Le président Donald Trump, élu contre toute attente, "est en train d’être réaliste" à l’épreuve du pouvoir et va s’adapter au système américain, selon le Professeur Mamadou Diouf, historien et enseignant à l’Université Columbia, à New-York.
"Est-ce que le fait d’avoir été capable de comprendre les mouvements sociaux des américains peut-il constituer un programme politique ? Je dis non. C’est évident qu’il va s’adapter. C’est cela le sens d’un système. Et dans le système américain on y entre parce qu’on est formaté", affirme Pr Diouf dans un entretien paru mardi dans le quotidien L’As.
"Et Trump est en train de subir ce formatage d’où ses renoncements à certains programmes. Par exemple il avait promis de démanteler le programme de santé de Obama. Maintenant il dit qu’il fera des améliorations. Il est en train d’être réaliste", poursuit-il dans cet entretien exploité par l’APS.
Selon lui, "il y a des choses que (Trump) ne peut pas faire parce qu’il y a un système qui est là bien huilé" et qu’aux Etats Unis "le système est de sorte que par exemple, si le président veut aller en guerre, le Sénat peut l’arrêter en refusant de voter un budget pour la guerre".
Par rapport à l’élection surprise de Donald Trump, l’historien sénégalais estime que tout le monde a regardé "du mauvais côté" avec les sondages qui donnaient le milliardaire perdant face à Hillary Clinton.
"Mais ce qu’on découvre aujourd’hui c’est que tout le monde à regardé du mauvais côté. C’est-à-dire les petits blancs ont voté pour lui. Ces gens qui ont été complètement retournés par le fait qu’un noir est devenu président et qui ont été le premier des conséquences de la globalisation et qui ont été les grands perdants de la globalisation selon leurs dires", a-t-il soutenu.
"C’est ce que l’on appelle les travailleurs, les ouvriers, les gens qui ne sont pas allés à l’université. On n’a pas bien mesuré deux choses. C’est les frustrations, mais aussi leur mobilisation pour Trump. On n’a pas bien mesuré aussi des gens qui étaient la +majorité silencieuse+ et qui ont voté pour Trump (….)", souligne t-il.
Mamadou Diouf rappelle aussi que Trump "est une bête de communication et de télévision", "capable de comprendre l’attente des populations et c’est sur cela qu’il a construit sa campagne".
"C’est pour cela qu’il y a eu des moments où il a menti aux populations, mais n’ont eu aucun effet lors de la campagne. Il comprend comment on vend où on enrobe quelque chose", soutient-il.
Donald Trump, selon lui, "connaissait la frustration du petit blanc qui pensait que le libre-échange a eu des conséquences sur leurs outils de travail".
"Ils ont perdu leur travail. En plus, un noir est devenu un Président. Le mouvement des femmes, des homosexuels qui croient à des valeurs traditionnelles. Ils croient au recul de la puissance américaine (…)", relève l’enseignant.