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Pape Moussa Félix Sow, avocat de l’État dans la traque des biens mal acquis: "La plus grande difficulté que nous avons, c’est d’abord la question de la volonté politique"
Publié le mardi 13 decembre 2016  |  Sud Quotidien
Procès
© aDakar.com par DF
Procès Karim Wade : les avocats de l`Etat se prononcent sur la première journée d`audience
Dakar, le 1er Août 2014- Le pool des avocats de l’Etat dans le procès de Karim Wade ont organisé une conférence de presse, ce vendredi à 17 heures à l`hôtel Terrou-Bi. Les Avocats se sont exprimés sur le déroulement de la première audience du procès de Karim Wade.




Il n’y a pas un réel engagement de l’Etat pour lutter contre la corruption. L’avis est de l’avocat Pape Moussa Félix Sow. Il était interpellé hier, vendredi 9 décembre, lors de la journée internationale de lutte contre la corruption organisée par le centre pour le renforcement de l’Etat de droit et des institutions judiciaires.

Quel est l’état des lieux de la corruption au Sénégal ?

Depuis 2012, il faut dire que des efforts ont été faits. Il y a eu des procédures qui ont été lancées qu’on a appelées la traque des biens mal acquis. Certaines personnes ont été condamnées mais il reste beaucoup à faire. La plus grande difficulté que nous avons, c’est d’abord la question de la volonté politique.

Pourquoi dites-vous cela ?

Si l’Etat a cette volonté politique, il est évident que des dispositions sont prises pour que cette lutte contre la corruption puisse davantage prospérer. Mais, il y a également un autre handicap.

Quel est cet autre handicap ?

C’est l’absence de plan stratégique. Quand vous menez un combat, vous ne concevez pas ce combat dès le début pour élaborer un plan stratégique, il est évident que vous donnerez l’impression de mener une lutte parcellaire voire une lutte ciblée. Cette lutte ne serait pas d’une façon conséquente et ne permettrait pas d’avoir des avancées. C’est la raison pour laquelle au forum civil nous pensons qu’il est important que l’on institue un système national d’intégrité.

Quelles seront les missions de ce système ?

Ce système permet d’envisager des enquêtes dans tous les secteurs particulièrement les plus vulnérables pour voir comment se présente la corruption ? Quelles sont les formes de la corruption ? Et quelle est l’ampleur de la corruption dans ces différents secteurs ? Dans l’administration, il y a des gens qui sont vertueux. Détecter dans ces secteurs les personnes qui peuvent constituer le cercle des vertueux. Des résistances existent et ils en existeront toujours. Mais voir comment emmener ces gens-là à adhérer aux programmes de lutte contre la corruption. Il est évident sur le plan culturel, il faut beaucoup de formations. La corruption déstabilise les Etats avec toutes les infractions voisines, le blanchiment d’argent, l’enrichissement illicite, le trafic d’influence, la concussion, toutes ces infractions ont presque comme mère la corruption. Il faut que les gens soient mieux formés et qu’ils aient une éducation citoyenne dès le départ à l’école pour que les gens aient une conduite d’intégrité dans la gestion publique.

Et le privé ne pensez-vous pas qu’il doit être étudié aussi ?

Il est également concerné. En réalité, la corruption active vient beaucoup plus du privé. De ce point de vue, il y a toute une éducation à faire pour que si le privé souhaite constituer des capitaines d’industries, qu’il crée la valeur. Ce sont les capitaines d’industries qui développent un pays, c’est-à-dire les paysans. Il faut que de plus en plus qu’à ce niveau qu’il y ait une éducation et d’une manière générale l’éducation des citoyens pour que tout le monde sache qu’une République appartient à tout le monde et que chacun, là où il est responsabilisé, il a une obligation de rendre compte de sa gestion.

Où en est le Sénégal dans cette lutte ?

Lorsque des responsables administrent bien, les biens qui leur sont confiés, qu’ils soient récompensés qu’on ait une culture de récompense comme aussi une culture de sanction. Qu’on n’essaye pas de protéger. C’est vrai que le chemin est long mais il y aura des acquis. L’Etat a fait des efforts, mais il est en dessous de la ligne rouge. Aujourd’hui, pour la déclaration de patrimoine, l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a sollicité les personnes désignées pour cela.
Son rapport parle de 50% qui ont accepté et qu’en est-il des autres ? Pourquoi refusent-ils ? Y a-t-il lieu de laisser la situation perdurer ? Où faut-il justement appliquer les sanctions ?
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