Retard sur le paiement des salaires des contractuels de la région de Dakar, problème dans le déploiement des enseignants, sans compter les indemnités de correction qui pourraient ne pas tomber à date échue. La liste commence à être longue et les syndicats alertent.
Depuis le séminaire de Saly au mois de septembre dernier, c’est le silence presque total du côté des syndicats d’enseignants. Mais la trêve commence à être mise à l’épreuve. En effet, les enseignants contractuels de la région de Dakar n’ont jusque-là pas reçu leur salaire du mois d’octobre. ‘’Nous regrettons cet état de fait, c’est inacceptable. Ça ne participe pas à un climat d’apaisement. L’Etat est en train de rompre le pacte de stabilité’’, s’insurge Abdou Faty.
Ndongo Sarr du Cusems dit avoir saisi lui-même le ministre de l’Education nationale qui lui avait donné des garanties. ‘’Dans le message qu’il m’a envoyé, il précisait que ce jour-là même, les virements allaient être faits. Nous étions le 8 du mois. Aujourd’hui nous sommes le 15, les camarades n’ont toujours pas perçu leur salaire, à l’exception de ceux-là qui perçoivent à la Cbao. Cela les installe dans la précarité’’, déplore-t-il. M. Sarr affirme avoir essayé hier de joindre le ministre de l’Education, en vain. ‘’Je lui ai envoyé un sms. D’habitude il est très réactif, mais je n’ai pas reçu sa réponse’’, relève-t-il.
Ainsi, même si le syndicaliste déclare ne pas souhaiter des perturbations dans le système, lui et ses collègues ne sont pas prêts pour autant à laisser perdurer la situation. Déjà, Ndongo Sarr accuse l’Etat de créer des problèmes à des pères de familles qui doivent payer le loyer et d’autres charges pendant qu’il trouve une solution pour des institutions telles que le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct). Suffisant pour qu’il dégage sa responsabilité si jamais une initiative est prise par la base.
‘’Aujourd’hui, il peut y avoir des perturbations qui ne découleraient même pas du mouvement des syndicats. Quand quelqu’un ne perçoit pas son salaire au-delà du 8 du mois, il n’a pas obligation à venir travailler. Et dans un établissement, quand deux ou trois enseignants ne viennent pas et que leurs élèves sortent, c’est une perturbation de l’établissement’’, prévient-il. Mais son camarade Abdou Faty lui, n’attend pas la réaction de la base. Il lui indique le chemin à emprunter. ‘’Nous demandons aux enseignants qui n’ont pas reçu leur salaire de rester chez eux, croiser les bras jusqu’à ce qu’ils soient payés’’, décrète-t-il.
Redéploiement des enseignants
Joint par téléphone, le directeur des affaires générales et de l’équipement du ministère de l’Education met tout sur le dos d’une nouveauté au Trésor public. D’après Ndiaga Diagne, le trésor est en train d’installer un nouveau dispositif de paiement. ‘’Vous savez, dit-il, que toute innovation nécessite une plus grande diligence, mais il y a aussi des difficultés qui peuvent subvenir’’. Si l’on en croit cet interlocuteur, les banques n’ont pas suivi cette réforme. Alors, les rejets se sont faits à leur niveau. Or, reprendre la procédure nécessite un délai. Ce qui retarde les choses. ‘’La situation revient à la normale petit à petit’’, tempère-t-il.
Reconnaissant le caractère sacré du salaire, il comprend qu’il y ait des frustrations et autres réactions. Il précise d’ailleurs que ce n’est pas seulement les corps émergeant qui sont concernés. Il y a même des fonctionnaires. À la question de savoir quand est-ce que le problème sera définitivement résolu, M. Diagne opte pour la prudence, il ne veut pas avancer une date. ‘’Ce sont des aléas qui peuvent intervenir à chaque fin de mois. Ils (agents du ministère des Finances) sont en train de diligenter. Mais avec les dérèglements, on ne peut pas donner de date. Des fois, on peut avoir certains dysfonctionnements’’, admet-il.
Abdou Faty lui ne veut rien entendre. Pour lui, ‘’le rôle de l’enseignant, c’est d’enseigner. Le paiement de salaire revient à l’administration. Elle n’a qu’à se débrouiller pour le faire à temps’’. Il pointe même du doigt la Dage (la santé est aussi concernée) qui, selon lui, ne s’est pas ajustée à la réforme. Il demande donc à l’Etat de prendre toutes les dispositions pour corriger la situation.
Indemnités de correction
L’autre problème qui pourrait opposer les syndicats à l’Etat a trait au mouvement des enseignants. Un retard est noté sur ce point. Quelques malentendus sont aussi signalés sur les mutations. Il y a deux semaines de cela, les leaders syndicaux qui ont rencontré le ministre ont attiré son attention sur les risques de conflit, d’après Abdou Faty.
‘’Il ne faut pas que les redéploiements prennent le pas sur les mutations nationales. Nous ne pouvons pas comprendre qu’une administration liste les postes qui manquent, c’est-à-dire les postes à pourvoir ; et une fois que cela est fait, revenir pour dire qu’il y a trop-plein d’enseignants. ‘’À qui la faute ? Si ce n’est une administration qui ne sait pas ce qu’il dit ou qui ne dit pas la vérité sur les chiffres et les postes existants’’, charge-t-il.
Selon les syndicats, l’Etat, au lieu de recruter face au déficit du personnel, cherche des solutions de facilité, en prenant prétexte du redéploiement. L’une des conséquences est que les sortants des Ecoles et centres de formation tardent à être affectés. Ceux de la Fastef n’ont reçu leur ordre de service que la semaine dernière. Les autres attendent encore. ‘’Le problème avec ces gens-là, c’est qu’ils font des calculs d’épicier’’, soupire Ndongo Sarr.
À ces points s’ajoute le paiement des indemnités du Bfem et du Bac. Le 30 novembre 2016 a été retenu comme date d’effectivité. Ndongo Sarr se dit sûr que l’engagement ne sera pas tenu.
Pour en savoir plus, EnQuête a joint par téléphone le Directeur des ressources humaines du ministère sur indication de Marie Siby Faye, porte-parole du ministère, mais il n’a pas voulu s’exprimer. ‘’Rapprochez-vous de la Direction de la communication du ministre’’, nous a-t-il lancé avant même qu’on ait fini d’exposer le sujet.