La présidente de l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a appelé hier à une large synergie d’actions pour faire de la lutte contre la corruption une réalité au Sénégal. Elle s’est particulièrement adressée aux jeunes qu’elle invite à prendre conscience du fléau.
A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal a célébré, le 9 décembre, la journée internationale de lutte contre la corruption. Une occasion saisie par la patronne de l’Ofnac pour inviter tous les acteurs (les universitaires, les étudiants, la société civile…), à une mobilisation autour de ce ‘’fléau’’. Selon Seynabou Ndiaye Diakhaté, la lutte contre la corruption est un combat ‘’pour tous’’. ‘’La lutte contre la corruption nous concerne tous, et un engagement fort est attendu de la part de chacun et chacune. Le corrupteur et le corrompu engagent leur responsabilité. La corruption compromet l’égalité des chances, l’équité, les droits humains, la stabilité sociale, le vécu et l’avenir des générations futures’’, a-t-elle soutenu, devant un auditoire essentiellement composé d’étudiants.
Mme Diakhaté estime que l’heure de ‘’fédérer les énergies’’ pour faire face à la corruption a sonné. Les méfaits de cette pratique, dit-elle, sur l’éducation des jeunes et des familles sont ‘’désastreux’’. Cette année, l’Ofnac a consacré à la communauté universitaire le lancement de la journée mondiale de la lutte contre la corruption. Un choix de la cible qui n’est pas fortuit car, de l’avis du successeur de Nafi Ngom Keïta, son institution est dans une posture ‘’d’alerte, de veille et d’anticipation’’. Pour elle, les étudiants constituent une frange à la fois importante et ‘’sensible, symbole d’énergie et porteuse d’espoir’’. ‘’La jeunesse, c’est l’énergie de la nation, la force vive de la nation et l’espoir de la nation. Elle est un acteur dans les stratégies de prévention de la corruption, en raison du pourcentage qu’elle représente dans la population, de sa vulnérabilité, mais surtout en raison du rôle qu’elle est appelée à jouer dans le département du Sénégal’’, explique Seynabou Ndiaye Diakhaté. D’après elle, le Sénégal a besoin d’une jeunesse ‘’intègre et porteuse de valeurs citoyennes et du respect du bien public’’ qui fondent toutes les sociétés démocratiques.
Le représentant du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), Mathieu Thiélo, a quant à lui exhorté les dirigeants sénégalais à accentuer davantage les efforts en vue de renforcer les acquis en matière de lutte contre la fraude et la corruption. D’ailleurs, il s’est réjoui de l’adoption de la loi portant sur la déclaration de patrimoine. La lutte contre la corruption est une priorité pour tous les continents. ‘’La corruption continue de gangréner les économies des pays, déstabilise les sociétés, freine leur développement et exacerbe les inégalités et l’injustice. Le combat contre ce phénomène n’épargne personne’’, a-t-il ajouté.
Près de 800 000 milliards de F CFA de pertes
Mathieu Thiélo a révélé que la corruption, la fraude, le vol et l’évasion fiscale coûtent aux pays en développement 1 260 milliards de dollars, environ 800 000 milliards de F CFA par an. Selon lui, cette somme pourrait être utilisée pour aider six ans durant les populations qui vivent avec moins de 1,25 dollars (soit, 800 F CFA) par jour. Face à ces nombreuses pertes, il a invité tous les acteurs à faire de la lutte contre la corruption un ‘’combat de tous les jours’’ car, précise-t-il, elle ‘’étouffe les peuples et les nations’’. Il souligne d’emblée qu’il appartient aux nations d’y mettre fin. ‘’La corruption est préjudiciable à tous, mais ce sont les populations pauvres qui en souffrent le plus. Où que nous soyons, nous devons être interpellés par ce phénomène. Et pour qu’on réussisse à le combattre, il faut que notre engagement soit renforcé’’, a plaidé M. Thiélo. Le thème de la présente édition est axé sur ‘’la corruption, un obstacle au développement durable’’ avec un des sous-thèmes comme ‘’Unis contre la corruption, pour le développement, la paix et la sécurité’’.