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Mawlid-Champ des course: Serigne Moustapha Sy charge Abdou Diouf
Publié le mercredi 14 decembre 2016  |  Enquête Plus




Leurs relations ne sont pas connues pour être des meilleures, mais le guide moral des ‘‘moustarchidines’’ a révélé hier, vers 1 heure du matin, le dernier épisode d’une série compliquée avec l’ex-président Abdou Diouf. Serigne Moustapha Sy avertit qu'il ne sera pas l'objet d'abus par les politiques

Un ‘‘baara yegoo’’ présidentiel, mariage arrangé, dont est victime le responsable moral du dahira moustarchidine wal moustarchidaat (DMWM), Serigne Moustapha Sy. Le scénario aurait pu paraitre loufoque si le principal intéressé n’avait pas révélé l’histoire lui-même. ‘‘J’ai épousé la fille de Abdou Diouf. Notre union n’a duré que huit mois, jusqu’à ce qu’elle m’avoue la mission qu’on lui a envoyé accomplir contre moi.

Elle devait se rapprocher de moi pour être la porte d’entrée. C’est elle-même qui m’a dit que c’est son papa Abdou Diouf qui lui a confié cette tâche. Sur Dieu et son Livre saint. C’est à Paris qu’elle m’a fait cette révélation, après le mariage. Elle m’a dit tout ce que j’avais besoin de connaître’’, a révélé le responsable moral Serigne Moustapha Sy, fils du khalife général des tidianes Serigne Cheikh Tidiane Sy Al-Makhtoum. Le guide religieux qui livrait son allocution habituelle la nuit du Mawlid, de dimanche à lundi, a même subodoré que l’actuel président de la République pourrait n’être pas étranger à cet ‘‘arrangement’’ étrange. ‘‘C’est intrigant ce genre de chose. Est-ce vrai ou pas que c’est Macky l’initiateur ? Il se peut que cela ne vienne pas de lui, mais on ne sait jamais’’, poursuit-il.

Des précisions en réponse aux vives critiques qui ont suivies sa dernière sortie contre l’ex-président du Sénégal de 1982 à 2000, à la place de l’Obélisque en septembre dernier. ‘‘Les gens disent que je n’aurais pas dû rouvrir le débat sur Abdou Diouf, mais savez-vous ce qui s’est réellement passé ?’’, s’est-il demandé avant d’expliquer que c’est cette histoire qui en a été la cause. D’après les ‘‘Mémoires’’ du Diouf, les divergences ont commencé avec le père de Moustapha Sy, lors de la présidentielle de 1993, où les consignes de vote tidiane sont allés à Abdoulaye Wade, après avoir reçu la promesse initiale de Serigne Cheikh Tidiane Sy. Son fils Serigne Moustapha Sy a entamé une série de conférences pour me traîner dans la boue et m’insulter’’, raconte l’ex-président à la page 305 de son livre. Un an plus tard, les relations avaient atteint un tel point critique que Serigne Moustapha Sy fut incarcéré après les émeutes de février 1994.

‘‘Il n’y a rien entre nous’’

Il fallait rester jusqu’à la fin de l’allocution du guide moral pour assister aux révélations. Un vent d’hiver froid soufflant alors sur l’immense Champ de courses qui a accueilli le rassemblement du DMWM. Déjà en commençant son discours liminaire en arabe, la remarque minimaliste de Serigne Moustapha Sy à l’encontre de la délégation gouvernementale a fait remarquer aux observateurs les plus avertis que les relations avec les autorités ne sont pas aussi huilées. ‘‘Nous saluons la délégation envoyée par le président et son Premier ministre. Nous avons été avertis à la dernière minute qu’ils allaient venir’’, a-t-il déclaré avant de prendre deux tours d’horloge à disserter sur la vie du prophète Muhammad (Psl), pour en revenir aux politiques.

