C’est dans un hôtel de Dakar, autour d’un déjeuner que le ministre des Affaires étrangères et des sénégalais de l’Extérieur, Mankeur Ndiaye, a décliné les axes majeurs du prochain Forum de Dakar qui se tient du 5 au 6 décembre prochain. Le budget de cette rencontre, les thématiques à débattre, les objectifs visés, tout cela a été visité par Mankeur Ndiaye qui a profité de l’occasion pour évoquer la candidature du professeur Abdoulaye Bathily à la Présidence de l’Union africaine, préciser les options diplomatiques du Sénégal. Ce, dans le contexte où le Sénégal La rencontre n’était pas seulement ouverte à la presse, mais aussi à la société civile et au gouvernement.
Le gouvernement sénégalais multiplie les opérations de charme dans le continent africain pour soutenir la candidature du professeur Abdoulaye Bathily à la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA). Le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Mankeur Ndiaye a révélé que certains de ses collègues du gouvernement sont en mission commando dans les salons présidentiels africains. "Nous avons déjà engagé sa campagne. Le professeur Abdoulaye Bathily a été reçu samedi dernier par le chef de l’Etat. Nous allons déployer des missions ministérielles pour faire la promotion de la candidature du professeur Abdoulaye Bathily", a-t-il indiqué. Faisant dans le détail, Mankeur Ndiaye souligne que le ministre de la Justice (Sidiki Kaba) est au Congo, son collègue de l’Economie maritime (Oumar Guèye) en Tunisie et d’autres ministres en mission dans d’autres des pays pour faire la promotion de la candidature sénégalais à la commission de l’UA.
Car selon Mankeur Ndiaye, "Le professeur Abdoulaye Bathily a une vision, la capacité intellectuelle et morale pour diriger et conduire les réformes nécessaires à la nouvelle impulsion de l’UA. Il a l’expérience de la gestion des crises. Les autres candidats n’ont pas l’expérience qu’il a pour diriger et conduire les réformes". Il faut dire que le président Macky Sall ne lésine pas sur les moyens pour faire passer son candidat. Car à en croire Mankeur Ndiaye, le gouvernement sénégalais va mettre à la disposition du professeur Bathily un avion et le président Macky Sall va profiter de son voyage à Marrakech (Maroc), pour la 22ème conférence des parties sur le climat et au sommet de la Francophonie, à Madagascar, en fin novembre, pour faire la campagne auprès de ses pairs africains.
Rôle du Sénégal au Conseil de sécurité des Nations unies
Le ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye souligne que le Sénégal entend pleinement jouer son rôle à la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU qu’il dirige. Il s’agira surtout pour notre pays de poser le débat sur certains sujets d’actualité. Il y a entre autre les nouvelles formes de menaces du terrorisme. Le ministre Mankeur Ndiaye note par exemple que dans une zone sous menace djihadiste comme celle entre le mali, la Mauritanie et le Sénégal, l’eau pourrait être utilisée comme un instrument par les terroristes.
Toujours dans ce registre des conflits et de l’insécurité, le Sénégal compte également introduire le débat public sur la femme et la sécurité, un débat prévu le 22 de ce mois, au Conseil de sécurité. Car selon Mankeur Ndiaye, les femmes et les jeunes sont les premières victimes du terrorisme. Mieux, le Sénégal va inviter la communauté internationale à apporter une réponse doctrinale aux djihadisme et à sa propagande. Le ministre sénégalais des Affaires étrangères a ainsi révélé que pour la première fois, l’Organisation de la coopération islamique va être au-devant de cette réponse doctrinale et prendra part d’ailleurs à la réunion de la semaine prochaine à New-York. Rappelant que le terrorisme n’a rien à voir avec l’islam, Mankeur Ndiaye a indiqué que l’organisation de la coopération islamique mènera la réflexion au conseil de sécurité en association avec des théologiens et de grands experts de la connaissance de l’islam. Mankeur Ndiaye cite entre autre des experts de l’université Al Ahzar d’Egypte.
