Hier, lors du vote du projet de budget 2017 du ministère de la Justice, les débats ont tourné essentiellement autour de la peine de mort.
En 2004, la représentation nationale avait voté la loi abrogeant la peine de mort. 16 ans après, cette même représentation veut un retour de cette sanction à cause de la recrudescence des cas de meurtre et d’assassinat au Sénégal. Du moins, plusieurs parlementaires ont émis l’idée hier, lors du vote du projet de budget 2017 du ministère de la Justice. Au cours des interventions, certains députés sont même allés jusqu’à prôner l’application de la Charia. ‘’Que celui qui tue, on le tue. Que celui qui vole, on lui coupe la main’’, a pesté une députée de Kaolack. Le député Boughazelli, le premier à plaider pour cette cause depuis des années, s’en est même pris aux défenseurs des droits de l’Homme. ‘’La peine de mort, c’est la Parole divine. Les droits de l’hommistes qui sont contre nous fatiguent. Ils n’ont pas vu leurs enfants ou femmes tués. Je ne peux pas concevoir que tu éduques ton enfant et qu’il travaille et qu’un bon jour, un vaurien le tue pour s’emparer de son téléphone portable’’, a martelé le parlementaire qui applaudissait à chaque fois qu’un de ses collègues intervenait en faveur de la peine de mort.
L’imam Mbaye Niang a abondé dans le même sens pour soutenir que la peine de mort ne devait pas être considérée comme quelque chose de barbare et d’archaïque. ‘’On doit l’appliquer pour préserver notre vie’’, a-t-il argué, tout en relevant que les cas de meurtres se sont multipliés avec la suppression de la peine de mort.
A son avis, l’Etat doit écouter le peuple qui, pense-t-il, voterait OUI, s’il y avait un référendum. Mais, pour le président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar, Moustapha Diakhaté, le Sénégal a choisi d’être une république laïque, par conséquent, il ne peut pas appliquer la Charia. ‘’Que ceux qui veulent la Charia aillent en Mauritanie ou dans une autre république islamique. Nous disons NON à la peine de mort’’, a martelé le député. Quoi qu’il en soit, la parlementaire Ndèye Fatou Diouf a trouvé contradictoire que le débat soit posé, au moment où les gens plaident pour que Mbayang Diop, détenue en Arabie Saoudite, ne soit pas décapitée.
Face à ces deux camps qui se sont dressés, le ministre de la Justice a préféré renvoyer la balle au Parlement chargé de voter les lois. ‘’Il y a une grande émotion dans ce pays, à cause de ces morts qui se sont succédé’’, a déclaré d’emblée Me Sidiki Kaba. Avant d’ajouter qu’il n’a pas de position personnelle sur la question. ‘’En ce qui concerne la loi, je voudrais rappeler ici que la peine de mort n’est pas une question individuelle. La politique pénale de l’Etat est définie par le président de la République. Parce qu’il a l’onction du suffrage universel qui représente le peuple et qui décide de légiférer en votant une loi qui devient une loi de l’Etat. Cette loi s’impose à nous. Depuis 2004, le Sénégal a aboli la peine de mort. S’il y a une majorité qui se dégage, parce qu’il y a des gens qui veulent le retour de la peine de mort, c’est eux qui le prennent en charge’’.
Pour l’année 2017, le projet de budget connaît une hausse. Il a été arrêté à la somme de 36 420 305 700 F CFA contre 30 301 657 420 F CFA pour 2016. Soit, une augmentation de 6 118 648 280 F CFA en valeur absolue et 20,19 %, en valeur relative.