L’équipe nationale féminine de handball a été félicitée et encouragée par le président de la République pour rien du tout. Alors qu’elle s’apprêtait à croiser l’Angola en finale de la Coupe d’Afrique des nations, elle a été renvoyée, comme un malpropre, de la compétition. La faute à la Fédération sénégalaise de Handball qui n’a pas seulement fait éconduire le Sénégal à la porte de l’histoire. Pour avoir enfreint les règles en alignant une joueuse «irrégulière», elle a également grandement écorné son image.
Le Sénégal est disqualifié. La sentence est tombée tel un coup de massue. L’équipe nationale féminine de handball ne disputera pas la finale du Championnat d’Afrique des Nations de Handball (dames) qui devait l’opposer à l’Angola ce mercredi. La pugnacité des Tunisiens, qui n’ont pas lâché l’affaire, a eu raison de la triche des Sénégalais. Attendues à la porte de l’histoire, les joueuses sont allées à Canossa. Devant le monde entier, le Sénégal a été pris la main dans le sac.
A la lecture du Procès-verbal établi par la Confédération africaine de handball (Cahb) et renseignant de la disqualification de l’équipe nationale, beaucoup se sont demandés : comment est-ce possible ? Comment Doungou CAMARA, qui a joué sous les couleurs de la France en 2014 en Croatie, s’est retrouvée avec le brassard de capitaine de l’équipe nationale du Sénégal deux ans après ? Les dirigeants du handball sénégalais méconnaissent-ils à ce point les textes régissant la discipline ou prennent-ils les autres pour des demeurés ? La situation serait, pourtant, moins catastrophique si la réponse à cette dernière question est oui. Car, dans ce cas de figure, vaut mieux passer pour un inculte primitif que pour un patenté tricheur.
Dans tous les cas, la montagne aura accouché d’une toute petite souris. Si l’emballement a été général, la sentence de l’instance africaine du handball s’est abattue tel un coup de massue sur la tête de nombreux Sénégalais au premier rang desquels le président Macky SALL. En effet, alors que la réserve des Tunisiens n’était même pas passée au crible, le chef de l’Etat s’est dépêché de féliciter et d’encourager des Lionnes du Handball en ces termes : «Votre peuple, uni et solidaire, vous témoigne sa reconnaissance et formule, à votre endroit, des prières ardentes afin qu’au soir de la finale du mercredi 7 décembre, le nom de notre cher Sénégal puisse être inscrit en lettres d’or sur le toit de l’Afrique. Bonne chance et en avant pour la victoire finale». Et patatras ! Le président de la République ne se doutait probablement pas que l’équipe qu’il soutenait ainsi a triché. A défaut de s’impliquer directement, il ferait mieux de prendre son temps avant de féliciter de telle ou telle équipe. Car, la triche, les sélections nationales commencent à en faire une voie de réussite. En effet, ils sont nombreux les Sénégalais qui se rappellent de l’affront qui a sanctionné l’Afrobasket 2012. Reconnu coupable de fraude sur l’âge, l’équipe nationale de basket s’était illustrée de la plus mauvaise des manières. En sus d’une amande de 450 000 euros (295 millions F CFA) et d’autres sanctions, elle n’avait rien amené de bon à part une grosse tâche sur l’image du Sénégal. Dernièrement à Rio, lors des Jeux Olympiques, la judokate sénégalaise, Hortense Diédhiou, a été interdite de porter les couleurs du Sénégal à cause d’un kimono affichant deux sponsors alors que le règlement n’en autorise qu’un. Pour combattre, elle a été obligée d’enfiler un kimono aux couleurs du Brésil.
Si les Sénégalais lambda sont appelés à bien se conduire à plus forte raison ceux qui portent le drapeau national. Si les joueurs ne sont nullement mis en cause pour n’avoir pas décidé de leur convocation, les dirigeants sont souvent loin de faire preuve d’exemplarité. Pendant que l’équipe nationale de Handball tentait de glaner un titre en Angola avec sa joueuse non qualifiée, le Directeur de la Haute compétition, Souleymane Daouda Diop, était en garde à vue à la gendarmerie de Colobane pour… escroquerie. La tête pourrie, les membres ne peuvent guère se porter bien.