Le Sénégal n’est pas impliqué dans une affaire de trafic d’armes entre l’Espagne et le Sud Soudan, le rapport parle plutôt d’un intermédiaire «au Sénégal». La précision est du Représentant permanent du Sénégal aux Nations Unies, Fodé Seck, qui s’exprimait hier, vendredi 11 novembre, lors d’une rencontre avec la presse sénégalaise, en pleine présidence sénégalaise du Conseil de sécurité. Fodé Seck, qui est aussi revenu sur l’ «inquiétante» situation en République démocratique du Congo (Rdc), a encore laissé entendre que la «diplomatie préventive» était le «point faible» du Conseil de sécurité.
C’est ce que l’on appellerait une rencontre à mi-parcours…Dans la matinée de ce vendredi 11 novembre, le Représentant permanent du Sénégal aux Nations Unies, l’ambassadeur Fodé Seck, recevait quelques journalistes sénégalais, pour évoquer la façon dont se déroulait, pour l’instant, la présidence sénégalaise du Conseil de sécurité, qui se poursuit jusqu’à la fin de ce mois de novembre. Lors de cette rencontre avec la presse, Fodé Seck est revenu sur cette supposée implication du Sénégal dans un «trafic d’armes» lié au Sud Soudan.
Précisions de l’ambassadeur, qui cite la mise à jour mensuelle du groupe d’experts des Nations Unies chargé des sanctions imposées au Soudan du sud, un rapport en anglais qui mentionne effectivement un trafic d’armes provenant d’Espagne, en direction du sud Soudan, mais avec un intermédiaire «au Sénégal», qui pourrait être tout le monde et «n’importe qui» : une «personne physique», comme un groupe d’individus. Fodé Seck, qui rappelle la «déclaration solennelle du porte-parole du gouvernement, qui avait la bonne information», explique que «l’enquête se poursuit», avec les autorités espagnoles, qui collaborent, sur ce dossier, avec les services compétents du Sénégal, histoire de savoir qui pourrait bien être ce mystérieux «intermédiaire».
L’actualité de cette présidence sénégalaise concerne (aussi) la visite des membres du Conseil de sécurité en République démocratique du Congo (Rdc), où la situation, ce sont les mots de Fodé Seck lui-même, est «inquiétante»…Et le Sénégal voudrait donc pouvoir discuter aussi bien avec le président Joseph Kabila qu’avec son gouvernement, mais aussi avec l’opposition, la société civile, les médias et même les organisations religieuses…Pour que la «raison prévale», dit Fodé Seck, qui laisse entendre que si la situation devait «exploser» cette fois-ci, les «conséquences (seraient tout simplement) incalculables».
Rdc : la «dangereuse cristallisation»
Concrètement, dit-il, voilà ce que le Sénégal attend de cette mission : «Que tous les acteurs politiques de ce grand pays qu’est la République démocratique du Congo (Rdc) jouent le jeu, parce qu’il y a une cristallisation dangereuse. Le mandat du président de la République arrive à terme, la Constitution dit qu’il reste en fonction jusqu’à l’élection d’un nouveau président». L’opposition, qui avance que le mandat du chef de l’Etat «prend fin», préfèrerait plutôt un «mécanisme de transition», et le Sénégal y va donc pour appeler au «calme» et à la «sagesse».
Mais de façon globale, disons que le Sénégal a décidé de mettre en œuvre cette «diplomatie préventive», «point faible du Conseil de sécurité» selon le Représentant permanent des Nations Unies au Sénégal, qui dit d’ailleurs que cette mission en Rdc entre dans ce cadre, histoire de ne pas attendre que la situation soit hors de contrôle pour agir. Sur le terrain, cela donne des appels à la raison, mais aussi quelques «menaces de sanction».
En termes de «diplomatie préventive» toujours, Fodé Seck annonce le débat de ce 22 novembre sur «Eau-Paix-Sécurité», et rappelle à ce sujet qu’il a été «démontré» qu’il n’y a jamais vraiment de «guerre ouverte» entre pays qui «coopèrent autour de l’eau», mais qu’il ne faudrait tout de même pas oublier que le liquide précieux se raréfie.
Dans cette histoire, le Sénégal veut surtout faire valoir ses années d’expérience avec l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs) comme avec l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (Omvg). «Si nous n’y prenons pas garde, dit l’ambassadeur, certains bassins fluviaux internationaux », en plus de ces lacs que se partagent plusieurs pays à la fois, pourraient être source de conflits». Exemple avec le Nil, dira l’ancien ministre des Affaires étrangères, Seydina Oumar Sy, où plusieurs pays voudraient installer leurs barrages.
Financement des Opérations de maintien de la paix
Toujours est-il que pour imposer ce débat au calendrier de cette présidence sénégalaise du Conseil de sécurité, le Sénégal a dû faire avec les réticences de «deux pays pas très à l’aise» avec le sujet. L’agenda mentionne «deux autres débats importants» : l’un sur l’extrémisme violent, en collaboration avec l’Organisation de la coopération islamique (Oci), où l’on entendra d’ailleurs le Pr Souleymane Bachir Diagne, et l’autre sur la façon dont les Nations-Unies pourraient aider l’Union africaine (Ua) à assurer le financement des Opérations de maintien de la paix. Quand on sait que l’Afrique «n’a pas du tout les moyens de ses ambitions», et que lors du sommet Union africaine à Kigali (2016) le continent s’était s’engagé à financer 25% de ses activités. A cela s’ajoutent le débat sur la cybercriminalité co-organisé avec l’Espagne, et l’autre, sur l’Etat islamique, en collaboration avec la France…
Même si on regrettera tout de même que la semaine culinaire sénégalaise, annoncée il y a plusieurs semaines, ait malheureusement dû être annulée, «faute de moyens» selon les explications de Fodé Seck, qui n’écarte tout de même pas la possibilité de l’organiser «peut-être» plus tard…
La rencontre avec la presse a aussi permis de revenir sur la matinée de ce jeudi 10 novembre au Conseil de sécurité, où il a surtout été question des nombreux défis que la «composante police» des Opérations de maintien de la paix va devoir relever : le «déploiement souvent tardif de la police dans les missions», un p
Sans oublier qu’il n’y a encore que très peu de femmes, 7%, alors que, paradoxalement, les populations civiles leur feraient plus facilement confiance. Idem pour les cas de violences sexuelles ou sexistes, où la présence d’un personnel féminin faciliterait les dépôts de plaintes, en plus de motiver les filles et les femmes des pays hôtes.
Le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de l’Onu, Hervé Ladsous, qui a quant à lui regretté les quelques «disparités» dans le traitement réservé au personnel, ce qui aurait selon lui des conséquences sur le moral des troupes, a appelé à revoir les «indemnités de subsistance» réservées à ceux qui servent dans les zones dangereuses.