Le secrétaire d’Etat chargé du réseau ferroviaire, Abdou Ndéné Sall, le conseiller du président Sall, Isma Dioum, ainsi que Seynabou Gaye ont honoré de leur présence la cérémonie, côté autorité. Après l’entregent de l’ancien Premier ministre, Aminata Touré, lors d’un voyage à Johannesburg, les relations entre le marabout et le président avaient semblé revenir au beau fixe. ‘‘Faites parvenir ceci à Macky. Il n’y a rien entre nous. Il a été une connaissance, depuis son passage au ministère de l’Hydraulique où Samuel Sarr nous a mis en rapport après un problème d’eau dans mes champs’’, a-t-il déclaré, avant que le représentant du chef de l’Etat ne tempère. ‘‘Le président est votre frère et nous sommes tous d’accord qu’il faut votre main pour le développement de ce pays. Peut-être que je n’étais pas au courant de ces divergences, sinon elles n’auraient jamais atteint ce point’’, a défendu Abdou Ndéné Sall.

Émissaires

Le porte-parole des mourides, Serigne Bass Abdoul Khadr puis celui des tidianes, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, ont dernièrement fait des sorties pour dégager leurs responsabilités sur les agissements de tierces personnes parlant en leur nom. Le guide moral du DMWM nie également avoir envoyé un quelconque émissaire à son khalife de père ou à des politiciens. ‘‘Il faut s’assurer de la fiabilité des informations. Tous ceux qui parlent en mon nom, disent n’importe quoi. Le problème des hommes politiques sénégalais reste leur entourage, car il y a des informateurs et aussi des menteurs. Le Bon Dieu m’a fait tel que je suis. Je n’ai qu’affection et respect pour Serigne Cheikh Ahmed Tidiane. Je donnerai ma vie pour lui. Je n’accepterai jamais qu’on m’utilise à des fins qui le desserviraient. Jamais ! J’ai fait ce que j’avais à faire. C’est tout ! L’essentiel est que je n’accepterai pas de me faire exploiter, ni de me faire utiliser tout court.’’, a-t-il déclaré aux représentants des autorités.

Le guide d’inviter les politiques à faire le discernement entre quatre catégories de personnes au Sénégal : celles qui aiment la religion et la politique, celles qui aiment la religion et détestent la politique, celles qui aiment la politique et détestent la religion, et celles qui n’aiment ni religion, ni politique. ‘‘Si un décideur n’arrive pas à faire le discernement entre elles, il échouera dans toute entreprise’’, a-t-il conclu.

SERIGNE MOUSTAPHA SY

‘‘Bientôt vous ne me reverrez plus’’

Pour la suite de son allocution, hier dans la matinée, Serigne Moustapha Sy a provoqué une foire aux syncopes. Des prises de position ouvertement assumées qui ont fait se succéder une hystérie collective des disciples. ‘‘Quand Serigne Babacar Sy est décédé, seuls les hypocrites ont dévié. C’est ça la vérité’’, a-t-il d’abord déclaré avant une première salve de cris qui a perturbé l’assistance. Mais avec ses propos sur un éventuel départ, les disciples se sont carrément survoltés. ‘‘Dess na touti ma reer leen’’, a-t-il déclaré en wolof (NDLR : ‘‘Bientôt vous ne me reverrez plus’’). ‘‘Des événements vont arriver prochainement. Je ne sais si c’est l’an prochain, ou l’an suivant.’’, a-t-il déclaré déclenchant une série de crises d’hystérie des talibés qui ne voulaient rien entendre.

Dernier acte d’une sortie annuelle prisée, les chroniqueurs religieux, sur la RTS, qui s’en étaient pris à lui, ont subi ses foudres. ‘‘Moi je ne vis pas du salaire d’hypocrites. Je ne regarde même pas la RTS, mais par pur hasard je l’ai capté à Jo’burg où ces gens me répondaient dans mon dos.’’ Quant à Serigne Habib Sy, fils du khalife précédent Serigne Mansour Sy, il a demandé au guide moral du DMWM de lui passer le relai. ‘‘Laisses-nous être ton bouclier maintenant. Tu as défendu les aînés jusqu’’à ton âge, maintenant laisse nous te défendre’’, a-t-il proposé après une série de chaudes embrassades.
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