Le secteur de la pêche et ses enjeux ont été au cœur des communications et débats, au second jour, mercredi, d’un atelier sur la gestion des ressources naturelles et environnementales, organisé par le Groupe de réflexion Refondation nationale, a constaté un journaliste de l’APS.
Les différents intervenants ont mis l’accent sur une gestion des ressources halieutiques qui prenne à la fois en compte la satisfaction de besoins des populations sénégalaises, la préservation et la protection de l’environnement.
"Il faut penser aux générations futures quand on aborde la question de la gestion et de la préservation des ressources, qu’elles soient halieutiques ou autres", a notamment dit Bassirou Diarra, en service à la Direction de surveillance des pêches, en insistant sur la formation qui est, selon lui, "capitale, parce qu’il faut préparer les générations à venir".
M. Diarra a cité l’exemple des femmes transformatrices qui "font un travail remarquable", en plaidant pour la création d’une école "adossée aux communautés". "C’est valable aussi pour le secteur des mines et des hydrocarbures", a-t-il dit.
Oumar Sarr, ancien inspecteur des pêches, intervenant du Canada, a rappelé les chiffres d’une étude de 2014, montrant que "sur 125 employés de la Direction de protection et de surveillance des pêches (DPSP), on ne comptait que 7 inspecteurs des pêches et 47 observateurs".
Estimant qu’il est "important" de renforcer les moyens des services en charge de la protection des ressources naturelles, il a proposé la création d’un "Tribunal spécial sur l’environnement et les ressources naturelles chargé de juger les auteurs d’infractions aux codes de pêche, de l’environnement".
Il s’agit aussi, a-t-il poursuivi, de "renforcer l’intégration pour mieux surveiller les frontières maritimes" en passant par une harmonisation des législations nationales.
Il a toutefois relevé que "les bateaux étrangers ne sont pas les seuls à remettre en cause la durabilité de la ressource halieutique".
"Les Sénégalais aussi sont responsables, même s’il est vrai que les étrangers utilisent des moyens importants. Le Sénégal ne peut pas surveiller seul ses frontières, cela demande des moyens dont le pays ne dispose pas. Une surveillance commune et coordonnée de ses frontières maritimes serait au bénéfice de chacun de ces pays (Mauritanie, Gambie, Cap-Vert, Guinée Bissau)", a dit Oumar Sarr, ancien inspecteur des pêches.
Il a ajouté : "Les captures semblent dépasser le potentiel halieutique estimé à 500.000 tonnes. La durabilité de la pêche est remise en cause. Il est impératif de renforcer la surveillance, parce que notre système est défaillant".
La communication d’Oumar Sarr était axée sur les "causes institutionnelles et organisationnelles" des "défaillances du système sénégalais de protection des pêches". Ce secteur revendique 600.000 emplois directs et indirects et génère 1,7% du PIB (Produit intérieur brut) du Sénégal et 12% du PIB du secteur primaire.
Le géographe Abdou Guèye, dans une communication sur "Découverte de pétrole et de gaz au Sénégal : quels enjeux pour l’environnement marin ?", a signalé qu’"à tous les stades" (exploration, forage, production...), "l’environnement marin est de toute évidence exposé à des perturbations et des déséquilibres fonctionnels".
Il a regretté qu’au moment de l’élaboration, par l’Etat du Sénégal, du Plan Sénégal émergent (PSE), "la perspective d’une découverte du pétrole et du gaz n’a pas été prise en compte", plaidant pour sa part, pour une interdiction des campagnes sismiques dans les zones sensibles pendant la période remontée des eaux profondes (novembre-mai).
De même, a poursuivi M. Guèye, les compagnies doivent être soumises à l’exigence de réaliser parallèlement des puits de secours, "dispositif rendu obligatoire en Norvège".
A la fin des travaux, le coordonnateur du groupe Refondation nationale, Cheikh Guèye, a rappelé que la structure reste "un lieu de production d’analyses d’experts et d’acteurs de terrain".
"Nous renouvelons notre volonté de redonner du sens au débat politique au Sénégal en le retraçant sur des questions qui préoccupent les communautés et l’intérêt commun, a-t-il affirmé. Nous cherchons tout le temps à être un laboratoire d’idées avec l’objectif d’enrichir les politiques publiques, de contribuer au développement, un développement sur nos valeurs, sur notre histoire et au profit des communautés."