Certains parlementaires sont toujours sceptiques par rapport au nouveau fichier électoral. En plénière hier, ils ont exposé leurs craintes à Abdoulaye Daouda Diallo. Des sujets comme l’intégration des Asp dans la fonction publique, la sécurité nationale ont été aussi au menu des débats à l’Assemblée nationale.
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a fait face aux députés hier pour défendre son budget. Les débats ont porté sur des questions comme le fichier électoral, plus précisément l’inscription sur les listes. A ce sujet, des députés comme Aissata Tall Sall ont émis leurs préoccupations par rapport à l’acquisition des nouvelles cartes par les jeunes âgés de 18 ans. ‘’Les commissions refusent à ces jeunes l’inscription parce qu’ils n’ont pas une ancienne carte d’électeur’’, a déploré la parlementaire. Avant de s’interroger ‘’Que justifie la discrimination sur les 10 000 francs entre ceux qui s’inscrivent maintenant et ceux qui le feront plus tard ?’’ Une préoccupation partagée par son collègue Awa Dia Thiam qui exhorte l’Etat à maintenir la gratuité des nouvelles cartes. Selon la parlementaire, ‘’le Sénégalais n’a pas la culture de débourser de l’argent pour obtenir des pièces’’.
Le député Zator Mbaye pour sa part craint que la période électorale puisse coïncider avec le Ramadan. ‘’Pensez-vous que c’est un moment propice d’autant plus que nous sommes dans un pays majoritairement musulman ?’’ a-t-il demandé au ministre. Dans le même sillage, la présidente du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates a demandé au ministre de l’Intérieur de les édifier sur les mesures qu’il compte prendre pour mettre fin au calvaire que subissent les citoyens désirant obtenir les nouvelles cartes. ‘’Nous sommes désolés de voir des cas de décès et des files interminables pour obtenir ces cartes. Que comptez-vous faire pour remédier à cette situation ?’’ s’est-elle interrogée.
Continuant son speech, Aida Mbodj déclare : ‘’Vous ne devez pas être juge et partisan. Si vous vous voulez des élections exempts de reproches, confiez l’organisation à une personne neutre.’’ Sur le même registre, le député Mamadou Lamine Diallo a exigé la nomination d’une personne consensuelle chargée des élections pour plus de démocratie. Moins belliqueux que ses camarades de l’opposition, Mamadou Diop Decroix a salué les accords que sa coalition Manko Wattu Senegaal a trouvés avec le pouvoir lors de leur dernière rencontre au Palais de la République.
‘’Désormais, les citoyens n’auront plus besoin de confirmer leurs inscriptions sur les listes électorales. L’Etat prend en charge la photocopie des cartes d’identité. A présent, nous attendons l’application de ce qui a été retenu, s’est-il réjoui’’. Le leader d’Aj/Pads estime qu’il est normal que l’opposition discute avec le pouvoir dans une démocratie.
Prenant la défense d’Abdoulaye Daouda Diallo, le Président du groupe parlementaire a soutenu : ‘’L’opposition n’a pas de programme et ne propose rien et passe tout son temps à douter de notre fichier électoral.’’ Lui emboîtant le pas, le député Sira Ndiaye estime pour sa part que les craintes de l’opposition ne sont pas fondées. ‘’Vous avez la confiance du chef de l’Etat, seul habilité à vous nommer et vous remplacer. Il est temps que l’opposition clôt le débat sur la démission du ministre de l’Intérieur’’, a-t-elle déclaré.
Sécurité
La question sécuritaire n’a pas été laissée en rade par les députés de la 12ème législature. A ce sujet, le leader de Tekki pense que la dégradation des valeurs est due au manque de principes de nos autorités. ‘’Il faut faire quelque chose pour ces enfants errants dans la rue et qui risquent de devenir des délinquants’’, a averti Mamadou Lamine Diallo. Pour son collègue Abdoulaye Makhtar Diop, il faut éviter de mettre la recrudescence des meurtres et des vols sur le dos du chômage.
Les parlementaires ont aussi profité de la plénière pour plaider le dossier des Agents de sécurité de proximité. C’est ainsi que l’ancienne maire de Gueule Tapée Fass Colobane a jugé insuffisant le budget alloué aux Asp. ‘’On doit les privilégier et insérer les agents méritants dans la police’’, a soutenu Seynabou Wade.
Abdoulaye Daouda Diallo (ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique)
‘’Les révisions sur les listes électorales prendront fin le 3 avril’’
Après les députés, le ministre de l’Intérieur a pris la parole pour répondre à leurs interpellations. Concernant les commissions électorales, Abdoulaye Daouda Diallo renseigne qu’il passe désormais de 500 à 700 sur demande de l’opposition. En outre, il informe que les révisions sur les listes électorales prendront fin le 3 avril prochain pour enrôler le maximum d’électeurs.
Sur la gratuité des nouvelles cartes, le ministre indique que la durée sera prolongée. ‘’Nous nous sommes entendus avec le chef de l’Etat qui autorisera nos compatriotes à continuer de s’inscrire gratuitement. La carte ne sera pas payante jusqu’à la fin de la révision’’, a informé le ministre. Ce dernier fait savoir également que la loi et les décrets seront modifiés pour intégrer les accords qui ont été trouvés entre le gouvernement et l’opposition.
Pour la question sécuritaire, le ministre renseigne qu’il est prévu la création d’une dizaine de commissariats à Dakar pour cette année. Il informe également que des opérations de terrain dirigées par des commissaires et des éléments de l’Ecole de police seront menées. Selon Abdoulaye Daouda Diallo, la sécurité sera mise au-devant avec la création de postes de police de proximité.
Concernant , les moyens octroyés aux forces de l’ordre , il est prévu plus de mobilité et des armes , des vidéos de surveillance pour les grandes artères de la capitale sénégalaise. Pour la prise en charge des Asp, le ministre précise que leurs pécules seront maintenus à 50 000 francs. ‘’Au bout de deux ans, ils devraient être réintégrés ou trouver un autre emploi. Et pour accéder à la police, les Asp devront passer par voie de concours’’, a-t-il fait savoir.
Le ministre a aussi fait savoir qu’il est prévu l’érection de nouvelles casernes de sapeurs-pompiers dans les 14 départements qui n’en disposent pas encore.