Plusieurs participants à la 7e journée du fonio, ont loué, mardi, à Tambacounda (est), les vertus de cette céréale capable, à leurs yeux, de jouer un rôle majeur dans la sécurité alimentaire, dans un contexte marqué par les changements climatiques.
Le fonio est une céréale nutritive, rustique et peu exigeante en termes de pluviométrie et de qualité du sol, ont-ils fait valoir au cours de cette journée initiée par l’inventeur de la machine à décortiquer le fonio, Sanoussi Diakité.
La manifestation était parrainée cette année par le Programme d’appui au développement agricole et à l’entreprenariat rural (PADAER) et le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO/WAAPP).
L’édition 2016, sur le thème "Promouvoir le fonio : une réponse à la sécurité alimentaire et aux changements climatiques en Afrique", a enregistré, dans le jardin de la mairie, la participation de producteurs, de membres de groupements de promotion féminine, du directeur de l’agriculture, Ababacar Diouf et de représentants des services techniques de l’agriculture.
Elle a été présidée par l’adjointe au gouverneur en charge du développement Awa Diop Ndiaye, en présence du président de l’Association pour la promotion du fonio (ASPROF), Chérif El Hadj Abdou Aziz Aïdara.
"Le fonio est une céréale stratégique, d’origine africaine parce que présente dans 16 pays, du Cap-Vert au Tchad, et qui comporte d’énormes atouts eu égard aux facilités liées à sa culture et à ses apports sur le plan de la sécurité alimentaire, voire même dans la résilience des populations", a dit Aminata Sow Kane, responsable genre au PPAAO/WAAPP.
Pour le directeur de l’agriculture Ababacar Diouf, l’invention, en 1993, par Sanoussi Diakité, de la machine à décortiquer le fonio, a levé un obstacle à la promotion de cette céréale, dont la pénibilité du travail est attestée par les deux heures de pillage au mortier qu’il nécessitait.
Dans le même sillage, a-t-il fait valoir, l’Etat a porté les subventions sur les semences de fonio de 75% lors de la campagne agricole 2015 à 90% en 2016.
Autant de facteurs qui ont amené l’adjointe au gouverneur Awa Diop Ndiaye à s’étonner comme suit : ’’que reste-t-il pour promouvoir la culture du fonio ?", compte tenu de l’utilité du fonio, qui bénéficie en plus d’un climat favorable.
Pour elle, la région de Tambacounda, si elle est appuyée, sera une région de large diffusion du fonio. Elle a relevé toutefois que les efforts des pouvoirs publics se heurtent aux aléas climatiques, comme c’est le cas cette année. D’où la nécessité de penser déjà à des appuis en vivres.
"Le fonio peut remplacer l’aliment de base pour les familles", a estimé pour sa part Chérif El Hadji Abdoul Aziz Aïdara, par ailleurs chef religieux à Hamdani, un village de la région de Sédhiou (sud), où il dit avoir initié la production de fonio depuis les années 1970.
Dans cette zone méridionale, par effet d’entraînement, a-t-il indiqué, "beaucoup de producteurs" commencent à s’essayer à la culture de fonio, une céréale d’un cycle de 75 à 90 jours, avec des variétés "beaucoup plus rapides encore", a-t-il expliqué.
Un minimum de 350 millimètres de pluies suffit pour le porter à maturité, indique l’inventeur de la machine à décortiquer le fonio, Sanoussi Diakité, dans un document remis à des journalistes.
Cette céréale atteint des rendements de "600 à 800kg à l’hectare sans engrais", relève-t-il, ajoutant que "le champ de fonio ne nécessite pratiquement pas d’entretien, de sorte que les travaux champêtres se réduisent essentiellement au semis et à la récolte". Il peut pousser dans des sols pauvres et rocailleux, note-t-il.
Environ 280 à 300 ha de fonio ont été emblavés cette année dans les quatre régions de Tambacounda, Kédougou Kolda et Sédhiou, dans lesquelles l’APROF compte "plus de 1000 membres", a indiqué son président.
Actuellement point focal dans la zone pour un projet de production de semences de cette céréale, El Hadj Abdoul Aziz Aïdara dit produire jusqu’à 8 tonnes de fonio en moyenne par an.
Ayant emblavé 45 hectares de fonio cette année, compte non tenu d’autres spéculations comme le maïs, l’arachide, il estime que les récoltes de fonio sont très prometteuses. "Tout a raté sauf le fonio", a-t-il soutenu, préconisant que le fonio soit cultivé en priorité pour la consommation et, subsidiairement, pour la commercialisation, en cas d’excédent.
Le président de l’ASPROF, qui a souligné l’importance de cette journée pour la vulgarisation de cette céréale notamment auprès d’un plus grand nombre de producteurs, n’a pas manqué de déplorer le manque d’appui des pouvoirs publics à l’organisation de cette manifestation depuis ses débuts.
Cela, même si l’Etat apporte toutefois son concours dans la production du fonio, a dit le grand producteur, indiquant recevoir beaucoup d’appui de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA).