Meurtries, éprouvées, les populations du Sud se sont approprié la paix, préoccupation majeure en Casamance. La situation d’ensemble c’est qu’il y a aujourd’hui une profonde aspiration à la paix. Un constat de plus en plus patent dans la région où dans toutes les rencontres (journées culturelles congrès, fora…) toutes les occasions sont mises à profit pour parler de la paix. Un plaidoyer qui va crescendo dans cette région où les langues se délient; tout le monde veut la paix.
Des populations fatiguées par le conflit, qui voient que leur terroir est dépourvu d’infrastructures, manifestent aujourd’hui cette profonde aspiration à la paix. Une nouvelle approche de la gestion du conflit, confortée par cette dimension des populations à aller elles-mêmes parler aux rebelles dans les différents fronts du MFDC, négocier, poser leur doléances et autres préoccupations.
Cette peur jadis qui «mystifiait» ce conflit semble maintenant révolue chez ces populations qui ont fini d’ôter à l’Etat et au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) le monopole de la gestion de l’affaire. Ces populations ont pris par devers elles la problématique de la négociation, un phénomène nouveau. Car ces mêmes populations qui manifestaient une certaine peur des combattants osent désormais aller auprès de ces derniers pour négocier la possibilité d’une intervention des pouvoirs publics pour les services sociaux de base. On réclame par-ci et par-là des cases de santé, des écoles, des pistes de productions, des infrastructures… Une demande très forte, négociée par les populations avec les combattants.
Quand à Kassolol, dans l’extrême sud de la région (localité située à quelques encablures de la frontière bissau-guinéenne), la construction de routes se heurtait à la réticence des rebelles. Ce sont les populations de Boutoupa Camaracounda qui ont pris leur bâton de pèlerin pour aller convaincre les éléments du Mfdc, de l’opportunité de la construction de telles infrastructures dans la zone, d’accepter le tracé de pistes. La zone des palmiers s’inscrit dans cette nouvelle dynamique des populations. Fatiguées par le conflit, elles posent le problème des infrastructures. Une question qu’elles négocient par l’entremise de leurs ressortissants. En atteste cette rencontre tenue dimanche dernier par le Groupe de Réflexion pour la Paix en Casamance (GRPC) dirigé par l’ancien ministre Robert Sagna, qui a rencontrés des éléments du Mfdc qui ont montré leur disponibilité à adhérer au processus de paix.
Les populations qui ont subi les contrecoups du conflit au nombre desquels la question des infrastructures, surtout la mobilité, se mobilisent pour la paix. Des zones qui sont très enclavées, le Balantacounda, en souffrent tout comme le Blouf et le Fogny... En dépit de certaines menaces qui pourraient restreindre une expression libre, il n’en demeure pas moins que la viabilisation du terroir passe par son désenclavement, lance certaines populations. Un plaidoyer de prise en charge de la paix par les populations qu’il est urgent d’accompagner par un vaste mouvement d’ensemble et d’encourager pour inverser la tendance dans une région meurtrie par trois décennies de conflits qui ont fini de déchirer les tissus de tous les secteurs de la vie active.