Le Sénégal entend également mettre sur la table du Conseil de sécurité de l’ONU, le débat longtemps évité, du financement des opérations de maintien de la paix. Pour expliquer son propos, Mankeur Ndiaye fait une révélation de taille. Quand il a fallu déployer des troupes pour des missions d’intervention et de maintien de la paix au mali, le Sénégal y a participé sans attendre le financement des Nations Unis. Et comme le souligne le ministre des Affaires étrangères, beaucoup d’opérations de maintien de la paix se tiennent en Afrique et les troupes sénégalaises y sont partis prenantes. Mankeur Ndiaye cependant fait savoir que dans le cadre du mali les Nations Unis doivent encore beaucoup d’argent en termes de remboursement au Sénégal. "Nous utilisons de l’argent de notre budget national pour financer des opérations de maintien de la paix, et nous pensons qu’il faut que cela cesse. Les Nations Unis doivent régler la question sur le financement des opérations de maintien de la paix. Nous ne pouvons plus dépenser des milliards pour financer le maintien de la paix et ensuite attendre trois ans ou quatre ans pour être remboursés".
Le cas Cheikh Tidiane Gadio…
Concernant le forum sur la paix et la sécurité en Afrique, Mankeur Ndiaye a d’abord déclaré vouloir mettre les points sur les Is. Rappelant que ce sommet fait suite à celui de l’Elysée tenu en décembre 2013, le ministre explique que la messe annuelle de Dakar en est le prolongement, grâce au président Macky Sall. Mankeur Ndiaye de révéler que lorsque l’idée fut émise d’organiser un forum sur la paix et la sécurité en Afrique, certains pays de notre continent avaient exprimé des réticences. La question fut débattue en conseil des ministres de l’UA sans aboutir. Et alors que certains pays africains soutenaient que l’Afrique a déjà fait beaucoup de choses sur la sécurité, le président Macky Sall a proposé que le Sénégal abrite le premier forum en 2014. Selon Mankeur Ndiaye il fallait associer des think-tanks africains.
"Nous avons proposé Cheikh Tidiane Gadio, le directeur de l’Institut panafricain de stratégies (IPS) pour s’occuper du volet scientifique. Entre temps, le Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS) a été créé. Et puisqu’il s’inscrit dans la dynamique du forum, le gouvernement a pensé que c’est le moment de lui confier le travail qu’on avait laissé à Cheikh Tidiane Gadio. Ce n’est pas une question politique car le forum est une initiative du gouvernement et est organisé par le gouvernement qui peut le donner à qui il veut. Nous avons pensé qu’il y a ce centre et qu’il peut le faire. Donc il n’y a pas de polémique", explique le ministre sénégalais des Affaires étrangères. "Cheikh Tidiane Gadio est un ami et un frère. Nous avons travaillé pendant sept ans jusqu’à son départ. Et lorsqu’il a quitté le gouvernement d’Abdoulaye Wade, ils ont attendu trois ans après pour proposer de me nommer Ambassadeur au Mali, afin de me punir de ma loyauté envers lui. Nous n’avons aucun problème" assure Mankeur Ndiaye.
Provenance des fonds du Forum
Le ministre Mankeur Ndiaye a aussi indiqué comment l’Etat du Sénégal s’arrange pour organiser ce Forum annuel. "Tous les moyens et ressources c’est nous qui les avions recherché à travers le monde. Le Sénégal ne met pas un seul francs CFA de son budget dans ce forum. Pour cette année par exemple nous avons demandé à nos partenaires et à nos amis de participer au budget que nous avons chiffré à trois millions d’euros. La France a apporté 700 000 euros, le japon a donné un million d’euros, l’Arabie saoudite a contribué pour 200 000 euros, le Qatar a aussi mis la main dans la poche pour 400 000 dollars, la Chine a donné 100 000 dollars, la Suisse s’est engagée pour 50 000 francs suisses. L’Union Européenne a mis 600 000 euros. Tous ces fonds ont été obtenus grâce à notre démarche diplomatique. Donc le forum est entièrement financé par nos partenaires" explique Mankeur Ndiaye. Il a aussi ajouté qu’il existe des rapports publics sur les ressources et sur l’argent reçu et comment il a été dépensé. "Je ne reçois pas d’argent. Il y a un compte bancaire autorisé par le ministère des finances qui a une part de responsabilité sur ce compte" explique le ministre sénégalais des Affaires étrangères.