L’Objectif de développement durable (ODD 4), qui consiste à assurer à tous une éducation équitable, inclusive et de qualité et des possibilités d'apprentissage tout au long de la vie, risque de ne pas être accompli à la date butoir 2030. Le rapport mondial de suivi sur l'éducation (rapport Gem) 2016 publié hier par l’Unesco indique que si les tendances actuelles se poursuivent, cet objectif ne sera pas atteint.
Les pays ne tiendront pas leurs engagements mondiaux envers l'éducation d'ici 2030 si les dernières tendances se poursuivent. C’est ce qui ressort du rapport mondial de suivi sur l'éducation (rapport Gem) 2016 publié hier par l’Unesco. L'enseignement primaire universel, censé être atteint en 2015, ne se concrétisera pas d'ici la nouvelle date butoir qui est 2030, mais 12 ans plus tard. L'achèvement du premier cycle du secondaire n'entrera pas dans les faits avant 2059 et celui du second cycle du secondaire avant 2084. Même dans les pays riches, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) indique qu’on ne réalisera pas la scolarisation universelle dans le cycle de l'enseignement secondaire d'ici à 2030. Au moins un pays riche sur 10 n'atteindra pas cette cible, même en progressant plus rapidement qu'ils n'y sont parvenus jusqu'à présent.
Réduction de la mortalité
Cependant, les progrès accomplis en éducation contribueront à la réalisation d'autres objectifs clés du développement. Par exemple, si toutes les femmes d'Afrique subsaharienne achevaient une scolarité secondaire de second cycle d'ici à 2030, cela réduirait la mortalité des enfants de moins de 5 ans de 300 000 à 350 000 décès annuels en 2050. Si tous les hommes et les femmes achevaient une scolarité secondaire d'ici à 2030, on pourrait éviter jusqu'à
20 000 décès dus aux catastrophes naturelles au cours des 20 prochaines années, rapporte le document.
Dans les pays pauvres, l'universalisation de l'achèvement du second cycle de l'enseignement secondaire augmenterait de 75% le revenu par habitant d'ici à 2050, permettant à 60 millions d'individus d'échapper à la pauvreté. Pour accélérer les progrès en éducation et le développement durable, les gouvernements doivent s'attaquer à la question des inégalités. Car, dit toujours le document, 263 millions d'enfants, d'adolescents et de jeunes sont exclus de l’école. 1% seulement des femmes rurales les plus pauvres achèvent le second cycle de l'enseignement secondaire. Pendant la période 2005-2014, 758 millions d'adultes ne savaient ni lire ni écrire et 2/3 environ étaient des femmes. Le rapport Gem indique que si les travailleurs issus de familles riches et pauvres avaient le même niveau d'éducation, la pauvreté laborieuse pourrait reculer de 39% parmi les pauvres.
Améliorer la qualité de l’éducation
Par ailleurs, d’après le directeur du PI bureau Unesco Dakar, Chang Gwang Chol, le rapport est un lien entre l'éducation et les autres secteurs de développement durable. ‘’Nous voulons à travers ce rapport démontrer comment l'éducation contribue au développement durable, au secteur socio-économique dans le monde entier et dans les pays d'Afrique en particulier’’, explique-t-il.
Toutefois, M. Chol reconnaît que le secteur de l'éducation et de la formation se porte plus ou moins bien au Sénégal. Néanmoins, il décèle quelques difficultés. Ainsi, dit-il, il y a des améliorations à apporter, notamment en matière de gouvernance, de transparence et d'amélioration de la qualité mais aussi, apporter la paix dans l'école. ‘’Dans la manière dont nous gérons le système éducatif, on ne pourrait atteindre les objectifs que d'ici un siècle. Le système, c'est l'école publique et il y a certaines voies alternatives comme les écoles privées, les Daara et autres structures. Il faut diversifier les offres éducatives qui conviennent aux besoins des populations et des communautés parce qu'à l'état actuel, l'école ne pourra pas, à elle seule, accueillir tous les enfants qui doivent être dans le système’’, propose-t-il.
En outre, il conseille toutes les parties prenantes à réfléchir à la façon de rapprocher l'école et la communauté. Pour lui, il faut rendre l’école à la communauté qui peut offrir une meilleure éducation aux enfants dans leurs sociétés.