La campagne ‘’Novembre Noir’’ est lancée au Sénégal pour permettre aux acteurs de la lutte contre le tabac de sensibiliser sur les dangers de la cigarette, mais également sur le cancer des poumons causé par le tabagisme. Le traitement de cette maladie, qui ne se guérit pratiquement pas, est très onéreux.
Une génération sans tabac. C’est ce que veulent la Ligue sénégalaise contre le tabagisme (Listab) et Nelam Service (le mouvement antitabac) qui ont lancé une campagne dénommée ‘’Novembre Noir’’ pour lutter contre le cancer du poumon. Ce, en sensibilisant sur le tabagisme et le tabagisme passif responsables de 80% des cas de cancers dans le monde. Le constat fait par le docteur Abdoul Aziz Kassé, président de la Listab, est que pour le moment au Sénégal, on ne guérit pratiquement personne du cancer du poumon. Parce que, dit-il, les cancers sont avancés, en plus, ils surviennent sur des sujets fragilisés par la cigarette du fait de leur long passé de fumeur.
‘’Les symptômes du cancer du poumon se manifestent à des stades où la tumeur est au moins entre 1 et 2 cm. Pour diagnostiquer les tumeurs, il faut un scanner et ce dernier ne les voit qu’à partir d’une certaine taille. Les patients vont non seulement développer leur tumeur dans les poumons, mais celle-ci (tumeur) va envoyer des cellules dans les ganglions. Quand la maladie est à un stade avancé, c’est un terrain déjà très particulier pour opérer, parce qu’ils ont fumé pendant longtemps. Le poumon ne marche plus’’, a expliqué Dr. Kassé. Ce dernier rappelle que les statistiques ont montré qu’on ne guérissait que les tumeurs de moins de 1cm sans envahissement de ganglions. Or, ‘’il n’y a pratiquement pas ce genre de tumeur’’, précise-t-il. À son avis, ‘’il y a de nouvelles stratégies qui sont en train de sortir depuis quelques années, appelées les thérapies ciblées. Ce sont de nouvelles formes de médicaments qui vont apporter quelque chose. Mais cela, on le verra dans 5 ou 10 ans’’.
Coût du traitement entre 3,5 à 45 millions de F Cfa
Le traitement du cancer des poumons est onéreux. C’est un problème non seulement de santé mais économique et social. ‘’Nous ne voulons pas que nos enfants fument. C’est pour cela que nous faisons cette sensibilisation sur la maladie. Pour traiter le cancer, ce n’est pas 500 000 F ou deux millions. Cela peut aller de 3,5 millions à 45 millions. Il y a des médicaments que je prescris, il y a quelques années, qui ont coûté 88 000 euros (soit 57 200 000 F) à des malades. Ce qui est malheureux est qu’ils vont l’acheter ; ça va leur donner un peu plus de survie, mais ça ne va pas les guérir de leur cancer’’, a-t-il soutenu.
Selon toujours le Dr Kassé, des gens continuent de mourir du tabagisme passif. Et la seule malchance qu’ils ont, c’est de travailler dans un environnement où les gens fument. ‘’Si des gens doivent se faire tuer à leur lieu de travail, on ne peut pas continuer à regarder faire. Les arguments sont là, de même que les faits. Le problème, c’est : qu’est-ce qu’il faut faire pour que ça s’arrête ? Il n’y a pas d’affichage, il y a toujours des cendriers et les gens continuent de fumer. C’est une entorse à la loi. Tout propriétaire de lieu récréatif qui n’applique pas ces décrets doit faire l’objet de poursuite’’, conscientise-t-il. En effet, le président de la Listab informe qu’il y a des dispositions règlementaires que les gens doivent savoir. ‘’Le changement de politique est fait, il reste le changement de comportement qui est le plus difficile. Ce n’est pas une affaire d’un jour ou d’un mois. C’est une affaire sur le long terme’’, a-t-il fait savoir.
Le tabagisme passif tue 600 000 personnes par an
Pour Malika Touré de Nelam Service, ce lancement est fait dans le but de sensibiliser les populations afin de leur permettre de s’approprier les décrets d’application de la loi antitabac qui doit être implémentée. ‘’Cette maladie est la cause la plus fréquente de décès par cancer chez les hommes après celui du sein chez les femmes. D’après l’Organisation mondiale de la santé, 80 à 90% des cas sont liés au tabagisme et tabagisme passif. Et le tabagisme passif tue 600 000 personnes par an globalement. Donc, il urge d’agir avec cette loi pour que nos populations arrêtent de fumer’’, prévient Mme Touré.