L’ancien ministre des Finances sous le régime Abdou Diouf, Moussa Touré juge «insignifiant» le budget de l’actuel ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, estimé à 3360 milliards de F Cfa pour l’année 2017. Invité de l’émission dominicale «Objection» sur Sud FM (privée), l’ancien président de la Commission de l’Uemoa dira que le projet de loi relatif à l’augmentation de l’âge de retraite pour certains magistrats, «n’a aucun sens». Abordant la commercialisation de l’arachide, le Président du Parti Citoyen pour l’Ethique et la Transparence/ Jarin Sa REW relève que l’Etat du Sénégal devrait travailler à valoriser l’arachide. Moussa Touré regrette aussi que la rencontre entre Macky et l’opposition soit qualifiée «d’audience» car selon lui, «l’opposition n’a jamais sollicité la rencontre».
Le budget national, estimé par le département de l’économie, des finances et du plan, à 3360 milliards de F Cfa ; dont 1225 milliards destinés à l’investissement ; et 700 milliards pour le service de la dette pour l‘année 2017, n’est qu’une goutte d’eau dans la mer selon l’ancien ministre des Finances sous le régime Abdou Diouf, Moussa Touré qui était l’invité de l’émission dominicale Objection de la Radio Sud Fm (privée), animée par Baye Oumar Guèye.
Pour lui, la dette de notre pays étant «trop lourde», il n’y a pas de quoi se glorifier pour dire que «c’est le budget le plus élevé que le Sénégal n’ait jamais eu».
«Je déplore que les plus hautes autorités de ce pays se plaisent à dire aux Sénégalais que c’est le budget le plus élevé que le Sénégal ait jamais eu, car c’est dans l’ordre naturel des choses puisque la population évolue», a soutenu le président du Parti citoyen pour l’Ethique et la Transparence/ Jarin Sa Rew. Pis, dira encore Moussa Touré, seuls «225 milliards, représentent ce que le Sénégal a produit. Donc, toute le reste vient de l’extérieur». Relativement à la dette de notre pays, Moussa Touré ajoute ceci : «le niveau de dette devra nous faire réfléchir car elle tourne autour de 500 milliards».
«Il n’est pas normal que le ministre proclame que le service de la dette est 680 milliards. Ça correspond presque à la masse salariale», fait-il marquer.
L’ancien ministre qui n’a pas non plus manqué de déplorer la «pléthore» de conseillers spécifiques, techniques et des chargés de mission dans le gouvernement qu’il chiffre à «113» pour encore charger le gouvernement de Macky Sall.
Différend entre l’Ums et le gouvernement
Interrogé sur la réforme de la loi organique portant sur la Cour suprême, notamment le différend qui oppose l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) et le gouvernement, Moussa Touré étale à nouveau sa «colère».
Selon l’ancien ministre des Finances sous Abdou Diouf, «65 ans, c’est suffisant pour aller à la retraite. Si on prolonge de 3 ans, ça permet de franchir 2019 et je crois que c’est ça qui est à la base de la manipulation. C’est dommage que l’Etat du Sénégal perde du temps sur ce genre de dossier».
Moussa Touré dit aussi être « déçu » par le comportement du ministre de la Justice Sidiki Kaba dans cette affaire. «J’avais une très haute opinion du ministre de la Justice quand il exerçait sur l’international et j’étais fier que ce soit un Sénégalais qui était à ces niveaux appréciés. Mais franchement, il y a des choses, qui relèvent de l’enfantillage», se désole-t-il.
Pour lui, «ce que le gouvernement veut introduire n’a aucune utilité » et il espère que l’Assemblée nationale ne va jamais voter ce texte portant sur l’âge de retraite de certains magistrats à 68 ans.
Rencontre Macky/ Mankko Wattu Sénégal
Revenant sur la rencontre entre le Président de la République Macky Sall et de l’opposition du jeudi dernier, Moussa Touré dira : «je ne suis pas sûr que les perspectives sont à 100% heureuses et claires car, il y a des choses qui ont été refusées».
Commercialisation de l’arachide
«Je refuse toujours qu’on considère l’arachide en termes d’équilibre financier. Ce n’est pas bon !», dixit Moussa Touré. Mieux, dit l’ancien ministre des Finances «quand je vois un ministre se félicitait du fait que les Chinois achètent tant d’arachide, je me demande si celui-ci appréhende la gravité de ce qu’il dit. On encourage les Sénégalais à exporter vers la Chine ou vers d’autres pays. Mais, ce qui fait mal, c’est qu’en même temps, on importe l’huile végétale».
Avant d’ajouter, «on joue mal dans la valorisation de l’arachide et on joue encore mal en important des huiles de l’extérieur. C’est ce qu’il faudrait arrêter. Il faut favoriser la chaine de valeur, autrement dire augmenter la valorisation».