«Nous devons arrêter de mettre la pression sur les jeunes, leur demander l’impossible, les poussent à commettre ces actes regrettables. On doit arrêter la pression sociale». Ces propos tenus par le Président de la République, Macky Sall, lors de la présentation de ses condoléances à la famille de feue Fatoumata Makhtar Ndiaye, vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), assassinée samedi dernier dans son domicile par son chauffeur.
Selon le chef de l’Etat, la pression, c’est demander à quelqu’un ce que ses moyens ne lui permettent pas d’avoir. «offre-moi ceci, donne-moi cela, fais ceci pour moi… Si tu ne nous offres pas ceci nous ne t’accorderons pas cela», a dénoncé le Président Sall à Pikine, devant la famille de la défunte lundi dernier. Et d’ajouter: «On dit à nos enfants ‘‘danga wara tekki’’ (tu dois réussir, ndlr) coûte que coûte».
Pour le président Macky Sall, c’est à cause de ces pressions que nombre de jeunes bravent les eaux méditerranéennes, au prix de leur vie, rien que pour réussir coûte que coûte. «Tout ceci est une forme de pression que nos familles exercent sur leurs enfants. Tout cela pour les biens de ce bas monde. Les richesses terrestres et les rivalités causent beaucoup de dégâts».
Le Président Macky Sall invite donc les Sénégalais à revoir cet aspect de notre société. Et surtout, que l’Etat et la société, fassent leur introspection: «Nous devons revoir ce qui se passe dans nos maisons, dans nos chambres, ce qui est à l’origine de tels types de comportements nouveaux. Parfois, l’argent pousse l’individu à faire ce qu’il ne devrait pas. Des atrocités extrêmes. Nous devons faire une introspection globale, que ce soit l’Etat et la société».
D’après les informations relayées par les médias et les sites internet, le chauffeur Samba Sow a commis ce meurtre parce qu’il devait verser à sa future belle famille une somme de 300 mille francs Cfa en guise de dot. Ce qui l’a poussé à commettre l’irréparable. Même si ce n’est pas une excuse aux yeux de beaucoup de Sénégalais, on constate de plus en plus dans notre société, comme l’a fait remarquer le chef de l’Etat, une forte pression sociale subie par les jeunes.
Pour subvenir à un certain nombre de besoins, surtout financiers, des gens sous l’emprise de la pression sociale sont prêts à commettre des délits, voire des crimes. Mais même si la requête du président de la République est bien appréciée du peuple, il n’en demeure pas moins vrai que les nombreuses dépenses outrancières du gouvernement peuvent constituer une source de pression sociale. Surtout avec le gaspillage observé lors de certaines cérémonies financées aux frais du contribuable sénégalais.
APPEL A UNE INTROSPECTION, METTRE LA PRESSION SUR LES JEUNES : DES SENEGALAIS EN PHASE AVEC MACKY, MAIS…
«Nous devons arrêter de mettre la pression sur les jeunes, en leur demandant l’impossible», ce qui peut les pousser à commettre des actes regrettables. Le président de la République, Macky Sall, dixit. Alors qu’il présentait ses condoléances à la famille de Fatoumata Makhtar Ndiaye, la cinquième vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental, l’une des 13 victimes de la série des meurtres enregistrés au Sénégal en l’espace de moins de deux mois, le chef de l’Etat à invité la société à une introspection. Mais force est de constater que le président de la République n’est pas le seul à déplorer ces formes de pressions que les familles, la société exercent sur les enfants. Toutefois, faudrait-il que les autorités, gouvernants, politiques servent d’exemples dans leurs comportements et leurs manières de gérer les fonds publics et que la loi sur le gaspillage qui ne saurait tomber en désuétude, soit réactualisée. Car, nos sociétés ont connu des métamorphoses qui ont installé le triomphe de l’esprit individualiste et matérialiste.
Nombre de Sénégalais partagent le constat du chef de l’Etat, selon lequel la société exerce une pression sur les jeunes, ce qui peut les pousser à commettre l’irréparable. Selon certains d’entre eux rencontrés, c’est plus au moment de se marier que cette pression est beaucoup plus sentie, notamment le montant de la dot, les cadeaux, la cérémonie elle-même qui doit être… grandiose.
Oumar Fall, habitant de la Sicap Karack est de ceux-là. «Il faut faire avec ce que l’on a. Mais dans notre société, pour épouser une femme, ta future belle famille te réclame souvent une somme à te décourager.» Oumar Fall qui s’est marié une première fois (divorcé) hésite encore à tenter une nouvelle union. Parce que, dit-il, la dot est devenue une mise aux enchères de la jeune fille. «J’ai connu un échec. Pourtant mon mariage avait si bien commencé, avec une longue préparation, avec une belle robe, une fête grandiose et beaucoup d’amour, pour finir par une séparation brutale.»
«Certains mariage scellés avec plusieurs millions se brisent souvent au bout d’un certain temps.», renchérit F.N, une jeune fille célibataire pour qui la faute revient aux parents. «Mon fiancé avait demandé ma main, mais mes parents lui ont exigé une somme pour faire une fête grandiose alors que je préférais faire dans la simplicité.» Résultat, elle est toujours célibataire et appelle les parents à plus de considération pour leurs enfants car, à la longue, dit-elle «on a l’impression d’être de la marchandise sur une étale».
Daouda, un jeune homme, la trentaine, est aussi célibataire. Et s’il l’est toujours, c’est que la dot réclamée par «sa futur belle famille» est au-dessus de ses moyens. «Comment peut-on demander à quelqu’un qui gagne à peine 75.000 F Cfa par mois une somme exorbitante allant jusqu’à 700.000 F Cfa?» Néanmoins Daouda ne se décourage pas et espère que les parents de sa dulcinée revoient leur «prix» à la baisse. «Je tiens à cette fille et je n’ai pas l’intention d’abandonner. Je veux bien faire l’effort, mais c’est trop. Pour moi, l’essentiel, c’est que nous nous aimons.»
Si pour nos trois premiers interlocuteurs la dot réclamée pose problème, Marième a eu la chance d’avoir des parents «responsables». Cette jeune mariée, habitant Grand-Dakar déplore néanmoins l’attitude de certains parents. Car, dit-elle, ce sont souvent les tantes (badjènes) qui créent ce problème d’argent. «Lorsque mon mari était venu demander ma main, mes parents ne lui ont réclamé que la cola. Mais, par la suite une tante est venue y mettre son grain de sel prétextant vouloir une fête grandiose. Mais grâce à Dieu mes parents ont su raison garder.» Toujours selon Mariéme les parents doivent savoir que: «avoir une fille n’est pas entretenir une marchandise. Mais plutôt une chose précieuse que Dieu leur a confié en attendant qu’un homme vienne frapper à la porte».
Un homme qui vient frapper à la porte, c’est justement ce qu’attends Astou, la vingtaine. Elle qui, sous les conseils de sa tante, a rejeté les avances d’un garçon qui voulait l’épouser juste parce qu’il n’était pas «millionnaire». Astou, d’un air désolé, regrette cet acte qui jusqu’à aujourd’hui raisonne dans sa tête. «Si c’était à refaire, je ne le ferai pas car je suis toujours célibataire et lui s’est déjà marié.» Tout cela, poursuit-elle, pour avoir réclamé un «warou garr» (dot) que ne pouvait avoir son ex-copain marié aujourd’hui à une autre. «C’est une leçon que je retiens aujourd’hui car j’ai l’impression d’avoir été un objet à vendre au plus offrant».