du Sénégal dépasse de loin celui du Mali (35,2%), de la Côte d’Ivoire (33%) et du Burkina Faso (32%). D’où la nécessité d’observer une certaine prudence dans l’endettement, même si, quelque part, des pratiques sinueuses sous tendent l’obsession de s’endetter. Cette session marquant la fin du marathon budgétaire est également la dernière pour les députés de la douzième législature.
BUGET DU MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU PLAN : Amadou Bâ en hausse de 31,731 milliards de F Cfa
Le projet de budget 2017 du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan arrêté à la somme de 221.495.397.140 F Cfa en 2017 contre 189.763.599.900 F Cfa en 2016, soit une hausse de 31.731.797.240 F Cfa en valeur absolue et 16,72% en valeur relative, a été adopté samedi dernier. «Ce projet de budget est élaboré d’une part, dans une perspective de poursuite de l’exécution des actions d’encours et, d’autre part, dans une dynamique de nouveauté pour prendre en compte la réalisation de projets arrivés à maturité et de réformes nécessaires à l’environnement économique et financier», mentionne le texte transmis à la presse.
Ledit budget est ainsi réparti: dépenses de personnel 21.853.687.140 F Cfa; dépenses de fonctionnement 12.790.670.000 F Cfa ; dépenses de transfert 7.043.080.000 F Cfa ; dépenses en capital 20.061.400.000 ; transfert en capital 49.746.560.000 F Cfa; comptes spéciaux du trésor 110.000.000.000 F Cfa.
DEPENSES COMMUNES
Pour les crédits des charges communes, elles sont arrêtées à 209.751.803.360 F Cfa en 2017 contre 264.538.761.360 F Cfa en 2016, soit une baisse de 54.786.958.000 F Cfa en valeur absolue et 20,71% en valeur relative. Ils se répartissent ainsi: dépenses de personnel 34.688.906.360 F Cfa; dépenses de fonctionnement 120.914.897.000 F Cfa; dépenses de transfert 14.948.000.000 F Cfa; dépenses en capital 30.000.000.000 F Cfa et transfert en capital 9.200.000.000 F Cfa.