A quelques jours de la fermeture de la Foire Internationale de Dakar (Fidak), beaucoup d’exposants peinent à se remplir les poches. Cela est dû, selon eux, à l’absence de clients. La 25ème édition n’est pas des meilleures pour ces commerçants qui déplorent une publicité défaillante de l’événement.
A la porte du Centre International de Commerce Extérieur du Sénégal (Cices), les entrées sont strictement surveillées. Les personnes qui détiennent des badges entrent par la porte principale. Les autres achètent des tickets et accèdent par la porte de derrière. Les forces de l’ordre veillent au grain. Même les véhicules sont passés au peigne fin. Il faut montrer patte blanche pour accéder à la Foire Internationale de Dakar (Fidak). A l’intérieur, le visiteur a l’embarras du choix. Ne nombreux produits sont exposés. C’est un vrai rendez-vous du donner et du recevoir pour bien sûr ceux qui en ont les moyens. L’ambiance est survoltée, du fait des sons de tam-tam. Certains exposants, pour attirer la clientèle, ont fait recours à des batteurs. D’autres utilisent des sifflets ou de la musique. C’est une vraie foire. Habits, sacs, chaussures, accessoires, meubles, entre autres, sont visibles dans les stands.
Malgré cette ambiance bon enfant, beaucoup d’exposants peinent à écouler leurs produits. Assane Ayouba vend des bijoux. Debout sur le seuil de son stand au pavillon Vert, il regarde les visiteurs passer. Le regard anxieux, les mains posées sur les reins, il a de la peine à expliquer son angoisse. Il ne s’attendait pas du tout à cette situation lorsqu’il a quitté le Niger pour participer à la 25ème Fidak. ‘’Cette année, ça ne marche pas du tout. Imagine, depuis l’ouverture, c’est seulement le week-end passé que j’ai gagné 13 000 F CFA et hier, 10 000 (avant-hier). D’habitude, les week-ends, les clients sont plus nombreux, mais je ne vois rien. Je peux rester toute une journée sans rien vendre. C’est très difficile cette année’’, se lamente l’exposant.
Il n’est pas le seul dans cette situation. Abdou Souleymane est rentré avant-hier, à 18 heures, à cause de cette absence de clients. ‘’Je suis resté deux jours sans rien vendre. Au lieu de continuer à perdre du temps jusqu’à 20 heures, heure de la fermeture, j’ai décidé de rentrer pour me reposer. C’est mieux que de rester ici à avaler du vent. Je ne sais pas ce qui se passe mais les foires précédentes, je vendais mieux. L’année passée, je gagnais parfois 30 à 60 000 par jour. Nous avons acheté le hangar à 350 000, plus les repas que nous achetons, c’est vraiment triste de ne rien gagner en retour’’, se plaint-il.
Depuis le début de la Fidak, cet exposant venu du Niger n’a gagné en tout et pour tout que 18 000 F CFA. ‘’Un jour, j’ai fait 10 000 F de vente et un autre, 8 000. C’est tout ce que j’ai gagné durant toute la foire, alors qu’on est à quelques jours de la fermeture. C’est décourageant’’, s’apitoie M. Souleymane. Hormis le manque de clients, le Nigérien déplore le fait qu’il n’y ait pas assez de publicités autour de la Fidak. ‘’Les années précédentes, en entrant au Sénégal, on voyait partout des drapeaux des différents pays qui doivent assister à la Fidak. Cela servait de publicité en quelque sorte. Mais cette année, il n’y a rien de cela. On ne sent pas cette publicité. On ne l’a pas assez vendue’’, déplore-t-il.
Par contre, sur le plan organisationnel, il souligne que les choses sont bien faites. ‘’Il n’y a pas eu de désordre comme l’année passée. Le contrôle du feu, de l’électricité se fait régulièrement. Les forces de l’ordre surveillent les lieux. En plus, personne ne dort dans les stands. C’est une très bonne initiative. Il faut que l’on continue sur cette lancée’’, félicite-t-il.
‘’Le Sénégal gagnerait mieux à organiser la Fidak tous les deux ans’’
Au pavillon Tertiaire, Aïcha Imrane est assise tranquillement sur sa chaise. On ne lit pas de stress, ni d’angoisse sur son visage. Elle essaie de cacher son amertume. Cette Egyptienne en est à sa troisième Fidak. A cause du manque de clients, elle a décidé de faire un standby pour les deux années à venir. ‘’On ne peut dépenser des millions pour venir à la Fidak et ne rentrer qu’avec des miettes. Non seulement, c’est annuel, on se débrouille pour venir ; en plus, on ne voit personne. On a fait presque 13 jours ; j’ai l’impression qu’on est à l’ouverture. C’est décourageant’’, regrette-t-elle. Elle exposait, l’année dernière, au pavillon Vert. A cause de l’incendie, elle a changé de lieu avec ses amis. ‘’Je vois que ce n’était pas la peine de venir. C’est pourquoi j’ai décidé de faire un break pour les deux années à venir. Je pourrais mieux faire dans mon pays, où à la Foire Internationale de la Côte d’Ivoire. Le Sénégal, c’est bon pour le moment’’, se plaint Imrane.
Même son de cloche chez Aby Diaw. Cette Sénégalaise est d’avis que la Fidak doit se tenir tous les deux ans, et non annuellement. ‘’Le Sénégal gagnerait mieux à organiser la Fidak, tous les deux ans. On dépense de l’argent pour rien, parce qu’on n’y gagne rien. L’année dernière, il y a eu un incendie, les sinistrés ne sont pas encore indemnisés et tout cela frustre les exposants’’, prévient Mme Diaw. Maty Mbaye, elle, ne se plaint pas trop. Ce trentenaire fait des affaires. Contrairement aux autres, elle ne sent pas ‘’la disette’’ dont parlent ses camarades.